Déconfinement : le virus n’a pas disparu le 11 mai

Lundi 11 mai, nous sommes entré.e.s dans une nouvelle phase : le début du déconfinement.

Pourtant, le virus n’a pas disparu le 11 mai à 00h01. Tout ce que ce déconfinement signifie, c’est que les travailleureuses les plus précaires peuvent désormais retourner sur leurs lieux de travail. Car, ne nous y trompons pas, les commerces réouvrent, les métros sont pris d’assauts mais rares sont celles et ceux qui ont le choix. Ce que signifie ce déconfinement progressif, c’est que le modèle capitaliste dans lequel nous évoluons a désespérément besoin des plus précaires pour fonctionner. Loin d’être une libération, il ne s’agit en réalité que d’un sursaut de la machine économique pour permettre aux plus faibles de reprendre le travail alors que, partout où c’est possible, le télétravail reste la norme. Il est facile de voir que, dans ces conditions-là, celleux qui seront exposé.e.s au virus seront les travailleureuses les plus précaires, celleux pour qui le télétravail n’est pas une option.

Le virus n’a pas disparu le 11 mai à 00h01. Loin s’en faut, d’ailleurs, en Île de France, les espaces verts restent fermés, les établissements scolaires du secondaire aussi. Seules les écoles réouvrent, pour que les petits enfants turbulents puissent être gardés par la maîtresse pendant que les parents reprennent le chemin du travail. La décision de reporter l’ouverture des établissements du secondaire doit bien être comprise comme cela, il s’agit de rouvrir des garderies. Les enseignant.e.s partout s’organisent pour alerter sur les dangers de cette réouverture. Qu’on ne s’y trompe pas, les protocoles sanitaires sont souvent impossibles à respecter, et la réouverture fait courir des risques mortels aux élèves, et par là même à leurs familles, mais aussi aux enseignant.e.s et à toutes les personnes intervenant dans les établissements scolaires.

Le virus n’a pas disparu le 11 mai à 00h01. Alors que partout on s’organise pour limiter la circulation du virus, certain.e.s se réjouissent de cette libération. Mais quelle libération ? Celleux qui ont le luxe de pouvoir rester travailler chez elleux n’ont qu’une hâte, les apéros entre ami.e.s et les dîners en famille. Certain.e.s se voient déjà enfreindre les règles du confinement pour se retrouver à plus de 15 dans des appartements de 30m² et se voient déjà en rebelles bravant les règles. Il est des règles qui méritent d’être bafouées. Elles sont nombreuses. Mais les mesures de précaution liées à la circulation d’un virus qui peut être mortel n’en font pas partie. Il n’y a rien de rebelle à se retrouver pour boire des bières tièdes quand des gens sont en danger de mort parce qu’ils et elles se rendent au travail. Il n’y a rien de transgressif dans le fait de faire courir à d’autres des risques.

Le virus n’a pas disparu le 11 mai à 00h01. Les nombres de mort.e.s, de malades en réanimation, devraient nous appeler à la modération. Quelle que soit notre envie de nous étreindre, de nous embrasser, de nous cajoler, quel que soit notre besoin de lien social, peut-être devrions-nous garder en tête que les règles qui étaient valables hier devraient le rester aujourd’hui. La faillite du gouvernement ne doit pas nous servir d’excuse, au contraire : c’est justement parce que ce gouvernement est en partie incapable de répondre à la crise actuelle que nous sommes aujourd’hui obligé·e·s d’en appeler à des gestes individuels afin de protéger les plus fragiles et les plus exposé·e·s d’entre nous. Ce n’est pas une question de loi ou de morale et chacun.e prend ses responsabilités. Mais par pitié, ne vous érigez pas en pourfendeur.euse de l’ordre établi sous prétexte que vous organisez un apéro.

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