Il a rarement été aussi facile de se trouver une soirée LGBTI le samedi soir (du moins à Paris). C’est simple, chaque week-end, j’hésite des heures sans savoir quel évènement je vais choisir pour être ivre morte m’amuser avec mes ami·e·s. Toutefois, faut bien avouer qu’on commence à se sentir un peu serré·es dans certains endroits. Et puis les petites réflexions fusent : cette meuf qui mate les mecs se pécho, celle-ci qui m’harcèle pour avoir du poppers, ce type qui dit « enculé » ou qui insiste pour faire une roulade entre tes jambes… Toutes ces anecdotes sont vraies et m’ont mis face à un constat : les hétéros envahissent nos espaces comme les punaises de lit envahissent les cinémas. Alors pour remédier à ce souci, voici nos huit astuces destinées aux organisateur·ice·s de soirées pour se retrouver avec moins d’hétéros sur nos dancefloors.
1 – Revendiquer votre identité
Assumer individuellement, c’est bien, le gueuler collectivement, c’est mieux. Sur vos évènements, balancez direct qu’ici, pas de place pour les polos blancs. Et attention, pas de « soirée queer » : ça ne marche plus. Depuis quelques années, les cis-hétéros pensent que le « queer », c’est juste avoir une frange mal coupée et se foutre un doigt dans le cul occasionnellement. Non, c’est l’heure de ressortir l’acronyme LGBTI, bien rappeler que les trans-gouines-tapettes seront là et qu’elles prendront de la place.
2 – Avoir une drag queen en physio
Ah c’est rigolo quand elles sont à la télé mais une fois qu’elles sont devant vous à 2h du mat sur des talons de dix, ça fait moins les malins. C’est simple, depuis que la Powerpouf s’est dotée de la divine Sciatique en gardienne de nos nuits au Klub, on est plus tranquilles. Voyez nos reines comme des épouvantails extrêmement glamours : rien qu’à leur vision, une partie des mecs hétéros les moins préparés mentalement s’envoleront comme de vulgaires corbeaux. Je rêve également de voir un king déguisé en cow-boy qui leur tirerait dessus avec un pistolet (à eau).
3 – Avoir des toilettes non genrées
La fin de la police du genre aux chiottes : une décision à la fois nécessaire politiquement et extrêmement amusante. Est-ce qu’il y a une activité plus divertissante que de voir des cis-hétéros perdu·e·s qui cherchent le moindre trace de binarité de genre sur les portes ? Et si ce chewing-gum collé sur la paroi sous-entendait la masculinité ? Et si ce tag nous invitait à pisser debout ? Ça perturbe un peu la queue des chiottes mais ça a le mérite de nous laisser plus de temps sur le dancefloor sans mec hétéro qui reste statique peu importe le rythme. En espérant qu’à force d’être confus, ils finissent par se barrer pour pisser dans la rue (leur activité préférée en toutes circonstances, d’après mes analyses).
4 – Vous politiser
Les hétéros pensent que la fête n’est pas un espace politique, juste un endroit où écouter les Lacs de Conne & Marat (je sais que je l’ai mal écrit mais j’en ai rien à foutre). Nous on sait que si on pouvait danser sur le visages de nos oppresseurs, on le ferait. Donc on hésite pas à assumer ses convictions et à y aller franco. La preuve, en soirée chez les Inverti·es, on est tranquille. Et puis ça nous débarrassera des gays de droite, effet secondaire très appréciable.
5 – Mettre de la musique qu’ils ne peuvent pas comprendre
Rendons nous à l’évidence, la house ne suffit plus. Certes, un coup d’Alizée peut faire filer les mecs mais au contraire rameuter les meufs hétéros. En revanche, la (bonne) techno a l’avantage de ramener des cis-hétéros plutôt sympathiques la grande majorité du temps, c’est souvent une valeur sûre. En plus, ça leur permet de danser mal sans que ce soit trop visible (un problème que le rédacteur de cet article n’a jamais connu). Et en cas d’extrême urgence, misez sur l’hyperpop. Seul·e·s les LGBTI et les dauphins sont capables de l’entendre.
6 – Avoir une backroom
Plus ça s’encule, plus ça fuit. Les mecs seront coincés dans un coin en pleurant, les meufs réaliseront que la vie gay c’est loin d’être Heartstopper tous les jours… Ils ne sont clairement pas habitués au fait que les pédés baisent et parfois bien salement. On est tous·te·s gagnant·e·s : nous on jouit, eux ils pleurent.
Attention, ça ne marche pas à tous les coups étant donné que j’ai vu une meuf se faire bouffer la chatte par son gars à une Mustang. Honnêtement, elle avait l’air de beaucoup trop kiffer, je n’avais pas le cœur de les interrompre. Me-suis je fourvoyé politiquement ce jour-là juste par joie empathique ? Je vous laisse juge.
7 – Faire vos soirées dans des endroits communautaires
C’est simple, les cis-hétéros, c’est comme les moustiques : suffit d’une lumière pour qu’ils entrent. Plus vous vous éloignez des endroits qu’ils connaissent, plus vous êtes tranquilles. Alors certes, va falloir prendre le RER mais vous cacher plutôt que les dissuader préservera votre temps précieux. Et puis soutenir les endroits communautaires, ceux qui peinent souvent à rester debout financièrement, c’est important.
8 – Checkez les looks
Ce conseil existe pour une seule raison : si vous voyez une perruque rose dégueulasse de chez Gifi, c’est peut-être une journaliste du Point qui enquête « sur les wokes ». Ouvrez l’œil.
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