Cinq trucs qu’on a appris grâce au livre Unsuitable : a history of lesbian fashion

Bien qu’uniquement disponible en anglais, Friction aime trop les fashion gouines pour passer à côté de la sortie de Unsuitable : a History of Lesbian Fashion. On a donc sorti notre vieil Harrap’s du placard afin de vous raconter les détails les plus intéressants du livre de Eleanor Medhurst.

1 – Les lesbiennes kiffaient les monocles

Sans grande surprise, Eleanor Medhurst évoque dans son livre des tas de petits accessoires masculins appréciés par les lesbiennes. Ce que l’on ignorait, c’était que le monocle en faisait partie ! En plus des violettes, symbole lesbien par excellence, les g0uines de classe aisée des années 20 portaient parfois ce petit symbole bourgeois. Même si les femmes hétéros finiront par suivre cette mode aussi, le monocle reste rattaché à l’identité vestimentaire des lesbiennes, notamment à travers la boite de nuit lesbienne « Le Monocle », dirigé par Lulu de Montparnasse.

2 – Le Vogue britannique a eu une rédac chef lesbienne

Dorothy Todd prend la tête du célèbre magazine mode dans les années 20. A ses côtés, sa compagne, Madge Garland, « fashion editor » de Vogue. Ensemble, elles influencent la revue de leur vision moderniste, notamment grâce à la présence de nombreux.ses collaborateur.ices queer comme Virginia Woolf ou Eugene McCown. Suite à un contexte économique difficile lié à la première guerre, les ventes du magazine s’effondrent. Une situation que la direction impute malgré tout à Dorothy : elle est licenciée en 1926. Lorsqu’elle tente d’attaquer en justice les responsables, elle se heurte à leurs menaces, ces derniers disant qu’ils n’hésiteraient pas à révéler ses « péchés intimes ». Un commentaire qui pourrait aussi bien faire référence à sa fille qu’elle a toujours présenté comme sa nièce comme à son orientation sexuelle. Malgré plusieurs tentatives de Dorothy pour réintégrer le milieu de la mode, elle ne retrouvera jamais de position éditoriale aussi importante que rédactrice en chef.

3- Les conseils mode des g0uines transfem allemandes

Si les liens entre transmasculinité et lesbianisme est un peu documenté, la présence des lesbiennes transfem dans l’histoire queer est bien moins souvent mis en lumière. Eleanor Medhurst nous fait ainsi découvrir les vies de « travesties » pendant la République allemande de Weimar. Au sein du magazine Frauenliebe, une d’entre elles nommée Maria Jung conseillait leurs lectrices à travers des articles sur le passing, notamment avec un texte intitulé « How should a transvestite dress ». Ces relations entre lesbiennes cis et trans peuvent aussi être relevées à travers d’autres archives, notamment plusieurs soirées dans des clubs lesbiens comme le Damenklub ou l’Eldorado à Berlin.

4 – L’existence de Mademoiselle Raucourt

Comédienne parisienne née en 1773, Françoise Raucourt ne cache aucunement son homosexualité. Elle se distingue d’ailleurs à travers plusieurs rôles qu’elle interprète habillée en homme, allant même jusqu’à se faire représenter ainsi à travers plusieurs tableaux. Son refus de fréquenter ses admirateurs masculins lui créé une réputation de femme « pure » qui disparaît rapidement au profit d’une identité publique facilement résumé par son surnom : « la jeune prêtresse de Lesbos ». Malgré la haine que lui vouait l’élite intellectuelle, elle est restée très appréciée du public français. A sa mort en 1815, malgré le refus du clergé de l’enterrer dignement, la foule force la porte de l’église où a lieu la cérémonie et entraîne une émeute. Elle sera finalement enterrée au Père Lachaise.

5 – Les soirées folles des lesbiennes de la Harlem Renaissance

En plein cœur des années 20, A’lelia Walker, héritière de Madam C. J. Walker, riche entrepreneuse afro-américaine, organise les soirées les plus décadentes de la Harlem Renaissance. On ignore son orientation sexuelle mais l’on sait toutefois que ses fêtes étaient tout à fait dénudées et queers. Quant aux lesbiennes de la classe populaire, elles se rejoignaient dans ce que l’on appelait des « Rent parties », où chacune payait un frais d’entrée qui finançait ainsi le loyer de l’hôtesse. Mabel Hampton, performeuse à Cony Island, a raconté la façon dont de telles soirées lui permettait de venir avec une valise remplie de vêtements masculins. Là-bas, elle pouvait enfin assumer son identité « stud », vêtue d’un costume et d’un pantalon réservé à ce type d’évènements privés.

Pour plus d’infos sur Unsuitable : a History of Lesbian Fashion, c’est par ici.