Bonnie Li a tout de suite su qu’elle voulait faire de la musique. Déjà toute petite ça faisait partie de sa vie et c’était une évidence qu’elle allait en faire quelque chose. En grandissant à Hong Kong dans les années 1990, c’est en regardant MTV qu’elle découvre ses premiers coups de coeur musicaux. Björk et Portishead ont été des artistes qui l’ont vraiment transcendée et ont forgé ses influences musicales. Elle sort aujourd’hui un nouvel EP « La Mère, l’Amante et La Fille » dans lequel elle revisite certains morceaux de son deuxième album Le Bleu du Rouge. Nous l’avons rencontrée.
Ta musique est souvent rapprochée de la trip hop. Comment décrirais-tu ton style musical ?
C’est une musique qui est très mélancolique et langoureuse en même temps. Pour moi, la mélancolie c’est pas forcément rattaché à la tristesse, c’est vraiment un état qui peut te faire t’échapper de toi et de faire rentrer vraiment dans l’imaginaire. Je dirais alt pop, trip hop, art pop… [rires] Je sais pas trop les termes.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration lors de la création de nouvelles chansons ?
Ça a été longtemps mon quotidien, mes relations amoureuses, longtemps ça a été ça. Les relations de pouvoir aussi et la place des femmes dans notre société. Comme j’ai grandi en Chine, ça m’a beaucoup marquée de voir la place que j’avais moi dans la société et comment je me positionnais moi et de voir comment ça se passait en Chine et ce qui se passait pour les femmes chinoises. Mon premier album était très axé là-dessus. Et maintenant, ça tourne beaucoup autour de la thématique de l’amour, je suis une immense romantique donc j’essaie de mettre de l’amour partout dans ma vie.
Est-ce que tu peux nous parler de ton nouvel EP, La Mère, l’Amante et La Fille ? Pourquoi avoir choisi de revisiter tes morceaux un an après la sortie de l’album ?
Cet album a été fait assez rapidement quand j’étais encore à Berlin. Et il est sorti d’un coup. Ça a été vraiment doux et le processus a été hyper agréable. Tu bosses sur un truc, ça se passe hyper bien et tu le sors et en fait, c’est fini. Tu accouches de ta pièce et d’un coup elle ne t’appartient plus. Elle appartient au monde mais quelque part, ça y est, il faut que tu passes à autre chose. Ça, ça a été jumelé avec mon déménagement. J’habite en France maintenant, j’habite à Marseille. Je me suis installée en juin, j’ai sorti l’album fin avril et je me suis demandé quoi faire ensuite. J’ai été invitée à faire de jolies dates françaises assez rapidement par la suite et je me suis dit que ce serait bien, vu que j’allais présenter Le Bleu du Rouge et qu’il y avait peu de chansons en français, que ce serait bien que je m’essaie à l’écriture en français. J’ai essayé de faire un petite extension de l’album en français. Il y a deux adaptations en français et une chanson qui est restée en anglais mais c’était un joli exercice pour moi. Ce n’était pas vraiment de la traduction, c’était plutôt un reconceptualisation des morceaux. C’était des morceaux qui me tenaient à coeur avec des personnages assez forts. Et j’avais envie de leur donner un peu plus de place dans un EP. Et toujours trois femmes, avec beaucoup de caractère. C’était aussi la première fois que je faisais quelque chose en acoustique aussi. J’avais envie de m’essayer à quelque chose où je ne pourrais plus me cacher derrière quoi que ce soit. C’était un joli challenge de faire ça en français et à la guitare.
On a pu découvrir « Stalker » au cinéma, dans le film ‘Ogre’ d’Arnaud Malherbe avec Ana Girardot. Raconte-nous comment ça s’est passé.
J’ai eu la chance d’être contactée par sa boîte de production il y a trois ans quand j’ai sorti mon premier album, j’avais un morceau intitulé « I want you to die » et ce titre a été synchronisée sur une série que réalisait Arnaud Malherbe qui s’appelle Moloch. On a pris contact à ce moment-là et puis là quand j’ai sorti l’album, la monteuse m’a contactée directement en me demandant si j’avais quelque chose pour le film.
Comment perçois-tu l’industrie musicale actuelle ? Penses-tu qu’il y ait suffisamment de place pour l’expérimentation et l’originalité ?
Je pense que les choses ont évolué dans le bon sens. À l’époque quand j’habitais à Paris (j’ai vécu 6 ans à Berlin mais avant je vivais à Paris), il me semble que c’était beaucoup plus compliqué. En tant que nana, tu n’avais juste pas de place. Moi qui faisais un projet hybride qui mélangeait anglais, chinois sur de l’électro… C’était hyper compliqué de trouver du soutien. J’ai eu de la chance et j’ai eu des structures qui m’ont accompagnée mais c’était plus compliqué. Je trouve que l’espace musical que l’on a aujourd’hui est plus ouvert, il est plus curieux, en fait. C’est beaucoup mieux, mais pas seulement pour la musique, ça va mieux pour la littérature, ou les spectacles qui sont proposés. Seulement à mon niveau, j’ai été bien accueillie que ce soit par le public ou les différentes structures de l’industrie.
Quels sont tes projets futurs ? Peux-tu nous donner un aperçu de ce qu’on peut attendre de toi pour les mois à venir ?
Là je bosse sur le prochain album et c’est cool. Tout mon été va être consacré à ça. L’idée c’est de prendre le temps, de se faire du bien et de pas rusher les choses. Les belles choses, ça prend du temps. J’ai déjà des démos qui sont prêtes, j’espère les peaufiner pour pouvoir sortir un premier single à la rentrée.
Et du live ?
Je me suis mise en mode composition et écriture et je savais que j’avais envie de garder cet été pour l’album. Mais j’ai été invitée par la ville de Pistoia en Italie qui est juste à côté de Florence. Ils font une exposition sur la photographie et la musique. J’avais fait une grande tournée en Italie il y a deux ans et j’ai été photographiée quand j’ai joué à Florence par un photographe qui expose à Pistoia. Donc je suis invitée par la ville à faire une performance au milieu de l’exposition, le 17 juin prochain. Ami·es Italien·nes, venez me voir !
Y a-t-il un message spécifique que tu espères transmettre à travers ta musique ? Qu’aimerais-tu que tes auditeurs·trices ressentent en l’écoutant ?
Ce que j’aimerais qu’ils ressentent… Ça, j’en sais rien… Ce que j’ai envie de transmettre c’est une invitation à l’émotion, j’ai envie que les gens ressentent et s’autorisent à ressentir sans avoir peur d’être sensibles. Je crois que c’est ça !