Après trente ans sans festival de cinéma queer, Rennes vit la première édition de REGARD(S)

A l’initiative de l’association Iskis, la première édition du festival REGARD(S) présentera à Rennes plus d’une dizaine de long-métrages et de court-métrages queer dès mercredi. Trente ans après que le dernier festival de cinéma LGBT de la ville se soit éteint, l’orga de ce nouvel évènement reprend le flambeau et organise pendant cinq jours projections, conférences, soirées et expositions. On leur a posé toutes nos questions sur cette première édition. 

Est-ce que vous pourriez déjà revenir sur l’historique des festivals de films LGBT à Rennes ? Qu’est-ce qui existait avant REGARD(S) et pourquoi avez-vous ressenti le besoin de créer cette première édition ? 

Il y a 30 ans, il existait un festival vidéo/cinéma LGBT, et depuis, quelques tentatives ont été réalisées comme chéries-chéris hors des murs au cinéma TNB il y a 3 ou 4 ans, mais la communauté ne s’était pas tellement mobilisée. Nous avions besoin de relancer un festival organisé par la communauté LGBTQIA+ de Rennes avec ses propres sélection de films comme il existe dans plus de 20 villes en France. La communauté queer est assez large à Rennes et la ville de Rennes est bienveillante, nous soutenant sur nos actions de lutte contre la discrimination et la visibilisation.

La programmation est éclectique, avec un mélange de classiques queer, de long-métrages de 2023 et de cette année, de séances proposées par la FRAC Bretagne, un marché queer… Quelle a été votre ligne directrice, pour REGARD(S), comment l’avez-vous conçue ? 

Nous ne voulions pas limiter le festival aux productions cinématographiques., La culture queer nous couvre  un large culturel, c’est pour cela que nous avons intégré drag show, ballroom, DJ/Drag…  Il nous paraissait aussi important de mettre en lumière des artistes queers souvent moins exposés. Quant au choix des films, nous avons recherché la diversité des représentations, et surtout des représentations positives de nos vies et de nos récits : un regard à là fois singulier et pluriel. 

Vous avez organisé des projections mais aussi des conférences, notamment une sur le Cis Gaze. Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette notion et pourquoi ça vous semblait peut être important d’en parler dans le climat politique et médiatique actuel ? 

Le cis gaze est une notion qui caractérise la manière dont les personnes trans’ sont représentées, au cinéma, afin d’intriguer le public cis et le regard cisnormé tout en ne remettant pas en question l’hégémonie de ce regard et en se conformant à des stéréotypes établis à propos de l’existence tolérée des personnes trans’ dans la société. Le regard sur la transidentité est un véritable sujet actuel, et les droits des personnes trans sont mis à mal, la discrimination est encore très forte. Aussi réfléchir sur la représentation qu’ont les cis-genre des transgenres nous paraissait important pour apporter une autre lecture educative et  formatrice.

Vous confiez une carte blanche à Ciné-corps avec notamment des invité·es faisant partie de la Ballroom Scene de Rennes. Pourriez-vous nous en parler un peu plus ? 

Les ballrooms sont nées dans les années 70 et donnaient place aux personnes racisées, trans, gay, lesbienne sous une forme de voguing, à l’instar des dragshows souvent animés pas des personnes blanches. La discrimination a fait naitre le besoin de la communauté queer racisée de s’exprimer à travers une culture de la flamboyance et de l’affirmation de soi. Aujourd’hui la Ballroom Scene de Rennes commence à se faire reconnaître et attirer un public queer important. 

Le festival s’achève avec la diffusion de Pride, un film qu’on adore chez Friction. Pourquoi avoir choisi celui-ci pour achever cette première édition ? 

Nous cherchions un film culte qui nous donne de l’entrain pour la fin du festival, sachant que le prochain évènement d’ISKIS sera la marche des fiertés (Pride) en Juin 2025. Le film nous est important car il présente, d’une façon drôle et émouvante, le chemin vers la convergence des luttes, qui nous semble tout à fait d’actualité.

Les Reines du Drame, Baby,