Pendant le mandat de François Hollande, dans les ruines des renoncements successifs qui abandonnait définitivement la gauche a surgi une comète Emmanuel Macron. Par sa fraîcheur, sa nouveauté et la promesse pour certain·es d’une politique compromis, il arrive en tête de l’élection présidentielle suivante. On serait à l’aube d’une nouvelle ère, d’un renouveau de la vie politique française.
C’est Marine Le Pen qui sera au second tour. Et à nouveau en 2022. Pendant ce temps, les formations politiques traditionnelles implosent. Et elles sont comptables, toutes de cette progression de l’extrême-droite. Pour celles d’entre nous que l’arrivée du FN au second tour de la présidentielle de 2002, qui a été pour beaucoup d’entre nous, notre entrée dans le militantisme, les 58% de Macron font pâle figure. Le barrage a cédé.
Rappelez-vous lorsqu’à peine élu, il y a deux ans seulement, Macron nous disait : « votre vote m’oblige. ». Sur le coup, on n’a pas compris qu’il l’obligeait à chasser sur les terres idéologiques de l’extrême-droite au point de la faire progresser aux législatives qui suivent et surtout aux européennes début juin dernier.
A-t-on cru une seconde que ce vote de barrage, qu’on a concédé souvent par crainte de l’extrême-droite, serait pris en compte non pas comme une validation d’un projet politique mais comme le rejet du plus mauvais des maux ? Évidemment que non, nous n’en espérions rien.
«Votre vote m’oblige », il l’obligeait, on le sait maintenant, à permettre au RN de devenir la seule force politique à droite réduite à un projet réactionnaire.
Aujourd’hui le barrage a fini de s’effondrer : les candidat·es du parti présidentiel transformé en coquille vide hésiteraient à se désister ou à appeler au vote pour le Nouveau Front Populaire au deuxième tour, d’autres mêmes disent préférer Bardella au bloc de la gauche uni renvoyant des prétendus extrêmes dos à dos.
En fin de compte, on nous l’a faite à l’envers, depuis le début. Le RN a déjà gagné la bataille des idées : elles sont tellement ancrées dans la société qu’elles sont désormais dédramatisées et dédiabolisées. Les cœurs balancent entre un projet fasciste et une politique de gauche qu’on taxe d’extrémiste. Au mieux, c’est ignorer notre histoire politique, au pire c’est adhérer au fascisme.
Et nous avons été, une fois de plus berné·es par une vie politique nauséabonde depuis longtemps déjà. Les empires médiatiques ont tenu un rôle majeur dans cette extrême-droitisation des esprits et ont soutenu le RN et son rebranding. Les outils de propagande offerts sur un plateau au fascisme qui progresse. La bataille culturelle semble perdue : les médias de gauche, les médias indépendants, les médias communautaires, nous ne pouvons faire le poids, les dés sont pipés.
Si des électeurs·trices de Macron nous lisent (on sait jamais, un clic au hasard peut bien faire les choses) : votre vote de 2022 vous obligent, prenez vos responsabilités pour défendre une société encore un peu démocratique.
Vous nous avez berné·es mais nous serons pas dupes. Nous allons continuer le combat et l’histoire se souviendra de votre allégeance à ces héritiers de la collaboration, des courbette que vous faites au fascisme. Nous avons, quant à nous, la mémoire longue et on viendra vous chercher.
Pour beaucoup d’entre nous, nous avons pris de nos responsabilités, en choisissant sciemment le choléra à la peste brune. C’était à vous, cette fois.
Nous n’accepterons plus de leçons, tous vos arguments sont fallacieux, vous avez creusé le sillon d’une politique qui nous menace, nous, tous les précaires et les opprimé·es.
Les références à l’Histoire ne trompent pas, désormais l’heure de la Résistance a sonné.