Sufjan Stevens vient de sortir son dernier petit bijou nommé Javelin. Un album qu’il a dédié à son défunt amoureux, Evans Richardson. Par une simple publication sur Instagram, le chanteur américain a ainsi fait part de sa peine et de l’importance que revêtait cet album pour lui.
Alors oui, c’est vrai, cet album, c’est du Sufjan Stevens tout craché. Les cœurs lancinants, les cordes délicates et leurs aigües, les évocations de la nature ou de Dieu… Le chanteur se rapproche davantage de ce pour quoi on le connaît le mieux, rappelant son Carrie and Lowell. Pourtant, difficile de lui reprocher de ne rien changer lorsqu’on a déjà écouté ses derniers albums bien plus originaux, voire désarmants à l’écoute (on songe notamment à The Ascension et ses longs morceaux à l’allure désordonnée).
Mais voilà, la force de Sufjan Stevens, c’est sa puissance dans sa simplicité. Cet album ne déroge pas à la règle puisqu’il enchaîne les morceaux à la douceur folle, agrémentés souvent de grandes ascensions constituées de tambours et d’une voix si fragile qu’elle semble pouvoir se briser au moindre instant. Mais impossible de faire la moindre erreur pour un artiste qui, après une si belle carrière, semble tout maitriser avec une simplicité feinte. Les paroles, toujours d’une retenue élégante, font mouche, sonnent comme des serments d’amour ou d’abandon. Comme à son habitude, on ne sait jamais complètement de quoi il parle, et pourtant tous les mots s’arrangent dans une précision mystérieuse et notre esprit s’empare de ses paroles pour y transposer nos émotions toutes personnelles. Un sentiment particulièrement omniprésent à l’écoute de My Red Little Fox, morceau de mi-album. Les chansons s’enchaînent avec évidence, formant un ensemble profondément cohérent, s’achevant par Shit Talk et There’s a World qui clôturent l’écoute par une puissance folle.
L’écriture et la musique de Sufjan Stevens a toujours semblée être faite d’une eau claire, celle qu’on voyait tomber en cascade dans Call me by your name, dans une scène où une de ses chansons dévoilait toute sa force romantique. Ses grandes montées telles des courants impétueux, sa voix semblable à une menue rivière sinuant entre ses orchestrations parfois grandiloquentes… Ses morceaux laissent toujours, encore après tant d’années, cette impression de grande pureté, d’honnêteté salvatrice.
Javelin est larmoyant de la plus belle des façons. De ce mélodrame de garçon qui pleure, qui est amoureux et, avec ce que l’on sait de la vie personnelle du chanteur, qu’on relie forcément avec la perte de l’homme qu’il aime.