La Fraîcheur : Friends with Benefits

On vous a déjà parlé de Perrine aka La Fraîcheur sur les pages virtuelles de Friction-Magazine (article repris de feu SousLaJupe.net). Exilée à Berlin pour son plus grand plaisir, organisatrice des soirées Queer et DJ depuis plus de 10 ans, elle sort finalement son premier EP sur le jeune label « Friends with Benefits » (label de Hard Ton). Rencontre virtuelle d’une mixeuse en basket qui a toujours la patate derrière les platines.

Après 10 ans en tant que DJ tu te lances dans la production de son, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de te lancer ? Comment ça s’est passé ?

 

J’ai pas vraiment attendu longtemps puisque le désir de produire n’est pas du tout quelque chose qui m’a collé à la peau des mes débuts en tant que DJ. Pour moi ce sont deux activités, deux métiers complètement différents qui demandent d’ailleurs des talents différents. C’est assez fatiguant de voir des mecs bookés pour mixer parce qu’ils sont d’excellents producteurs, mais des djs sans âme, sans perception de la foule, sans histoire à raconter, sans capacité à emporter et surprendre… sans ces trucs qui font un BON DJ.

J’ai vraiment commencé à avoir envie de faire de la musique il y a 2 ans. Et aussi cliché que cela puisse paraitre, c’est totalement lié à mon installation à Berlin. J’étais pas loin de me dire que j’allais arrêter de mixer, qu’après 10 ans j’avais fait le tour. Et puis, j’ai déménagé à Berlin et la passion est revenue, plus forte qu’avant, différente surtout. Une toute nouvelle perception, relation avec la musique de mes débuts, la House, que j’avais un peu abandonnée avec les années. J’ai découvert la danse aussi.

 

La dance musique ?

 

Non la danse !! C’est con à dire, mais j’ai jamais été quelqu’un qui dansait, les clubs parisiens en mode cube noir, aux horaires restreints et population masculine irrespectueuse de ton espace personnel, ne m’ont jamais donné envie de danser. A Berlin j’ai commencé à me perdre des dizaines d’heures dans la danse, sobre, seule dans la multitude, et ça a fait naître en moi un rapport plus intime à la musique que je jouais… et que j’ai finalement voulu composer moi-même. Après ça, il a fallu 2 ans, pour trouver le temps, réorganiser sa vie autour de ce nouvel objectif, et surpasser la flippe monstre de la débutante. Se lancer !

 

« Les clubs aux population masculines irrespectueuses », ça me fait penser que tu fais partie du réseau « Female:Pressure », tu veux nous en parler ?

 

Le réseau Female:Pressure a pour but d’informer et d’apporter visibilité et soutien aux actrices de la scène électronique (dj, vj, productrice, label manager, organisatrice d’événements etc..). Il a été fondé par Electric Indigo. On est plusieurs milliers à travers le monde à être « membre » et chacune y trouve, y apporte ce qu’elle veut. Le réseau met à disposition une base de données regroupant l’ensemble des membres pour pouvoir facilement trouver une artiste suivant le type de musique, la ville. Grâce à cet outil, aucun programmateur ne pourra plus jamais dire “il n’y a pas de femmes dans nos line-ups parce qu’il n’y a pas de femmes dans l’industrie”. Il y a aussi une mailing-list à laquelle on peut s’inscrire, qui permet à n’importe quelle artiste de partager une info (un nouvel EP, une mixtape, une information sur l’existence d’une subvention ou possibilité de résidence artistique, une émission de radio, une nouvelle agence de booking, etc..).

