Shit and Giggles : le bonus du Whole Festival

L’été dernier, Leslie avait découvert le Whole Festival et vous avait raconté ses trois jours passés au sein du plus gros festival queer du monde. Cette année encore, elle a décidé vous confier ses impressions et tous les détails de ses nuits interminables. Après avoir fait le récit de ces 3 jours incroyables, il lui a semblé nécessaire de se pencher sur un sujet majeur en festival queer…

(parce que la fête, c’est aussi ce qui se passe sous le nombril)

Le Whole Festival, c’est des looks affûtés, des corps en transe, des hugs transpirants, du polyamour et du techno jusqu’à l’aube. Mais ce dont on parle moins, ce sont les vraies galères, les moments où ton corps te rappelle qu’il est humain, fragile, et parfois… un peu bouché.
Oui, on va parler de caca.
C’est le sujet que personne ne réclame mais que tout le monde vit, en silence, à genoux devant une toilette chimique ou en chien de fusil dans une tente à digestion lente.

Elles sont là, les fameuses cabines bleues, alignées comme des soldats tristes, prêtes à accueillir nos urgences. Tu ouvres la porte ? Suspense. C’est peut-être le grand bain, peut-être le carnage. Il y a ceux qui s’y enferment dix minutes avec leur sac banane, ceux qui en ressortent l’air sonné, ceux qui y tombent amoureux, ceux qui y laissent un peu de leur âme (ou de leur eyeliner). À 4h du mat, t’es là, pailleté·e et digne, mais prêt·e à vendre ton pass trois jours pour une chasse d’eau fonctionnelle et un lavabo avec savon.

Là, il faut qu’on en parle sérieusement. La charge mentale du lavement. Une réalité logistique, émotionnelle et quasi spirituelle pour les pédés passifs, particulièrement dans un festival où le sexe est aussi fluide que la sueur sur les cuisses. Pendant que certains avalent leurs taz, d’autres checkent l’horaire de leur dernier repas, remplissent une bouteille d’eau pour se la mettre dans le cul à genoux dans une cabine de douche ou à la station de lavement, puis croisent les doigts pour ne pas avoir à recommencer dans deux heures.

Moi ? Bah… je suis une meuf cis. J’ai pratiqué l’anal quelques fois, oui, mais je me suis jamais préparée ainsi avant. Ça m’a littéralement jamais traversé l’esprit. Mais là, au Whole, je prends conscience de ce que ça coûte d’être prêt. Et franchement ? Chapeau. Médaille. Applaudissements. Congés payés.

Et puis il y a l’effet combo : drogues + alimentation aléatoire + chaleur + sommeil inexistant. C’est le cocktail parfait pour bousiller ton transit. Tu passes ton samedi à grignoter une barre de céréales moite, trois gorgées de Red Bull tiède et une bouchée de falafel sec, tout ça entre deux traces et un taz. Résultat : ton estomac te regarde de travers, ton intestin fait des bruits de modem 56K, et tu te mets à regretter l’époque bénie des fibres. Et comme si ça ne suffisait pas, les produits stimulants (coucou MD, cocaïne, amphés) foutent en l’air tout le système digestif : tu ne sais plus si tu dois vomir, chier ou juste danser jusqu’à l’évanouissement.

Mais parfois, malgré tout l’arsenal de préparation… rien. Le caca ne vient pas. Trop de stress, pas assez d’intimité, l’effet bouchon de l’ecsta, l’angoisse de faire du bruit à deux mètres d’un mec mignon. Résultat : ballonnements, gaz traîtres, bidon qui fait des bruits de tambour japonais pendant les sets. Tu ressembles à une déesse grecque dans ton harnais en vinyle, mais t’as quatre jours de transit bloqué derrière le regard de braise.

Le Whole est queer, radical, libérateur. On y célèbre les corps, les genres, les désirs. Alors pourquoi pas aussi… les systèmes digestifs ?  Parce que derrière chaque booty qui twerke, il y a un côlon qui essaie juste de suivre le rythme.

D’ailleurs, c’est un sujet si sérieux que le festival propose même le workshop Shits & Giggles, animé par Talya Yavuz, qui mêle science, mouvement, et humour autour de la digestion. On y apprend à lire son caca, à chouchouter ses intestins, et à parler lavements sans honte ni tabou. C’est fun, safe, et tu ressors avec plus de paix intérieure.

Bisous constipés,
À l’année prochaine pour de nouvelles aventures digestives.