éditions fier·es : une nouvelle maison d’édition à soutenir pour de meilleures représentations

Le monde du livre breton ne cesse de faire parler de lui : après les éditions Divergences qui ont annoncé l’ouverture d’un lieu de vie autour du livre à Quimperlé et le projet de librairie Les Vagues à Nantes, c’est à Rennes que ça s’agite avec les éditions fier·es qui se donne pour mission d’ouvrir le champ des représentations LGBTI dans la littérature. 

Après dix ans dans le marketing digital, Mélanie Molla a choisi de se réorienter car après avoir changé de job à de nombreuses reprises elle ne se retrouvait plus dans le modèle du salariat. Passionnée de lecture depuis l’enfance, elle cherchait à s’orienter dans l’édition depuis 2017. Trop peu d’expérience dans les métiers du livre ou trop d’expérience dans le marketing, elle ne parvient pas à intégrer les grands groupes d’édition : elle décide alors de se lancer à son compte. C’est comme ça que voient le jour les éditions fier·es. 

En 2020, lorsqu’on lui conseille d’employer ses compétences en marketing digital pour créer sa propre structure, Mélanie est confrontée à un problème de légitimité. Mais l’année suivante, lors d’un voyage à Madrid, elle entre dans la Librería mujeres et demande à la libraire s’il existe des romances lesbiennes qui se finissent bien, écrites par des femmes hispanophones. Et là, c’est la révélation. 

Là où en France, les librairies mettent en avant des essais et de la littérature théoriques,  Librería mujeres propose des oeuvres de fiction qui représentent des personnages queer. « C’est très bien mais parfois j’ai envie de lire autre chose, de m’évader, et c’est encore très rare. »

Depuis novembre 2023, Mélanie Molla travaille, toute seule, sur un projet de maison d’édition  qui ferait la part belle aux œuvres de fiction. « Vu que je n’ai pas d’expérience dans les milieux de l’édition, je m’entoure de personnes compétentes. Je sais qu’au départ je ne pourrai pas salarier des gens mais je veux m’entourer d’indépendantes du secteur de l’édition : correctrices, relectrices, éditrices… » En cinq mois, c’est un projet extrêmement bien ficelé que défend aujourd’hui Mélanie qui a déjà pour projet de publier trois romans dès le lancement de la maison d’édition. 

Loin des clichés sur un monde de l’édition où il est difficile de faire bouger les choses, Mélanie a eu l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes très bienveillantes qui l’accompagnent dans son projet. « J’ai hésité à me former sur les métiers du livre mais ça impliquait des formations longues alors que j’avais déjà à créer la structure, gérer la partie marketing, gérer la partie financière, c’est ça ma valeur ajoutée. Evidemment, il y a aussi les premiers livres à lire pour savoir si ce sont des ouvrages que je veux proposer à un public queer mais après je vais travailler avec d’autres personnes qui ont les compétences. » Lucide, Mélanie sait quelles sont ses forces et ses faiblesses : on ne peut pas s’improviser éditrice du jour au lendemain. 

Mais, par la ligne éditoriale de sa maison d’édition, elle entend bien sortir des schémas caricaturaux et des représentations stéréotypés : « dans les romans gay, il y a presqu’à coup sûr un des partenaires qui meurt du SIDA, en ce qui concerne les couples lesbiens, souvent l’une se suicide, qui meurt ou retourne avec son ex petit-ami ou mari. Mais peu importe les sujets qui vont être abordés, je veux qu’on ait plus de représentations LGBTI. Peut-être qu’au début, il y aura plus de personnages lesbiens, étant moi-même une femme lesbienne mais je ne veux pas me cantonner à ça. Je veux qu’on puisse se dire : je recherche un roman avec un personnage queer et je sais que cette maison d’édition va m’apporter ça.»   

Ne travaillant avec aucun diffuseur pour l’instant, les éditions fier·es pourront avoir une grande liberté et ne pas se limiter à un genre ou à une thématique. Dans la mesure du possible, les ouvrages seront rédigés de préférence par des concerné·es :  « tu sens que l’auteur·trice parle depuis son propre vécu lorsqu’il y a quelque chose de vibrant, de sincère.» 

Reste plus qu’à finaliser des questions financières : comme pour tout, l’argent est le nerf de la guerre. Mélanie a donc lancé une campagne de financement participatif qui lui permettra de défendre son projet devant les banques maintenant que son prévisionnel financier a été validé par un·e expert·e comptable. 

Pour soutenir le projet, vous pouvez contribuer au crowdfunding sur Leetchi.