Le 26 juillet, tu as peut-être passé un moment agréable en regardant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Et bien tu es complice de leftwashing. Heureusement que les influenceur·se·s gauchisme étaient là pour nous prévenir.
Bon voilà, il faut que je l’avoue : j’ai vraiment passé un bon moment devant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Vraiment. J’ai même un peu pleuré quand Marie-Jo Pérec a allumé la flamme alors qu’on entendait les premières notes de l’Hymne à l’amour. Et cela fait de moi une très mauvaise personne.
Je ne parle évidemment pas de l’avis des réacs : ceux-là on s’en carre le cul (© Piche). Ils avaient déjà probablement écrit leur scrgngn avant la cérémonie tant la composition de l’équipe qui l’a créée, de Thomas Jolly à Patrick Boucheron, laissait supposer un spectacle hors des lignes du Puy du Fou.
J’avais évidemment totalement oublié les conséquences désastreuses de ces Jeux olympiques dès l’apparition de Lady Gaga mais je réalise depuis quatre jours, grâce à une multitude de posts Instagram à la pédagogie exquise, que c’est beaucoup plus grave : il s’agissait en fait d’une énorme opération de leftwashing à la gloire d’Emmanuel Macron.
Par exemple, avez-vous remarqué que la cérémonie a mis en avant plusieurs personnalités guadeloupéennes, notamment les deux dernier·e·s relayeur·se·s de la flamme Pérec et Riner ? Et ce alors même que la crise de l’eau en Guadeloupe persiste ? Combien de Guadeloupéen·ne·s ont été convaincu·e·s par cette cérémonie qu’ils et elles n’avaient en fait pas besoin d’eau potable ? On remerciera ce post instagram de leur rappeler le sens des priorités.
On a toutes et tous retenu la Marie-Antoinette décapitée chantant Ça ira enchainant sur du metal. Je tiens à remercier cette story m’enjoignant à « arrêter de trouver ça cool » car « Dans cette séquence, la décadence burlesque de Marie-Antoinette décapitée renvoie très précisément à l’esthétique des Incroyables et Merveilleuses. Cette mode apparait après la mort de Robespierre au moment de la réaction thermidorienne. Elle correspond au moment où la bourgeoisie libérale prend le pouvoir au sein du Directoire. Dans ses vêtements, ses spectacles, ses fêtes et ses attitudes, la jeunesse dorée de l’époque revendique une esthétique décadente, burlesque et morbide. En utilisant un champ de références stylistiques qui renvoie à la Terreur et à la guillotine (les fameux “bals des victimes”, la vogue des pièces de théâtres rejouant des scènes de décapitations poudrées, les coupes de cheveux évoquant la toilette de condamné.es, etc.), les Incroyables et Merveilleuses ont ainsi opéré un retournement bravache des symboles d’une révolution qui a menacé les privilèges et l’existence de la classe à laquelle iels appartenaient ». J’ai pas le temps de tout lire car j’ai un travail mais j’ai bien compris l’essentiel : qui sommes-nous pour oser regarder voire pire, apprécier, un spectacle comportant des références historiques sans doctorat en la matière ?
De même, j’ai cru aimer la visibilité donnée aux cultures queers lors du tableau « Festivité ». J’ai tort : cette cérémonie donnait en réalité à voir « une France qui n’existe pas ». Et c’est bien sûr : les contre-cultures LGBTI, le drag, la ballroom scene, toutes ces expressions de résistance, tous ces lieux où l’on peut vivre et s’exprimer ne sont pas la France, ils n’ont aucune légitimité dans une telle cérémonie. C’est un compte Insta qui a lu Marx qui le dit. Merci donc aux performers queers de rester paré·e·s de la radicalité de l’underground en refusant toute sollicitation à apparaitre dans un évènement grand public.
Non vraiment : comment une poignée d’artistes ont-ils pu oser saisir l’occasion qui leur a été donnée de s’emparer d’un spectacle mondial pour en faire un truc engagé et joyeux ?
Camarades, la révolution nécessite que vous soyez en colère tout le temps. Combien d’âmes innocentes ont ainsi oublié le racisme, les LGBTphobies et le sexisme qu’elles subissent au quotidien car elles ont kiffé trois heures de spectacle ? Ne vous laissez pas berner par les lumières du leftwashing : les idées de gauche ne gagnent que si personne ne les voit.