Vendredi 1er novembre, dans le cadre du festival Bizarre, Nuit Brune s’associe pour la première fois à l’iconique collectif Kluster pour une soirée incendiaire. Techno, Reggaeton, performances et vibes bouillantes de 23h à 6h. Rencontre avec Tatiana et Amélie (aka Gotis, que l’on retrouvera derrière les platines) de Nuit Brune.
Nuit Brune est né dans la tête d’Amélie, il y a cinq ou six ans alors qu’elle organisait des événements plutôt à destination d’un public majoritairement hétéro et masculin. En tant que lesbienne, elle ne se retrouvait pas forcément dans l’offre de soirées à Montpellier à l’époque et elle a eu envie de se lancer et de monter ses propres soirées. Tatiana qui l’a suivie sur ce projet renchérit : « encore aujourd’hui à Montpellier, dans le milieu des soirées, les orgas sont majoritairement des mecs » C’est en 2022 qu’elles lancent ensemble Nuit Brune.
À la même époque, Tatiana découvre le milieu militant montpelliérain en prenant part aux collages féministes, et c’est comme ça qu’elle a rencontré les personnes avec qui elle a organisé ses premières soirées en non-mixité. À l’époque, elles font le constat qu’il n’y avait que peu d’espaces pour elleux, et que dans les bars gays (majoritaires à Montpellier dans le milieu queer) on leur parlait de cas de lesbophobie et de misogynie qui ne donnait pas forcément envie. Après avoir fait le constat du succès de soirées dans des apparts trop petits. L’idée d’Amélie correspond à ces soirées en apparts qu’organisait Tatiana. La première soirée a eu lieu à l’Antirouille, une toute petite salle montpelliéraine : « c’est une petite boîte de ville qui se remplit très rapidement mais il y avait les questions de safeness qui revenaient à chaque édition. » Les lieux ont leur public d’habitué·es qui commencent à peine à prendre en considération les questions d’inclusivité. Ainsi, Nuit Brune est le premier collectif à avoir mis en place des équipes de safeness pour ses événements à Montpellier. Amélie complète : « Pendant un an, on a fait un gros travail d’éducation, avec les équipes de sécurité et les patrons du club. » Confrontées aux difficultés de faire vivre financièrement le collectif dans le club, les organisatrices ont également fait le choix de se tourner vers des lieux plus grands pour accueillir un public toujours plus nombreux : « En plus, pour faire respecter nos valeurs, c’était compliqué, leur faire comprendre qui pouvait entrer et qui ne pouvait pas. » explique Tatiana.
La dimension militante du collectif est très affirmée dès le départ puisque dès la troisième édition, elles ont commencé à organiser des collages au sein même du club. Elles ont alors développé le concept dans un autre club, plus excentré mais qui permettait d’exploiter tout le potentiel du collectif. Toutefois, le Dièze a accueilli un meeting de Zemmour au lendemain d’une soirée Nuit Brune. Le fait que le club soit également totalement privatisable, y compris pour des événements qui ne correspondent pas aux valeurs du collectif, les a amenées à se détourner de ce lieu pourtant très en vue dans le milieu de la nuit et de la techno montpelliéraine. Depuis deux éditions, Nuit Brune a investi le Rockstore, une autre boîte de centre ville qui peut accueillir 800 personnes. Le collectif s’associe avec Show me love qui fait de la prévention et du care sur les événements de Nuit Brune, toujours dans l’idée de proposer une vision plus safe de la fête.
L’objectif est de créer des espaces de fête pour les personnes queer : il ne s’agit pas de proposer des événements en non-mixité mais de réussir à associer les personnes allié·es. Tatiana explique : « La question de la mixité est très importante, on ne fera pas avancer les choses sans associer toutes les personnes queer mais aussi les allié·es. La fête est une manière très accessible de faire passer des messages. C’est plus facile de véhiculer des messages comme ça qu’en restant qu’entre nous. La non-mixité a du sens mais devrait être réservée à d’autres moments que la fête. En plus, c’est pas parce que t’es lesbienne, parce que t’es une personne trans que t’es pas potentiellement un·e agresseure, donc il faut faire passer ces messages tout le temps et pour tout le monde. »
Le collectif montpelliérain va s’installer derrière le booth de à la folie en s’associant au collectif parisien Kluster le 1e novembre prochain dans le cadre du festival Bizarre. La collaboration s’est faite de façon naturelle après la participation de Nuit Brune à un talk autour du care en milieu festif.
Côté ambiance musicale, les DJs de Nuit Brune annoncent une ambiance « techno twerk » : « à la base, on voulait trouver l’équilibre entre mon univers musical et celui d’Amélie [Gotiss], moi je suis plus reggaeton et tout ce qui fait twerker, bouger les fesses quoi et Gotis est plus issue d’une culture techno.» C’est aussi la force de Nuit Brune qui a proposé une autre ambiance musicale aux queers de Montpellier qui avait principalement le choix entre des soirées pop. C’était aussi important de proposer un espace où se reconnaissent les personnes racisées qui n’ont pas forcément leur place dans les soirées pop. Le 1e novembre, on retrouvera Gabbor derrière les platines, qui joue une techno sexy. Müne, une des résidentes de Nuit Brune proposera un set plutôt afrohouse tech house. Gotis joue quant à elle plutôt reggaeton twerk techno et enfin Elona jouera plutôt de la trans. Eclectisme côté musique donc, mais aussi des perfs incroyables de Capitaine Pox et Levo Evolove.
Pour conclure, Gotis rigole : « Si vous aimez pas Halloween, venez danser avec nous le 1e ! » Pour vous permettre de découvrir ce collectif montpelliérain qui renouvelle les propositions festives que l’on peut avoir à Paris, Friction Magazine vous fait gagner des places pour la soirée ! RDV sur Instagram pour jouer !