Tribune des drags du Sidragtion : « La lutte contre le VIH est une lutte antifasciste »

Nous, drag queens, drag kings et créatures organisateur·ices du Sidragtion depuis 9 ans rappelons que la lutte contre le VIH est une lutte antifasciste. Dans un contexte international où la montée de l’extrême droite s’affirme dans toujours plus de pays, nous nous inquiétons pour nos adelphes du monde entier. En effet, le VIH/sida concentre à lui seul l’ensemble des obsessions de l’extrême droite : les minorités de genre et sexuelles, la réduction des risques liés à la drogue, la Sécurité sociale et son budget, l’immigration.

Dès l’apparition du VIH en France, l’extrême droite s’est emparée de l’épidémie pour alimenter la haine. Rappelons-le, RN est un parti fondé par d’anciens Waffen-SS qui ont eu l’occasion de créer des parallèles entre les crématoriums et le VIH avec le mot “sidatorium” prononcé par Jean-Marie Le Pen, ou alors inventer des mots avec des inspirations antisémites comme “sidaique” en référence à “judaique” utilisé encore une fois par Jean-Marie Le Pen. Depuis 2010, avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du RN, nous assistons à un vernissage de façade de l’extrême droite, une dédiabolisation. Le RN alimente l’homonationalisme en tentant de faire croire que ce sont les immigré·e·s qui alimentent l’homophobie. Nous appelons les élu·e·s et l’ensemble de la société  à se mobiliser dans la lutte contre le VIH et l’extrême droite de manière plus ardue sur le territoire national et en solidarité internationale afin de faire disparaître l’épidémie. 

En France, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2023 a été estimé à près de 5 500. Ce nombre a augmenté de façon assez régulière depuis 2021. En 2023, 43% des infections au VIH ont été découvertes à un stade tardif de l’infection, on estime à près de 11 000 le nombre de personnes ignorant être porteuses du virus aujourd’hui. Si l’épidémie est encore correctement maîtrisée, c’est grâce au maillage associatif sur l’ensemble du territoire. Pourtant, nous manquons encore de grande campagne de prévention afin de réduire les nouvelles contaminations et inciter au dépistage. 

La dernière grande campagne, réalisée en 2016, a suscité de vives réactions de la part de l’extrême droite. Nous pouvons même rappeler le cas de Béziers où Robert Ménard avait censuré et refusé d’afficher la campagne dans la ville. Empêcher la prévention et l’information est une action qui permet à l’épidémie de se développer. Le RN attaque l’aide médicale d’État, attaque les cours d’éducation à la vie affective, émet des propositions crasses remplies de transphobie, lutte contre la réduction des risques. Toutes ces attaques font le lit de l’épidémie et préparent à la fascisation des esprits et du territoire.

Comment imaginer que l’extrême droite au pouvoir en France aurait une stratégie différente de celle de ses alliés fascistes ?  Il suffit de voir ce que Giorgia Meloni fait en Italie, l’autodafé numérique réalisé par Trump sur les sites du gouvernement étatsunien, les coupures budgétaires de 92 % sur les programmes VIH en Argentine et la suspension des aides internationales par les États-Unis. 

Qu’en sera-t-il de la PrEP, aujourd’hui gratuite et remboursée par la Sécurité sociale ? Qu’en sera-t-il des traitements pour les personnes séropositives ? Qu’en sera-t-il des dépistages rapides et gratuits ? Qu’en sera-t-il des capotes gratuites ? Qu’en sera-t-il des subventions aux associations qui accompagnent les usager.e.s de drogues et les travailleur.eu.ses du sexe ? Qu’en sera-t-il de l’accompagnement de santé dans les prisons déjà bien en difficulté ? Qu’en sera-t-il de l’aide médicale d’État qui permet un accès au traitement pour les personnes séropositives migrantes ?  

Nous le savons, tout ceci disparaîtrait en un claquement de doigts. Cette disparition annoncerait une reprise explosive de l’épidémie.

À nos camarades de la communauté LGBT, la lutte est loin d’être terminée. Elle est encore bien prégnante. Mobilisez-vous, parce que l’extrême droite commence par s’attaquer aux droits de nos camarades migrant·e·s, de nos adelphes trans, pour toujours supprimer nos droits, nos existences. Nous gagnons nos droits et nous combattons pour les garder.

Nous, drag queens, drag kings et créatures, avec le Sidragtion, nous luttons sur le terrain pour faire de la prévention dans 18 villes en France, grâce à nos maraudes, notre art, nos soirées, nos prises de paroles. Nous collectons de l’argent depuis 9 ans sans relâche, pour accompagner les associations qui, sur le terrain, s’occupent de notre santé sexuelle et reproductive. Il y  a 9 ans nous étions 15 drags : nous sommes maintenant plus de 500 à collecter partout en France. Tant qu’une nouvelle contamination aura lieu en France ou ailleurs, nous serons là. Nous lutterons. Tant que la maladie n’est pas vaincue, nous mettrons nos paillettes et ferons voler les meilleurs parpaings en manif pour militer. Pendant le week-end des 21, 22 et 23 mars et toute l’année : remplissez nous les boîtes à dons, les fentes à cartes bleues, donnez de la monnaie pour les pédés, des sous pour les goudous, vos finances pour les trans !

Les signataires :

Minima Gesté, organisatrice du Sidragtion National

Emily Tante, organisatrice du Sidragtion National 

Abyce, organisatrice du Sidragtion Amiens 

Andrea Liqueer, organisatrice du Sidragtion Bordeaux

Jane Go, organisatrice du Sidragtion Bordeaux

Meta Éclose, organisatrice du Sidragtion Bordeaux

Athéna Brest, organisatrice du Sidragtion Brest

Supralion, organisatrice du Sidragtion Brest

Judas Morningstar, organisatrice du Sidragtion Clermont-Ferrand

Stargirl, organisatrice du Sidragtion Lille

Mogan Tox, organisatrice du Sidragtion Lyon 

Reine Mayr, organisatrice du Sidragtion Lyon 

Cristale de Troie, organisatrice du Sidragtion Marseille 

Rudy Wurst, organisateur du Sidragtion Marseille 

Damona Flowers, organisatrice du Sidragtion Metz

Thalie Green, organisatrice du Sidragtion Metz

Foxxy Goupil, organisatrice du Sidragtion Montpellier 

Mona Biloba, organisatrice du Sidragtion Montpellier

Shigella Ivy, organisatrice du Sidragtion Nantes 

Marie Pacónn, organisatrice du Sidragtion Nantes

Mimi Styc, organisatrice du Sidragtion Orléans

Angelica Stratrice, organisatrice du Sidragtion Paris

Sciatique, organisatrice du Sidragtion Paris 

Aaron Azure, organisateur du Sidragtion Rennes

Moon-e, organisatrice du Sidragtion Rennes

Nona de Dana, organisatrice du Sidragtion Rennes

Soleil, organisateur du Sidragtion Rennes

Velma Stein, organisatrice du Sidragtion Rennes 

Noxima Marley, organisatrice du Sidragtion Strasbourg

Pétasse du Ravin, organisatrice du Sidragtion Toulouse

Pandé Maniaque, organisateur du Sidragtion Poitiers