Cri du cœur est une scène ouverte militante qui a lieu une fois par mois au Be Jazzy, un bar tiers-lieux du 18eme arrondissement de Paris. La prochaine édition, dont le thème est patriarcrame, accueillera de nombreux-ses artistes chers-chères à nos cœurs : ce sera l’occasion d’entendre, parmi tant de personnes talentueuses, deux des cofondateurices de Friction, Camille Desombre et Leslie Préel. On a posé quelques questions à Cha Toublanc qui organise l’événement pour en savoir plus.
Est-ce que tu peux te présenter ?
Nous produisons principalement des poete.sses mais nous sommes ouverts à toutes formes d’art scénique. Notre objectif est d’offrir un espace-temps pour laisser les artistes expérimenter et exprimer leurs « cri du cœur » sur le thème de la soirée. La première scène ouverte était le 20 février dernier et la prochaine est le 19 mars.
Nous reversons l’intégralité du chapeau à Timmy (Team Mineurs Exilés). Nous sommes encore en train de tisser un partenariat avec le collectif, nous souhaitons, entre autres, proposer des ateliers d’écriture aux jeunes en attente de reconnaissance de leur minorité. Certaines poétesses du collectif Poete.sses.gang, nous ont proposé de nous aider.
Cri du cœur est le fruit d’une rencontre hasardeuse qui a provoqué toute une ébullition d’idées. J’ai rencontré Maxime Ventacourt qui travaille au Be-Jazzy, bar tiers lieu où a lieu la scène ouverte, et est aussi rappeur et grand amateur de scènes ouvertes multidisciplinaires, en faisant un freestyle de rap tout décousu devant un bar clandestin du 18 qui venait de fermer. Je suis Cha Toublanc, journaliste, poéte·sse, serveur·se (;)). C’est moi qui organise les soirées, réponds aux messages et concocte les visuels.
Pouvez-vous nous parler du thème ? Est-il contraignant pour les artistes ?
La première édition de Cri du cœur était consacrée à l’anti-racisme. Pour la seconde édition nommé Patriacrame et qui aura lieu le 19 mars prochain, Cri du coeur invite les artistes à invoquer la rage-lave des violences patriarcales, le foyer doux de nos relations d’adelphité ou le feu de phénix de nos rébellion à l’ordre cishetero et sexiste.
La première édition était consacrée à l’antiracisme. Il y a eu une très large palette de propositions, d’émotions, d’intentions. Il y a eu beaucoup d’expressions de rage, colère, tristesse contre les différentes formes que prend le racisme. Mais aussi des textes doux et lumineux qui parlaient d’amour, de communauté, de spiritualité. Naomi Maya Fanta a par exemple lu son magnifique conte sur une lignée de femmes aux cheveux magiques, confrontées à la violence de la colonisation.
Quels sont les enjeux des scènes ouvertes pour les personnes queer ?
Je pense que pour toutes les personnes minorisé.es, non seulement les personnes queer mais aussi les personnes qui subissent le racisme, le sexisme ou le capacitisme, les scènes ouvertes sont des lieux de communauté éphémère, des espaces temps qui réchauffent le cœur. Ça fait du bien de se retrouver, d’entendre avec notre sensibilité artistique les vécus d’autres qui peuvent résonner avec le nôtre, ou au contraire nous être très lointains. De partager ensemble le deuil, la joie, la tendresse, la rage qui nous traverse dans cette société malade. J’ai eu le sentiment que ça vraiment fait du bien aux gens d’avoir un espace pour exprimer leur “cri du coeur”, et entendre celui des autres exprimé librement. C’est aussi des lieux d’expérimentation, où l’on peut se permettre d’exprimer ce que l’on a, ce que l’on pense, ressent et est au plus profond de soi. C’est des lieux où l’on peut se permettre de se construire un propre récit de soi, sous le regard des autres, d’honorer des parties de soi ou de rendre les coups de la violence qu’on subit ou a subi.
Comment peut-on participer ?
Il suffit d’envoyer un message au compte @Criduc0eur. Il y a déjà beaucoup d’artistes programmé·es pour cette scène mais n’hésitez pas pour la suivante !!
Que diriez-vous à celleux qui hésitent encore à venir ou à s’inscrire ?
Les artistes prévues sont magnifiques, il y aura des talents très variés. J’ai très hâte de voir ce que vont proposer chacun.es. Pour n’en citer que trois, il y aura notamment Camille Desombre (qui a notamment participer au livre Pédés) fera une performance qui s’annonce bouleversante sur les fantômes pédés. Il y aura aussi l’humoriste au ton décapant Mulov (@ss mulutov) ou encore Katalucy in the sky, une performeuse et danseuse de pôle incroyable. Et pleins de personnes avec des pratiques d’écritures ou performatives différentes !
Le lieu est hyper cool en plus. C’est un bar/tiers-lieu avec beaucoup d’espaces différents. On va essayer de créer une ambiance cosy en bas. Il y aura une proximité physique entre les artistes et le public. Mais aussi la possibilité de s’isoler pour se concentrer sur les mots entendus si on le souhaite. En plus, c’est super bien desservi : c’est entre Porte de St Ouen sur la 13 et Porte de Clignancourt sur la 4 et pas loin de Jules Joffrin sur la 12. Ya une station vélib en face, le Tram 3b….
Cri du coeur, mardi 19 mars, Be-Jazzy, 12 Av. de la Porte de Montmartre, 75018 Paris
