Tympam Cul-cul est un projet porté par le collectif La Grande Horizontale et a pour ambition de produire des contenus d’audioporn. Nous avons discuté avec Pampan de ce projet.
Est-ce que tu peux nous parler du porno audio ? Qu’est-ce que ça change, ou ça apporte d’entendre du cul ?
Peut-être que je peux dire déjà ce qu’il n’est pas : c’est à dire un film porno sans les images, il ne s’agit pas d’une bande-son. En tous cas, dans ce que j’essaie de faire, parce qu’il existe plusieurs types de pornos sonores (lectures, JOI, fictions, etc). Et pour cause, c’est un espace de narration et de créativité assez infini.
J’essaie de prendre le son comme un langage, une façon d’écrire, en soi, et Tympan Cul-cul, c’est mon petit labo pour expérimenter comment on créé une grammaire sonore pornographique. Comment on représente des corps, comment on traduit une relation entre personnages, comment on traite un texte, etc. ça se réinvente, et du coup ça questionne la représentation. L’image, c’est une chose qui s’impose vachement, ça peut écraser une part de l’espace d’imagination, c’est difficile de sortir d’une image qui nous est imposée. Le son permet ça. Je pense qu’il y a autant d’images mentales différentes qui se forment que d’auditeurices de mes sons. Et puis aussi, ça permet d’éviter certains écueils normatifs sur les représentations corporelles, ou des scripts de pratiques.
Comment est-ce que ça se fait concrètement ? Matériellement ? Comment ça se fabrique ?
Ça c’est la liberté baby! Bon, en même temps c’est la contrainte, parce qu’il faut trouver des biais, être créatif, inventer… et des fois, on trouve pas, et on fait un truc un peu facile.
Au début, j’étais pas tellement équipée et j’avais pas tellement de compétences techniques. Et puis j’ai appris, ya des super personnes qui m’ont aidée au début quand je faisais des trucs un peu nuls, je me suis perfectionnée techniquement et j’ai pu accéder à du bon matériel, du coup je suis moins freinée par ça aujourd’hui.
Ensuite c’est place à la créativité et au expérimentations: sons réels, techniques de bruitage, voix studio, explorer pleins d’effets, etc.
Quel est le public qui est visé par Tympan Cul-cul ?
Tout public majeur.
Il y a un questionnement récurrent aussi sur la question de l’accessibilité aux personnes sourdes. J’ai essayé de créer des supports visuels qui tentent de visibiliser au plus proche non seulement les sons en eux-mêmes, mais aussi le montage, les superpositions, les ambiances. Je les mets à disposition quand je propose des écoutes publiques. J’ai pu avoir quelques retours de personnes concernées pour les améliorer, mais je suis toujours friande d’avis pour améliorer ça.
Et du coup, comment ça se diffuse également ? Est-ce que c’est une niche qui trouve facilement ses puppies ?
Je sais pas trop je t’avoue. Je constate qu’il y a 2/3 ans, pas mal de personnes étaient surprises d’apprendre que du porno sonore existait. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ça se sait.
Moi je diffuse classiquement, sur un soundcloud. Et puis en écoutes publiques quand on m’invite, c’est ce que je préfère. Au départ, Tympan cul-cul, c’était une installation : j’avais fabriqué des bornes sonores dans des objets, un petit décor, et on pouvait écouter comme ça. Mais j’ai récemment abandonné cette forme, qui ne permet pas une qualité sonore suffisante et qui est logistiquement lourde.
C’est quoi la suite et les prochains projets ?
Fiout, j’en ai toujours deux cent. Mais concernant l’audioporn, j’aimerais tourner de nouveaux sons de sexe, dans lesquels je n’apparaîtrais pas. Parce que je crois que je me lasse un peu de m’entendre baiser… Des volontaires?
Plus sérieusement, sortir un nouveau porno sonore n’est pas le plus prioritaire dans les mois à venir. J’ai envie de faire vivre ceux qui existent. J’adore les écoutes publiques, c’est intense et riche de partager ça dans un espace tranquille avec d’autres personnes, sentir les réactions glisser à la surface du public dans le noir… J’aime bien voir les personnes sourire, tout ça.
Là, pour les prochains temps, on va plutôt participer à des pornlab, des kino, et des workshops avec d’autres personnes, d’autres collectifs. J’ai bien envie d’impulser des collaborations.