EXCLU « Karmische Schulden » de Mala Ika : la nouvelle sortie sur Les Disques du Lobby dont nous avons parlé avec Ixpé

De chaine Soundcloud mettant en avant les producteur·trice·s LGBT, les Disques du lobby se sont mués en véritable label… qui sort son deuxième disque : Karmische Schulden de Mala Ika (en exclu dans cet article 👇). L’occasion de poser quelques questions Ixpé, incontournable DJ et organisateur de soirées de la scène queer parisienne et fondateur des Disques du lobby.

Hello Xavier, est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi Les Disques du lobby — qui était un projet visant à mettre en avant des artistes queers — s’est mué en label ? Qu’est-ce que ça change concrètement dans votre façon de travailler ?

Je crois que c’était inévitable que le projet devienne un label. C’était une envie de base mais j’avais peur d’y aller, de le faire mal. Je ne regrette pas du tout le début des Disques du lobby qui m’a permis d’aborder la question de la visibilité des artistes LGBTQI+ d’une autre manière, celle d’une chaine Soundcloud d’avant-premières de morceaux. Mais effectivement cela change beaucoup mon approche du projet. Avant, je publiais un nouveau morceau par semaine, tous styles confondus. Aujourd’hui, je prends le temps de travailler les EPs, j’investis de l’argent de ma poche dans le mastering pour que les titres sonnent bien et puissent être joués dans tous les clubs. Du coup les sorties sont beaucoup plus éloignées les unes des autres mais elles ont bien plus de gueule 🙂 

Est-ce qu’il y a des sorties physiques des morceaux ? Comment se passe la distribution des morceaux ?

Le label est full digital et le restera (a priori). Les sorties vinyles demandent une toute autre organisation et une autre économie aussi. Je n’ai malheureusement ni l’une ni l’autre. En digital, on passe par Underscope, un service créé post-confinement par Brice Coudert de Concrete, qui a pour but de mieux visibiliser les musiques électroniques françaises sur les plateformes de streaming. C’était donc un choix assez évident. 

Pour l’instant il s’agit de sorties de titres uniques accompagnés d’un remix de qualité à chaque fois. Est-ce que tu peux nous parler de ce choix ?

J’avais déjà au début du projet sorti des remixes, et je me suis rendu compte que la rencontre musicale entre deux artistes qui n’auraient peut-être pas pensé l’un·e à l’autre était ce qui m’excitait le plus. Bien sûr, cela se fait en entente avec elleux, mais dès que j’approche un.e artiste pour une sortie, j’ai déjà en tête plein de possibilités de remixeur.se.s que je trouve intéressantes à lui proposer. 

Il s’agit avant tout de mettre en avant les musiques électroniques. Pourquoi ?

Les Disques du lobby sont nés en partant tout terrain dans tous les styles. Et finalement, je me sentais bien plus à l’aise avec les musiques électroniques, que je maîtrise plus. C’est important quand on gère un projet de pouvoir comprendre la musique que l’on sort. Mais attendez-vous à ce que le label aille chercher dans tous les recoins de cette scène : house, techno, trance, breakbeat … J’ai aussi envie de surprendre et de me laisser surprendre moi-même. 

Comment s’effectuent les collaborations avec les artistes ? Les premières sorties font la part belle à des figures émergentes (Ok Pal et Mala Ika) de la scène parisienne. Tu peux nous parler de ces choix ?

J’ai eu besoin d’aborder ce virage label avec des gens de mon entourage, ça me rassurait. Ok Pal! est un très bon ami, Calling Marian avait déjà sorti un morceau sur les Disques du lobby et le prochain EP qui sort le 24 mars contient aussi deux productions de bonnes copines : Mala Ika et Desire. Promis, je commence à m’ouvrir dès la sortie d’après 🙂 Je peux déjà annoncer que le morceau principal sera signé par un jeune producteur montpelliérain, CABALE. Je tiens à garder cette approche d’artistes émergent·e·s qui est dans l’ADN même du projet. Après, si Jennifer Cardini, Rebeka Warrior ou Kiddy Smile veulent produire des titres ou des remixes pour les futures EPs et soutenir des jeunes pousses, la porte est ouverte ! 

Les remixes sont presque aussi importants que les morceaux en eux-mêmes. Est-ce que tu peux nous en parler également ?

L’idée est exactement celle-ci, tu as raison, d’avoir les deux titres au même pied d’égalité, contrairement à une sortie classique. Ça doit rester un projet global sans hiérarchie, qui présente l’univers et la rencontre de deux artistes.

Pour finir, un petit mot sur l’artwork qui apparaît comme une partie intégrante du projet en accompagnant chaque sortie ?

Et justement, l’artwork est un outil important pour montrer cette égalité entre les artistes. Toujours dans cette volonté de visibilité, c’était essentiel d’avoir leurs visages et leur identité queer en premier contact avec le public. Ma référence a été l’univers des compilations Kitsune, avec lesquelles j’ai grandi. J’ai la chance de collaborer avec un copain de longue date, Quentin Lucas Gourdon, dont j’adore le travail sur les couleurs, sur le dessin. C’est fun, beau et efficace !