« Sorcières » : Albe rend hommage aux femmes fortes, puissantes et queer dans son prochain EP

Albe est une artiste qui transmet ses valeurs à travers ses morceaux et notamment son féminisme et son attrait pour la pop culture. Dans le premier extrait de son EP, « Tabula Rasa », elle faisait un clin d’oeil à un épisode de Buffy contre les vampires.  Au fil des morceaux, elle parle des femmes fortes, puissantes, des sorcières : le premier clip de cet EP, « Sorcières » réalisé par Réalisé par : Lucie Fièvre, est sorti en avril dernier et raconte la rencontre de deux femmes lors d’un des concerts de Albe. En attendant la release de l’EP le 7 juin, nous avons rencontrée l’artiste.

Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Albe : Je m’appelle Albe, je suis guitariste et productrice. Je fais de la musique électronique.

Je joue avec les couleurs, les rythmes et les ambiances, pour faire voyager l’auditeur dans des univers imaginaires qui invitent à s’évader et danser. 

Lucie : Bonjour, je suis Lucie Fièvre, réalisatrice du clip « Sorcières » et associée de la boîte Azimut
productions avec laquelle on a développé le clip d’Albe. J’allie à la réalisation l’activité de cadreuse steadicam ; ainsi j’aime autant l’aspect de la mise en scène que celui de l’esthétique et du rapport à la caméra.

Qu’est-ce qui vous a inspirées pour ce clip ?  Pourquoi avoir choisi de mettre en scène la rencontre de deux femmes lors d’une fête ?

Albe : Lucie, qui est une amie, est venue un jour me voir à un de mes concerts. À la fin du concert elle m’a tout de suite parlé du morceau « Sorcières », m’a dit qu’elle l’aimait beaucoup et m’a proposé de faire un clip dessus. Je connaissais son travail que j’aimais déjà énormément, j’ai tout de suite dit oui. On a ensuite discuté de ce que j’avais voulu exprimer avec ce morceau et dans quelle direction j’aimerais aller. 

C’était important pour moi de parler plus du fond que de la forme : le titre « Sorcières » est un clin d’œil au livre de Mona Chollet. Pour moi ce morceau parle de féminité, de puissance, de liberté et a un fort rapport au corps avec le côté rythmé.

Lucie m’a ensuite proposé cette histoire de deux femmes qui se rencontrent lors d’un concert de Albe, et de leur attirance irrépressible. Ça m’a tout de suite parlé, il y avait tout : deux personnages féminins libres, passionnés, le rapport au corps avec la danse. 

Et puis dans mon histoire personnelle, ma rencontre avec les musiques électroniques s’est faite en club, dans les soirées lesbiennes et queer. 

Tout faisait sens 🙂 

Lucie : Le morceau !! Il y a quelque chose d’à la fois minimaliste et de mystérieux dans cette Track ; une
profondeur sur laquelle j’ai pu rêvasser. La musique électro est ce que j’écoute le plus, à la
maison ou en soirée, et je trouve son côté organique très inspirant pour l’esthétique du clip en
général.

Albe et moi évoluons toutes les deux dans un milieu queer dans nos vies persos. Le eye contact
entre deux femmes, c’est ce que je peux expérimenter ; c’est donc plus naturel pour moi de
mettre en scène ce que je connais pour toucher à une certaine justesse 😉
Aussi le morceau s’intitule Sorcières ; le titre suggère clairement un engagement féministe, et cela
coulait de source que nos protagonistes seraient des femmes. Le clip se déroule lors d’un concert d’Albe, mis en scène là-aussi, car c’est dans ce contexte qu’un morceau électro prend toute son ampleur. La scène et son DJ, la salle et son public, les corps qui dansent, qui transpirent, qui communiquent et qui planent parfois.
Cela nous permettait de tourner dans un seul décor et d’être aussi dans un rapport minimaliste quant à la narration. Un eye contact qui se dilate le temps d’un morceau, qui lie nos deux femmes, qui progresse jusqu’à devenir vertigineux et ensorcelant.

Dans quelle mesure la pop culture peut-elle être un vecteur pour changer les représentations ?

Pour moi l’importance des représentations réside surtout dans la pluralité et la diversité. La pop culture peut vraiment amener ça, plus il y a aura de représentations plus on aura de modèles différents.

Ces représentations dans la pop culture sont très importantes pour moi, personnellement et artistiquement : le single précédant le clip s’appelle « Tabula Rasa », en référence à un épisode de Buffy contre les Vampire où la sorcière Willow jette un sort sur ses amis. Les personnages de cette série ont été des modèles qui ont compté pour moi, des figures de femmes puissantes, indépendantes, et queer dans le cas de Willow. C’est essentiel d’avoir ce genre de modèle auxquels s’identifier quand on est enfant / ado.

© Lucie Marmiesse

Pourquoi le morceau est-il intitulé « Sorcières » ?

Avec ce 3ème EP, qui s’intitule aussi Sorcières, je voulais parler plus qu’avant de mes valeurs, mes références et mes inspirations : dire au public qui je suis en tant qu’artiste. 

Sorcières est d’abord un clin d’œil au livre de Mona Chollet. Les valeurs féministes sont importantes pour moi en tant que femme, et en plus ce sont des idées qui m’ont aidé à identifier des comportements sexistes que j’ai souvent rencontrés dans le milieu de la musique. Déconstruire tout ça m’a aidée à prendre confiance en moi et à me lancer seule dans mon projet Albe. 

Le mot « sorcière » me parle aussi beaucoup car il fait résonner notre imaginaire : dans ma musique je dessine des univers fantastiques, la Sorcière est une figure qui évoque plein de choses, que chacun peut se réapproprier avec son propre imaginaire.

Est-ce que tu peux nous parler de tes projets à venir ?

Mon troisième EP Sorcières sort le 7 juin !

Je viens aussi de mettre au point sur une semaine de résidence scénique mon nouveau live audio visuel, avec du mapping vidéo et une nouvelle création lumière. On se retrouve sur scène cet automne pour découvrir tout ça !