Originaire de Cargèse en Corse, la carrière de DJ de Charlotte a commencé dans le Sud de la France. Lors de ses nombreuses apparitions dans les clubs de Marseille et de sa région, à La dame Noir, au Baby ou encore au Spartacus, elle a pu côtoyer plusieurs résidents du Berghain. Depuis on l’a vue partager l’affiche avec des DJs de renom comme, pour ne citer qu’eux, Steffi, Prosumer et Kiddy Smile, lors de la dernière soirée Paradise Garage à « à la folie », et au Cargèse Sound System avec Seth Troxler et Molly entre autres. Elle s’est installée à Paris pour la production et est apparue au Badaboum, à la folie, au Rosa Bonheur ou encore récemment sur sa terre d’origine dans le line-up du Calvi on the Rocks. Rencontre avec cette jeune « DJ du maquis » !
Salut Charlotte ! Tu as à peine 20 ans mais ton parcours est déjà impressionnant ! Tu nous en parles un peu ?
En effet, tout est allé très vite, et ce presque du jour au lendemain. Mais mon amour pour la musique m’a toujours suivi. Lorsque j’ai démarré, j’avais quinze ans. J’ai joué sans prendre les choses trop au sérieux. Je venais d’arriver à Aix-en-Provence pour faire des études d’art. Pour moi, c’était quelque chose de nouveau, je trouve que l’art fait grandir et permet de s’ouvrir sur un tas de choses. Ce fut un réel changement pour moi. Je suis allée pour la première fois en club, et lorsque j’ai vu tous ces gens danser, je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. Je voulais comprendre comment à travers une seule personne, des personnes qui n’ont rien en commun ressentent cette connexion sur la piste de danse. Mes amis m’ont acheté mes premières platines, et ça a démarré.
Le Sud (et la Corse) ne te manquent pas trop ?
Si évidemment, ça me manque. C’est de là que je viens. Je suis sur Paris depuis deux ans maintenant. Cela dit, en raison du métier de mon père, j’ai souvent déménagé étant plus jeune. Et j’en retiens que de très bonnes expériences. J’ai l’impression que cela m’a construite et m’a offert un lien facile avec « l’étranger ». Lorsque j’arrivais quelque part, je savais que ce n’était que pour un court moment. Alors j’essayais de prendre le meilleur des gens, de leur donner tout ce que moi j’avais, et laisser le mauvais de côté. C’est un échange constant, même inconsciemment. C’est ce que j’aime le plus, partager des choses, c’est un peu le troc de l’humanité. Et ces déménagements m’ont aidée à développer ça, même si effectivement ce n’était pas toujours facile.
Comment as-tu commencé à mixer ? Et la house alors ? Comment y es-tu arrivée ?
Mon père est un grand fan de musique, c’est lui qui m’a fait découvrir l’acid jazz, que j’apprécie énormément. J’ai joué de la batterie pendant des années, et je l’ai vendue pour m’acheter des platines vinyles. Dès mes débuts, j’ai été attirée par la musique underground au sens large, et donc la house. Mais je ne me définirais pas comme une pure DJ house. Ma musique est un mélange de house et techno minimaliste.–
–Un événement à retenir plus particulièrement ?
C’est une question très difficile. En tant que DJ, énormément d’évènements me tiennent à coeur. Je ne pourrais pas en citer qu’un, chaque date, qu’elle se passe bien ou mal, me permet d’avancer. Et dans un évènement il y a le partage avec les organisateurs, le moment sur scène, le retour des gens qui t’écoutent et beaucoup d’autres points qui se distinguent et qui comptent. Il y a toujours cette sensation que tu ressens aux platines, et elle est différente à chaque fois. Mais évidemment, je pense directement à des moments ; lorsque le Rosa Bonheur m’a donné ma première résidence par exemple. Ou des line up qui m’ont tenu à coeur. Chaque année où j’ai joué au Cargèse Sound System et où j’ai eu la chance de partager l’affiche avec des artistes comme Seth Troxler, Sebo K, Molly et cetera. Puis à la folie, avec Steffi, le Badaboum avec Djebali, à Marseille avec Traumer… et « pour l’anecdote » je citerais le Spartacus avec Ben Klock à mes débuts. En 2011 quand je commençais à écouter de l’électro, si on m’avait dit « dans trois ans tu joueras avant lui » j’aurais rigolé, même si aujourd’hui mon univers ne ressemble pas au sien, c’est des choses dont je me souviendrai.
Une anecdote qui t’ait marquée ?
Ce n’est pas une de mes dernières dates, c’était au Cargèse Sound System Festival, aux arènes de la Sarra en plein air, où je jouais avec Ellen Allien. Elle venait d’arriver sur scène et de me saluer. On a commencé à discuter et une sauterelle a sauté sur le vinyle qu’elle venait de poser pour enchainer. Elle s’est mise derrière moi et m’a dit « What is this ?? ». Ça me fera toujours sourire de repenser à ce moment. Comme tu l’as dit, je viens de ce petit village de Corse, et elle, c’était déjà incroyable de la recevoir ici, mais en plus ce moment marque ce petit décalage entre une DJ de Berlin, et une DJ du maquis, qui étaient malgré tout ici pour la même chose.
–Des gens qui t’influencent particulièrement ? Des personnes que tu admires particulièrement et avec qui tu aimerais travailler ?
Oui bien sur, je suis consciente que c’est cliché de répondre Ricardo Villalobos, mais je ne vais pas citer quelqu’un d’autre juste pour paraitre originale. Ses productions m’ont toujours touchée, et inspirée. Bien que les miennes ne soient pas semblables aux siennes. Cependant, je n’ai personne à citer en particulier avec qui j’aimerais travailler ; j’aime autant travailler avec des gens qui produisent de la musique que j’aime, que des gens avec qui je partage des choses fortes humainement ; dans les deux cas le résultat est intéressant.
Tes projets à venir ? De nouvelles dates où on peut t’entendre ?
En plus de la musique, je commence en janvier une formation de Chargée de Management Artistique et Culturel. Je possède déjà une formation d’Electronic Music Producer. Et j’ai très envie d’enrichir mes connaissances dans ce domaine et pourquoi pas à terme participer au développement de la scène culturelle actuelle. Vous pourrez m’entendre le jeudi 29 décembre et dimanche 6 janvier à la folie, le vendredi 13 janvier au Badaboum pour les trois ans du Bal Con, et le lendemain au Baby Club à Marseille. Et les autres seront annoncées en temps et en heure sur ma page facebook !
Et sinon, une recommandation musicale, peut-être?
On écoute le vinyle de Sebastien Eduardo « I Want You To See » pour l’énergie et la subtilité de cette track.–
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Les prochaines dates de Charlotte :