Les 17 et 18 mai, Friction était au festival Le Bon Air à Marseille. Impossible de rater Kabylie Minogue qu’on suit depuis longtemps et qui nous avait fait l’honneur de jouer à notre soirée de soutien au BAAM en 2020. On en a posé quelques questions à Kheireddine juste après leur set !
Pour commencer, comment ça s’est passé ton set ? Tu l’as vécu comment ?
Trop bien ! On est deux, donc souvent parfois pour moi ça se passe bien, pour Jad un peu moins bien… mais là je crois que pour cette date-là tous les deux on était bien, on était contents. Au point qu’on savait pas qu’on allait aller jusqu’à ce BPM et cette énergie. Parce que l’énergie des gens devant nous, ça nous a pris et on est allés jusque là !
En vous écoutant jouer, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup plus de techno et de drum’n’bass sur la fin du set là, ça tapait vachement plus que dans mon souvenir. C’est venu de quoi cette évolution du son ?
Si on parle de drum’n’bass et tout ça, Jad, c’est quelqu’un qui écoute ça depuis longtemps : jungle, two step et plein de trucs. Il est dans tous les rythmes breakés et je sais qu’il écoute ça depuis plus longtemps que moi donc c’est pas vraiment une évolution : c’est beaucoup plus le fait d’avoir accès à d’autres scènes et horaires.
On est DJ et on sait que notre boulot, que ce soit moi ou Jad, c’est de faire passer un bon moment aux gens qui sont devant nous. À chaque expérience, on essaie de s’adapter au mood général des gens qui nous accueillent, tout en gardant notre identité.
Petite question bête : c’est quoi l’influence de Kylie Minogue sur Kabylie Minogue ?
C’est cette touche de liberté : je crois que ce soit moi ou Jad, on est trop attachés à ce concept de liberté et surtout d’expression de soi. Kylie Minogue, c’est une icône de l’expression de soi et d’affirmer ce qu’on est. Je crois que c’est un des trucs qui restent toujours là.
Pour revenir un peu à votre dernier EP, il est intitulé Assess (أساس). J’ai lu que c’était « la base », « le fondement » : c’est le fondement de quoi ?
Assess, c’est la base parce qu’on est aussi producteurs, on n’a sorti que deux sons pour cet EP et c’est deux sons qui nous représentent et qui sont complètement différents. Mais on a mis ce qui était important pour nous réellement que ce soit musicalement, que ce soit dans l’expression d’un message, que ce soit dans la création artistique. On voudrait probablement créer beaucoup plus d’EP et beaucoup plus de tracks, et on considère que pendant toute cette période-là, on commence à avoir un petit peu de connaissances dans la production aussi et dans la maîtrise de l’outil, de la théorie musicale, tout ça tout ça.
Votre sortie, c’est avec Artists against Apartheid. Il y a cet aspect engagé, vous avez sorti le drapeau palestinien tout à l’heure : comment tu le vois cet aspect un peu plus politique, militant ?
En tant qu’artistes, on est obligés d’être politiques, du moment où notre Boiler Room on commence avec « La France tu l’aimes ou tu la quittes » c’est qu’on est déjà politiques.
Mon engagement, si je peux dire politique, il est présent de la part de mon existence. Du moment où j’existe, où j’exprime, où je commence à parler avec des gens, je suis déjà politique. Je ne veux pas le séparer de l’artiste en disant « Je ne dois pas du tout parler de ça ». C’est des causes qui me tiennent à cœur et à un moment donné j’adhère à ça et je ne réfléchis même pas : il n’y a pas une réflexion derrière ça. On est pour tous les mouvements de libération dans le monde, que ce soit des peuples ou des individus.