En mars 2024, un rapport « Les Jeux Olympiques et Paralympiques : un confinement social pour les travailleuses du sexe », écrit par différentes associations et collectifs de travailleuses du sexe ou de leurs soutiens, ainsi que le collectif luttant contre les JOP Saccage 2024, alertait sur la répression subie par les travailleuses du sexe à l’approche des JOP de Paris 2024. Les clichés et amalgames sur le travail sexuel et les grands évènements sportifs prennent de l’ampleur à l’approche de l’événement, le mythe de la hausse de la prostitution est martelé dans les médias pour servir un agenda de répression des travailleuses du sexe, en allant à l’encontre de leurs droits les plus fondamentaux. Le rapport établissait un état des lieux précis de la situation actuelle de la répression que subissent les travailleuses du sexe à Paris, à cause de la venue des JOP. À la veille des Jeux Olympiques et Paralympiques, nous avons voulu faire le point sur la situation des travailleur·euses du sexe avec Berthe De Laon, coordinatrice de la Fédération Parapluie Rouge. La Fédération Parapluie Rouge est composée de la plupart des associations/collectifs de santé communautaire et/ou défendant les droits des travailleur·euses du sexe (TDS) en France.
Une femme trans TDS a été tuée récemment à Paris : comment percevez-vous le climat actuel ?
Le climat actuel nous semble très incertain. Nous rencontrons beaucoup de travailleur.ses du sexe en situation de détresse, car nous savons toustes que les agressions envers les personnes trans et les TDS augmentent depuis des années.
Les événements sportifs coïncident souvent avec une hausse des violences sexistes et à l’encontre des TDS : comment les travailleur·ses du sexe en région parisienne envisagent la période des JO ?
Beaucoup considèrent l’impossibilité de travailler pendant la période des JO, certaines ont essayé de travailler plus en amont de l’événement pour pallier à l’absence de travail pendant cette durée-là. D’autres envisagent de bouger dans d’autres villes de France pour travailler. Celles n’ayant pas la possibilité de faire autrement sont obligées de subir la répression, le manque de clientèle, les conditions dégradées d’exercice.
Des mesures ont été prises dans le sens d’un « nettoyage social » de la capitale à l’approche des jeux. Comment cela se traduit-il ?
Cela se traduit notamment par des contrôles abusifs notamment au Bois de Boulogne et au Bois de Vincennes, des détentions en CRA (Centre de rétention administrative) et des OQTF (Obligation de quitter le territoire).
Existe-t-il des dispositifs d’aide et d’accompagnement pour les TDS particulièrement vulnérables sur cette période ?
La majorité des associations locales d’accompagnement des TDS sont mobilisées et ont prévu une intensification de leur présence et de leur disponibilités d’accompagnement. Je pense notamment à Acceptess-T, le PASTT, Act-Up Paris et d’autres. Saccage2024 a également prévu des permanences pour toutes les personnes visées par ce « nettoyage social ».
Les réponses aux violences sont malheureusement souvent communautaires : comment les TDS s’organisent-elles en vue de ces événements sportifs ?
Beaucoup de TDS essaient de s’entraider, d’échanger les informations qui les concernent, partagent leur témoignage afin de prévenir les autres. Beaucoup se reposent aussi sur les associations pour les accompagner, trouver des solutions.
Comment peut-on construire des solidarités pour protéger les personnes TDS ? Quels sont les moyens d’action pour contribuer à construire un climat plus sain ?
Il est important de leur donner des espaces de parole, et de relayer celle-ci autant que possible afin de sensibiliser le maximum de personnes à ce qu’est la réalité de nos vécus. Il est aussi important de rappeler que protéger les personnes ne se fait pas à leur dépend, qu’il est essentiel de construire des réponses à leurs problématiques en les impliquant dans les actions et les lois qui les concernent directement.