Female:Pressure pour moi c’est simplement de la solidarité. On se sert les coudes. On partage les infos. On fait naître des collaborations, des projets, des campagnes de sensibilisation, comme le tumblr Visbility qui a pour but de montrer les femmes derrière leurs machines et mettre à mal les clichés sexistes qui ont la vie dure : les femmes ne serait jamais dans les studios, ne savent pas se servir de la technologie…

Chacune fait ce qu’elle veut de sa participation, personnellement j’y ai rencontre Sky Deep, une productrice américaine qui venait de s’installer à Berlin, le courant est bien passé, on s’est dit que ça serait cool de composer ensemble et on vient de finir notre EP “The Broken Bodies”. J’y ai aussi rencontré Kaltes, qui organise le festival Female:Pressure à Berlin et avec qui je vais jouer au Trésor en mars. Ena Lind est également une belle rencontre, un de ces track est d’ailleurs présent dans la mixtape, Zoe Rasch qui a monté l’agence de booking Mint et que je viens d’intégrer. J’y vois aussi plein de projets de collaborations naître auxquels je ne prends pas part. J’ai reçu plein de soutiens pour mon EP, allant du feedback cool à la programmation dans une émission de radio.

Female:Pressure c’est un serrage de coude international et franchement, certains jours ça fait du bien de pas se sentir seule !

 

 

à lire si ce sujet vous intéresse, un article de Rag sur le Huffpost à propos de la place des femmes dans la musique éléctronique.
à suivre également : WMN Women Multimedia Network

 

 

 

Ton EP sort chez « Friends with Benefits« , label américain qui a également signé Hard Ton, comment les as-tu rencontré ?

 

J’ai rencontre David Sylvester et Mat dos Santos, les patrons du label, pendant ma dernière tournée US, il y a un peu plus d’un an. Je jouais à la soirée d’un de mes meilleurs amis, Kevin Kauer aka Nark et après mon set, ils sont venus se présenter et me féliciter. Quand j’ai fini mon EP et que j’ai démarché des labels, il était évident pour moi que Friends With Benefits faisait partie des labels ou je voulais sortir des trucs.

 

C’est une structure de passionnés, à qui il importe de remettre queers et personnes de couleurs au cœur de la musique et de la scène qu’ils ont créés et dont la place a été occultée depuis par une reprise en main généralisée par l’homme blanc hétérosexuel. Il suffit de voir les line-ups des clubs et festivals. Chez la nouvelle génération, qui sait encore que les blacks et les pds ont fait naître house et techno?

Bref, pour moi, il est important que symboliquement mon premier EP sorte sur un label qui porte mes valeurs et ou je sais que mon identité serait respectée. Qu’à aucun moment on utilisera le fait que je sois une femme par exemple, pour me vendre comme un produit d’une manière qui ne respecterait pas mon intégrité. Friends With Benefits, c’est la famille. Friends With Benefits c’est ma vie à Seattle-Portland !

 

 

Tu te souhaites quoi pour 2016 ?

 

HAAAAAN mais 2016 va tellement défoncer t’as pas idée!!! J’ai plein de projets qui sont prêts à sortir, plein de bonnes nouvelles que je rêve d’annoncer sur tous les toits, le travail acharné de ces dernières années paient et ça fait vraiment plaisir mais alors mais de ouf. Il y a le EP avec Leonard de Leonard qui inclut des remixs de gens que je respecte vachement, Club Bizarre, Larry Tee, Guido Minisky d’Acid Arab, Kaptain Cadillac. Il y a le EP avec Greg Kozo et celui avec Sky Deep. Mon deuxième EP solo quasi fini aussi. C’est bien simple, je veux sortir entre 6 et 10 EPs dans l’année et c’est bien parti pour !!
J’ai une résidence dans des clubs que j’aime, une au Wilde Renate et une au Mensch Meier, un tout nouveau club ouvert à Berlin par des gens du crew du Fusion Festival, un club sans facebook, sans event, juste bouche à oreille, un hangar dans une zone industrielle, avec des vrais danseurs qui aiment la musique avec chaque cellule de leur corps, jouer pour eux c’est un kiff de ouf. Il y a évidemment mon premier gig au Trésor (autre club berlinois) qui me rend hystérique d’impatience. Et puis il y a les trucs dont j’ai pas encore le droit de parler mais PÉTARD ça va tout défoncer.

 

Que cherches-tu SouLaJupe ?

Je cherche rien moi sous la jupe.. à moins d’y être invitée.

 

 

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