A la croisée des chemins entre Brian Eno, Enya et Erykah Badu, Contezza, le nouvel album de Laryssa Kim sorti en février dernier est un voyage intérieur. C’est le résultat d’une retraite qui, comme pour la majorité d’entre nous en 2020, a eu lieu avec la pandémie de Covid-19. Alors convaincue que cela marquait la fin de sa carrière, Laryssa Kim a mis à profit cette pause forcée pour approfondir sa connaissance des pratiques de méditation et sa curiosité pour l’ésotérisme, l’astrologie, la magie et les oracles chinois. Les deux pieds sur terre, Laryssa s’est laissée aller à jouer avec les signes et les sens. Instinctivement, lorsque la situation sanitaire s’améliore et qu’elle revient à la musique, c’est de l’Amour qu’elle veut parler dans ce nouvel album.
Elle a conçu l’album comme un rituel, un processus magique : un exorcisme par la beauté pour conjurer le mauvais œil qu’elle soupçonne de lui coller à la peau. Sans donner de leçons, Laryssa invite humblement à l’introspection créative, à l’invention perpétuelle de soi, sans relâche, par le jeu et l’ouverture aux infinis détails de la vie quotidienne, comme le ronronnement du frigo ou l’horloge des toilettes de sa mère à Rome, qui trouvent une nouvelle place dans les mini-univers oniriques de Contezza , à la fois anciens et tournés vers les techniques de composition les plus contemporaines. Une exploration spirituelle de soi que Laryssa envisage à la manière de Jodorowski : à la fois profonde et fondamentalement ludique, loin des certitudes et des dogmes dangereux…
Peux-tu te présenter pour nos lecteurices qui ne te connaîtraient pas ?
Je suis Laryssa Kim,
J’ai une imagination vive, intéressée par l’art, la spiritualité, la magie, j’ai la tête dans les nuages, les mains et les yeux dans les rêves et les pieds sur terre avec l’envie de créer des mondes envoutants et qui stimulent l’imagination de mon public des multiples façons : la musique, les images sonores et les rythmes lancinants.
︎ Sun Rising
Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours ?
Née en Italie, j’ai commencé me produire sur scène avec des morceaux de reggae ; je suis partie à Amsterdam en 2008 où j’ai découvert le théâtre et la danse contemporaine, élargissant mon univers artistique dans un environnement propice à l’expérimentation ludique autour de la composition. Depuis 2013 je suis à Bruxelles ; j’ai suivi un Master en Composition musicale acousmatique au Conservatoire de Mons. Mes premiers concerts en solo, sous le nom Laryssa Kim ont commencé en 2015.
Comment qualifierais-tu ta musique ?
Je pense que ma musique est un mix de différentes inspirations, disciplines et curiosités.
Il y a parfois des paysages sonores naturelles ou surréalistes s’entremêlent avec des sonorités des électroniques, des voix, des beats… C’est une sorte de rêverie mélancolique, mais aussi de la magie et de la chaleur.
Genres : Smooth electronica/expérimentale/electro-soul
Dans quelle mesure ta connaissance de la musique influence-t-elle ton propre travail ?
La composition acousmatique a surement joué un grand rôle dans la façon dont je me focus sur l’importance des conditions d’écoutes des auditeurices, mais aussi comment j’aborde le son (d’un façon presque plastique, comme dans les art plastiques) aujourd’hui et comment je le propose dans me productions; mais aussi dans la qualité d’écoute que j’aime proposer.
Peux-tu nous parler de ‘Contezza’ ton premier album ? Qu’est-ce qui t’a inspiré dans la production de cet album ? Pourquoi l’avoir intitulé Contezza, qui veut dire “conscience” en italien ?
Contezza c’est un album concept : l’Amour avec un grand A.
« Contezza » représente le voyage intérieur qui mène à une prise de conscience sur qui nous sommes en profondeur.
Pour y arriver, ces chants et ces musiques agissent comme un rituel magique qui aide l’esprit à se libérer de toute une série de conceptions et d’interprétations limitantes de la réalité.
Contezza représente un chemin : de la prison mentale à la libération ; de l’amour aveugle et craintif, guidé par les blessures de l’enfant intérieur à un amour mature, courageux (avec le cœur apaisé), vaste et inconditionnel pour la vie, pour soi-même et pour les autres.
Loin de donner des leçons, à partir de mes propres expériences, j’invite humblement à l’introspection créative, à l’invention perpétuelle de soi.
Il y a quelque chose d’hypnotique dans ta musique : peux-tu nous expliquer quel sens il faut donner à la transe induite par tes morceaux ?
Personnellement, j’aime bien la répétition, dans certains styles de musique ça m’induit de la tranquillité ; dans beaucoup de mes morceaux j’ai l’envie de créer un état de relaxation, bercer les auditeurices pour les accompagner dans leur imagination.
Comment écris-tu les paroles ? Qu’est-ce qui t’inspire ?
Parfois c’est le son qui inspire le mot, parfois l’inverse :
je crée de la musique et j’improvise des mélodies dessus, et des mots surgissent dans mon esprit. Parfois, je veux parler de quelque chose de spécifique, j’écris et je réadapte en fonction de la musique que je crée après.
Tu composes pour la danse, le théâtre et la vidéo dans quelle mesure ce dialogue avec d’autres arts nourrit-il ta musique ?
C’est une façon de renouveler la création car je peux mettre ma créativité au service d’autre type de thématiques et contextes. Si je suis seule, et que je travaille à partir mon monde intérieur et des idées, je suis beaucoup plus contemplative, j’ai une thématique assez récurrente de rêverie et de surréalisme. Si je travaille pour les projets d’autres personnes, l’esthétique est la même mais le focus change, et les idées créatives d’un spectacle ou documentaire en particulier nourrissent ma production autrement !