Nous ne voulons pas mourir parce que nous sommes pédés
« Samuel a été tué parce qu’il était pédé. Nous le répétons : Samuel a été tué parce qu’il était pédé ! »
Ce sont les mots du Movimiento Marika de Madrid (MMM) : ils parlent de Samuel Luiz, mort le 3 juillet dernier en Galice après avoir été attaqué par 13 personnes.
On croit souvent qu’on n’est plus tué de nos jours en Europe lorsqu’on est gay. C’est faux. Les pédés sont assassinés en Espagne. Les pédés sont aussi assassinés en France :
- avril 2019, Villejuif : Daniel est tué par un homme rencontré dans un bus de nuit ;
- mars 2018, près de Lyon : un homme de 63 ans est tué de 260 coups de ciseaux par un homme rencontré sur un site gay ;
- janvier 2018, Jouy-Le-Moutier : un comptable homosexuel de 55 ans est tué à la suite d’un traquenard sur internet ;
- octobre 2016, Béthisy-Saint-Pierre : Nicky R., salarié du Parc Astérix, est tué d’un coup de couteau à la gorge par un homme avec qui il avait rendez-vous ;
- août 2016, Pointe-à-Pitre : Patrice G. est tué par 2 hommes ;
- 2016, Vernoil-le-Fourrier : un homme est tué par sa femme parce qu’il est gay ;
- janvier 2016, Pointe-à-Pitre : un homme homosexuel est séquestré, torturé et tué par quatre hommes ;
- novembre 2015, Paris : Mario R., ex-steward en partie paralysé, est tué à son domicile par deux hommes qui voulaient racketter de « vieux » homosexuels « pleins aux as » ;
- février 2015, Capestang (Hérault) : un retraité homosexuel est tué par un homme de 34 ans.
Il ne s’agit ici que des meurtres qui ont fait l’objet d’un article, souvent classé dans la rubrique « Faits divers », souvent plusieurs années après les faits : on peut donc supposer qu’ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. À cette liste déjà trop longue s’ajoutent des dizaines de tentatives de meurtres, guet-apens, attaques au couteau…
Nous ne pouvons même pas dire que nous en avons marre de compter nos morts : on ne les compte même pas. Les meurtres de pédés sont peu médiatisés, peu relayés : nous n’en entendons pas parler. Ces hommes ne semblent visiblement même pas mériter que l’on cite leurs noms.
Nous affirmons que ces meurtres ne sont ni isolés ni marginaux. Ces hommes sont morts parce qu’ils étaient pédés.
Les meurtres des nôtres nous rappellent ceux de nos sœurs trans, Vanessa, Jessyca, Paula et toutes les autres : nous savons qu’il existe un continuum entre ces violences.
Nous ne voulons pas mourir dans le silence et l’indifférence. Nous ne voulons pas avoir peur. Nous ne voulons pas mourir parce que nous sommes pédés.
Pour Samuel Luiz en Espagne mais aussi pour Daniel, Michel, Mario, Mickaël, Patrice et Nicky en France, pour David en mars en Belgique et Normunds en avril en Lettonie. Pour toutes les victimes, rassemblons-nous pour dénoncer les violences qui touchent les pédés.
Rendez-vous dimanche 11 juillet à 15h devant l’ambassade d’Espagne.