Le BAAM indésirable à Paris : pas de quartier pour les migrant·e·s !

Fini les Grands Voisins : depuis le 6 septembre, le BAAM, Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrant·e·s, cherche un nouveau local. En l’absence d’une solution de relogement de la part de Plateau Urbain (la coopérative spécialisée dans « l’urbanisme transitoire ») ou d’Aurore, qui co-gèrent les Grands Voisins, le BAAM a publié un appel qu’on a choisi de relayer.

Le BAAM indésirable à Paris : pas de quartier pour les migrant·e·s !

Le Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrant·es (BAAM) est une jeune association parisienne fondée en 2015 qui fournit des conseils juridiques, propose des activités culturelles et dispense des cours de français aux personnes en situation d’exil. Elle compte un millier d’adhérents et rassemble, au sein de ses permanences, 350 bénévoles actifs. La semaine dernière, à l’occasion du premier BAAM Festival organisé par l’association, 5000 personnes et une quarantaine d’artistes sont venues célébrer la solidarité, la justice et la liberté de circulation et d’installation pour tous·tes.

Pourtant, depuis le 6 septembre dernier, le BAAM n’a plus de locaux pour exercer ses activités.

Jusqu’alors, notre association occupait un espace au sein des Grands Voisins, un ancien hôpital que la Ville de Paris avait mis à disposition de l’association Aurore et de Plateau Urbain dans l’attente de sa réhabilitation, c’est-à-dire de son passage à des promoteurs et bailleurs. Comme les autres occupants des lieux, le BAAM reversait chaque mois une somme non-négligeable à Aurore. Le succès de cette formule auprès des associations et des auto-entrepreneurs, figures modernes du précariat, n’a rien à voir avec le modèle « utopique » dont elle se drape. Ces structures ont simplement besoin de locaux pour exister et n’ont aucune possibilité d’en trouver sur le marché classique. Il faut voir l’accueil frileux réservé aux migrant·es par les bailleurs privés…

Plateau urbain et Aurore ont aujourd’hui le quasi-monopole des espaces que convoitent les structures comme le BAAM. Mais aucune solution de relogement ne nous a été proposée par ces deux organismes. Chantre auto-proclamé de l’Économie Sociale et Solidaire pour l’un, association majeure de l’insertion sociale pour l’autre, ils ont pourtant largement profité de la présence du BAAM aux Grands Voisins, entre migrants-washing et travail gratuit. Par ses actions, le BAAM a en effet largement pallié les lacunes des structures d’Aurore en termes d’accompagnement juridique, mais aussi d’enseignement du français ou sur d’autres problématiques. Relevons que ces faiblesses sont inhérentes à toutes les associations auxquelles l’État délègue ses missions, jusqu’à en faire ses prestataires. Sur les camps comme dans les centres, celui-ci se décharge ainsi de ses responsabilités.

Alors que Plateau Urbain nous avait fait miroiter une issue favorable en affichant un intérêt prononcé pour notre projet, nous avons eu la désagréable surprise d’essuyer un refus à peine motivé. Nous dénonçons l’opacité de la procédure, ainsi que son caractère profondément injustifié. Avec ce modèle « d’urbanisme transitoire » Plateau Urbain se targue de dynamiser le monde associatif. Il contribue en réalité largement à le fragiliser en empêchant les structures d’accéder à des locaux pérennes. En affaiblissant les associations, il participe directement à faire reculer la démocratie. Si ces constats sont rageants, il n’est hélas pas surprenant de voir Aurore participer à cette mascarade. Le Conseil d’Administration de cette association, en particulier son bureau, est composé en grande partie de promoteurs immobiliers, d’affairistes en tout genre et d’anciens élus de la droite libérale. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les dirigeants de Vinci bradent les valeurs de la solidarité et de la justice sociale pour favoriser l’émergence de programmes immobiliers. Néanmoins, on aimerait bien qu’on nous explique l’intérêt de la Mairie de Paris à tremper dans ces échanges de services entre amis ?

Tout comme les migrant·es, les associations qui leurs viennent en aide sont chaque jour invisibilisées et repoussées au-delà du périphérique. La crise de l’accueil, elle, demeure. Il s’agit, particulièrement à Paris, de faire de la ville une vitrine, un espace commercial, sans être dérangé par l’expression démocratique des idées et la défense des vies humaines, considérées comme des nuisances. Il ne fait aucun doute que les mobilisations portées par le BAAM, notamment au moment de la loi Asile et Immigration, réveillent les consciences. Et il ne faut pas croire que c’est en nous privant d’un local qu’on nous fera taire.

Prochainement, le BAAM va lancer une pétition à signer massivement par tous.tes, accompagnée d’une campagne de communication sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette politique qui cherche à nous exclure.

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