« La Communale » : roman d’immersion dans les milieux militants rennais

Sorti en mai 2019, La Communale est le premier roman de Marc Faysse. Librement inspiré de sa vie, il y montre les aventures extrêmement quotidiennes d’Achille et de ses amis, qui tentent l’aventure du squat en plein mouvement contre la Loi Travail, en 2016.

Une ancienne école, abandonnée. Un soir de fin d’été, ils décident de s’y installer et d’en faire le cœur de la vie militante de la ville, de faire de La Communale, comme elle s’appelle désormais, le lieu incontournable.

Extrait :

Dans les derniers rayons du soleil, j’achète deux cachets d’extasy, et je lui en propose un. Il s’appelle Jules, il habite Nantes, et c’est tout ce que je ne saurai jamais. Les pilules sont sacrément fortes, nous dansons déjà face-à-face, torses nus, devant les baffles sous le chapiteau, éclairés par des traits blancs et rouges. Au milieu de la foule, alors que le silence est retombé pendant le changement de plateau, Jules m’enlace, et je lui rends son étreinte, puis il glisse dans mon oreille : « Tu sais c’est la première fois que je fais ça, et je pense que je m’en fous. »

Cette nuit-là est la nôtre, et nous dansons jusqu’à ce qu’il ne fasse plus nuit, jusqu’au dernier clap, et alors nous marchons pour trouver l’endroit calme qu’il nous faut. C’est un coin de carte postale, un tapis d’humus sec, au pied d’un grand orme éclairé, sculpté de toute sa hauteur par le soleil rasant du matin. Un merle chante, juste au-dessus de nous. L’extasy colore tout ce que je vois, et j’ai la soudaine sensation que nous sommes là où nous devons être, qu’il n’y a pas d’erreur. Nous nous endormons, laissant nos corps évacuer les dernières molécules, détendant nos muscles un à un, chauffés par les rayons du printemps, lovés l’un contre l’autre. Vers dix heures, je l’embrasse, et je pars, le laissant dormir au milieu de la carte postale. Je ne reverrai jamais Jules.

Sur fond de mouvement social, de radicalité militante, et de vie festive intense, le lecteur plonge avec le narrateur dans les questionnements universels du récit initiatique : identité, amitié, amour, place dans le groupe, etc.

L’auteur a, volontairement ou non, placé l’homosexualité de son narrateur dans un angle mort du récit, ce qui interroge sur la facilité d’exprimer une identité queer dans certains milieux de la gauche radicale, tout en proposant une lecture critique des processus d’embrigadement parfois à l’œuvre.

Le livre ne donne aucune réponse, il se veut un témoignage d’immersion dans une année unique d’un personnage en quête de sens, en quête d’idéal, et d’une génération qui cherche, la rage au ventre, à trouver une manière de vivre qui vaille la peine

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