DjREÏNE : mettre les corps et les esprits en mouvement

Chez Friction, on a une tendresse toute particulière pour DjREÏNE qui avait concocté pour nous une mixtape exclusive lors de la sortie de son premier EP. On est super heureux-ses de la voir débarquer avec de nouveaux titres et son deuxième EP WHO BRINGS THE NOISE ? L’occasion pour nous de faire un point d’étape et de revenir sur son parcours. Rencontre. 

Crédits photo : Marie Damien

Irène a une double casquette, d’un côté elle fait vivre son projet solo plutôt électro/techno et de l’autre elle produit pour de nombreux artistes dans des univers qui vont du hip hop à la pop en passant par le r’n’b et également pour des compagnies de danse. Ces collaborations ont nourri son projet solo en venant enrichir son univers musical. « Le fait de travailler avec des chanteurs-euses et des rappeurs-euses, ça m’a permis de développer ma voix mais aussi d’affiner petit à petit l’identité que je veux donner à ce projet ». On retrouve sur WHO BRINGS THE NOISE ? des influences variées tout en retrouvant deux morceaux très club qui ne manqueront pas de nous faire danser. « Mais au niveau de la production, c’est aussi un travail plus développé : on a enregistré des drums acoustiques, par exemple. J’ai pris du temps à le faire et je pense que c’est un peu un baptême pour ça. » DjREÏNE s’est vraiment amusée à texturer à fond ses sons pour un rendu toujours aussi électro mais peut-être plus hybride. 

Le premier single « wait 🙂 » ouvrait les hostilités avec un son résolument club.  « Je m’étais vraiment donné cet objectif de faire un son qui soit aussi dansant tout en ne perdant pas de vue l’aspect live du projet. » Car DjReïne, c’est aussi des synthés sur scène ou des mixes où elle mixe en posant sa voix avec un micro. Certains sons de l’EP sont donc pensés dans cette optique-là. Le travail du texte est aussi intéressant dans la démarche de l’artiste. Sur « wait 🙂 » se répondent des passages en anglais assez pop et des bribes de français qui frôle l’absurde. « J’écris toujours les paroles après avoir fait le son. Après j’ai mon casque sur les oreilles avec le son à fond et là j’essaie d’écrire toutes les choses qui me viennent puis je cadre tout ça. J’écris toujours par rapport à un son spécifique. » Sur « wait 🙂 » les passages en anglais viennent donner une ambiance vocale qui évoque le sample. 

Ce choix de l’anglais, c’est aussi un clin d’œil aux projets électros et technos qui l’influencent. Pour ce projet, DjREÏNE évoque l’influence de COUCOU CHLOE, Tommy Genesis et vtss mais elle écoute aussi des productions de styles très différents ; elle cite Saya Gray, Chilly Gonzales ou encore Kendrick Lamar dans les artistes qui comptent pour elle en ce moment. Toutes ces influences viennent nourrir genesis <3 qui est, de fait, plus hybride que le précédent EP. « En général, je dis que ce que je fais c’est techno et electro mais aussi du hip hop alternatif et industriel, de la musique club dans tous les cas ! »

DjREÏNE reste toujours proche de la danse. Avec une formation de danseuse classique et contemporaine, elle collabore sur scène avec l’Ensemble Kinetikos, une compagnie qu’elle accompagne sur de nombreux projets, notamment lors de résidence où elle expérimente avec les danseur-euses pour créer une bande sonore pour différents spectacles. Ce rapport à la danse l’influence également dans sa façon de penser la musique. Lorsqu’elle a commencé à travailler sur son projet solo, elle était principalement entourée de danseurs-euses pour lesquels elle a commencé à mixer et à produire en s’amusant. « Quand j’ai eu pour objectif de faire danser les gens en club, j’ai eu un petit recadrage de moi-même : faire danser les gens en club c’est un peu moins expérimental. J’ai dû switcher quelques nappes un peu trop longues contre des choses un peu plus péchues.»  Mais elle garde toujours la danse en ligne de mire et se demande toujours si sa musique pourra toucher dans le mouvement corporel un artiste. 

Mais DjREÏNE est aussi une artiste engagée, comme elle nous l’avait déjà prouvé avec son premier EP. Elle est également à l’initiative du collectif Queen’s dead né il y a un peu plus d’un an du constat que dans l’univers des musiques électroniques et club trop peu de collectifs se donnent comme objectif de porter des valeurs militantes au-delà de l’aspect musical. Cette démarche militante se traduit par un travail avec des associations d’accompagnement de migrant-es que ce soit en levant des fonds ou en renversant les bénéfices des soirées. L’enjeu est aussi de donner de la visibilité aux initiatives militantes soutenues lors de l’événement. Par ailleurs, lors des soirées du collectif sont programmées essentiellement des musiciennes pour œuvrer pour l’égalité des genres dans le milieu club. « L’idée, c’est aussi de casser les barrières entre les associations et les gens qui ont parfois l’impression qu’iels ne peuvent pas s’investir dans une cause si ce n’est pas à temps plein alors qu’il y a plein d’actions possibles. L’objectif c’est que tout le monde puisse voir que c’est possible d’agir à son échelle. »

DjREÏNE sera en live avec la compagnie Ensemble Kinetikos le 16 mai au Musée d’Orsay.