Déjà connu pour ses films comme Les Invisibles et Petite fille, Sébastien Lifshitz est de retour avec Casa Susanna, un documentaire racontant l’existence d’une communauté de travestis dans les années 50.
Deux femmes âgées sont assises. L’une dans un bus, l’autre sur le siège passager d’une voiture, elles semblent attendre la fin d’un long voyage. Dans leurs yeux une certaine émotion se lit, leurs regards contemplant la nature.
Quelques minutes plus tard, nous les retrouvons devant une petite bâtisse perdue dans la région des Catskills. C’est parmi les montagnes que se retrouvaient nos deux protagonistes, Kate et Diana, avec d’autres membres d’une communauté de travestis.
Ensemble, aidées par leurs discussions et des images d’archives, elles reviennent sur « Casa Susanna », cette maison qui les ont accueillis le temps de quelques séjours. Dans cet espace coupé de tout, nombreux « travestis » de la région de New York venaient afin de vivre leurs identités de femmes quelques temps, à l’abris du jugement. Si certaines personnes ont transitionné, d’autres ne sont plus que des souvenirs dans l’esprit de Diana et Kate, Casa Susanna n’étant qu’une étape dans leurs parcours de vie.
Sans jamais se montrer didactique, le documentaire expose une période trop méconnue des vécus trans à travers des portraits plein de tendresse. C’est sans doute cela qui donne à ce film un rythme presque contemplatif, proche d’une œuvre de fiction aux dialogues élégants. Visuellement, un mélange hétéroclite se fait : les couleurs automnales du présent rencontrent le noir et blanc des archives et le sépia des photos prises en secret. Cette mise en scène délicate et tendre fait de Casa Susanna un petit bijou qu’il est urgent de regarder.
Casa Susanna est disponible en visionnage sur le site d’Arte.