Éditions fier·es : dernière ligne droite pour les pré-commandes

Nous avions rencontré Mélanie Molla au tout début de l’aventure des éditions fier·es. Entre temps, elle a bien avancé sur le projet et nous sommes actuellement dans la dernière ligne droite de la campagne de pré-commandes des deux premiers ouvrages sur Ulule. Le système adopté par la maison d’édition a vocation à stabiliser financièrement les éditions fier·es et à mieux rémunérer toutes les personnes qui ont contribué à l’édition des premiers ouvrages. La campagne se termine le 4 octobre, on en a profité pour faire un point d’étape avec Mélanie Molla pour tout savoir sur la maison d’édition et ces premières parutions. 

On avait parlé des éditions Fier·es au printemps dernier : peux-tu nous faire un petit récap du parcours depuis ?

Depuis, on a signé pour trois livres : deux qui sortent à la fin de l’année, celui de Letizia Finizo et celui de Marie Peyrard. On a eu les financements pour tout le travail éditorial et de traduction pour le troisième ouvrage qui sortira l’année prochaine. Pour ce troisième livre qui est une traduction de l’espagnol au français, on a eu une subvention du ministère de la culture espagnol. On a entre 10 et 15 personnes qui ont travaillé sur les différents livres. J’ai fait un tour des librairies à la fin de l’été pour aller présenter la maison d’édition et les livres entre Nantes, Paris, Bordeaux et Bruxelles. Et on a aussi eu une donation du Fonds de dotation La LIG – Lesbiennes d’Intérêt Général –,le premier fonds de dotation français qui soutient des projets portés par des lesbiennes, pour des lesbiennes et qui œuvre pour leur visibilité, on a eu une dotation de 500€ qu’on a versé à sur la campagne Ulule et je les remercie énormément, c’est trop cool d’avoir leur soutien et leur confiance. 

Deux livres vont paraître prochainement : peux-tu nous les présenter ?

Le premier qui va sortir, c’est Te parler encore de Letizia Finizio, c’est son premier roman. C’est une autrice bruxelloise qui fait aussi du stand-up, elle a fait la première partie de Tahnee en début d’année et elle est aussi électricienne ! C’est un parcours un peu atypique puisqu’elle a commencé comme journaliste. Son premier roman est très court, c’est une auto-fiction : Letizia a perdu son père d’un cancer il y a quelques années et elle s’interroge sur comment recréer du lien et comment s’aimer et se pardonner. C’est sur le rapport parents-enfants. C’est un livre très court et très intense avec des pointes d’humour. Pour moi, c’était important de le publier en premier parce qu’il change de ce qu’on pourrait attendre d’une maison d’édition queer où on aurait pu imaginer une romance ou quelque chose comme ça. Sa queerness est évoquée mais c’est pas le point central, c’est vraiment la relation parents-enfant, qui peut être compliquée pour les queers mais pas seulement, beaucoup de gens peuvent s’y retrouver. Pour le deuxième livre, c’est le troisième ouvrage de Marine Peyrard et son premier roman. Elle avait publié il y a quelques années Viande à viol qui est réédité le 8 novembre et sort en même temps que À la fin nous ferons histoire. Ici, il s’agit de 4 adolescentes dans la Manif pour tous, qui sont en première. Juliette vient d’une famille très conservatrice qui va s’impliquer à fond dans la Manif pour tous et elle va tomber amoureuse de Romane, autour d’elles évoluent Silas, une jeune fille kabyle et Lou, un personnage qui est en questionnement sur son identité de genre. Pour ces deux derniers personnages, Marine m’a demandé de faire appel à des lecteurices sensibles, Soraya Amatousse Rekhroukh et Florence Rivières, qui est aussi auteur·e et a écrit Tu n’auras pas mon silence. C’est un roman un peu plus long en termes de pages, Marine a une écriture très poétique à laquelle on a voulu rendre hommage en aérant au maximum la mise en page. C’était important d’avoir quelque chose sur la Manif pour tous qui ne soit pas un essai, d’avoir un autre écrit qui soit beau et poétique aussi. 

En ce moment, tu es en pleine campagne de commandes sur Ulule, est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi ?

L’idée de passer par des pré-commandes fait partie du modèle économique que j’ai voulu mettre en place pour les éditions fier·es car l’éco-système du livre est compliqué et fait intervenir beaucoup de monde. Quand on achète en librairie, tout le monde se répartit ce prix-là et ça fait pas grand chose. Passer par des pré-commandes réduit le nombre d’intermédiaires. Pour un livre acheté en pré-commande, l’auteurice va toucher 20%, dans d’autres circuits, c’est plutôt entre 6 et 12%. Donc c’est un système qui permet de mieux rémunérer mais aussi de se rembourser le plus vite possible pour pouvoir partir sur d’autres choses. L’idée, c’est aussi aussi d’avoir les livres en avance, de mettre en avant les goodies et donc le travail de Rafaelle Fillastre qui a fait les illustrations, par ce système de pré-commandes, elle aussi va percevoir une part plus importante. Donc on va essayer d’avoir ce système pour les trois premiers livres, et on va voir ce que ça donne. 

Il reste 6 jours avant la fin de la campagne : comment tu te sens ? 

C’est très intense, je me sens épuisée mais en même temps les commentaires et les messages de soutien que j’ai reçus me montrent à quel point ce projet est important pour ce qu’il apporte dans sa globalité. Je ne peux que remercier toutes les personnes qui croient en ce projet. On sent que les 100% approchent, c’est un soulagement et en même temps, le travail n’est pas fini mais je ne peux que remercier les personnes qui ont cru dans ce projet !

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