Shemale Trouble, 2 ans déjà

Un nom merveilleusement trouvé (en référence à John Waters), des visuels intersidéraux signés Maïc Batmane ou Tom de Pékin, une cave voutée pour les concerts intimistes comme pour des DJ sets enflammés, une ambiance quasi-familiale : en deux ans, la Shemale Trouble s’est imposée comme une des soirées les plus précieuses et attendues du Paris queer militant. Et oui, tu as bien lu : deux ans déjà ! Demain, vendredi 30 Juin, Shemale Trouble revient donc au Klub pour fêter ses noces de queer. L’occasion pour Friction de faire le point avec Naelle et bruce, les deux organisateurices de cette soirée par et pour les trans.

SHEMALE TROUBLE #9, crédit photo Gaëlle Matata

Friction : Qui êtes-vous ?

Shemale Trouble : Nous sommes un collectif composé de deux personnes trans, bruce et Naelle. On a touTEs les deux évolué de façon différente dans le milieu de la nuit avant de lancer notre propre soirée il y a deux ans. On a une résidence au Klub, un petit club très central qui a toujours été accueillant envers notre communauté (la soirée Afrodisiack existe depuis une vingtaine d’années !)

Pourquoi avoir lancé Shemale Trouble ?

On est partiEs du constat qu’il n’existait pas à Paris de soirées au format clubbing qui étaient faites par et pour les trans. On avait envie d’offrir un espace de fête, de lâcher prise tout en étant le plus inclusif et le plus safe possible. C’est aussi un espace d’expression pour des artistes qu’on entend trop peu : trans évidemment, mais aussi meufs, raciséEs, gouines…

SHEMALE TROUBLE #9, crédit photo Gaëlle Matata

Comment articuler clubbing et militantisme ? Comment y travaillez-vous ?

On considère que notre soirée n’est pas militante en soi mais plutôt qu’on l’organise de façon militante. Évidemment, il y a aussi une part d’activisme culturel qui n’est pas négligeable.

Cela passe donc par le fait de composer un plateau cohérent, de qualité, mais aussi inclusif. Sur la com également, on fait en sorte d’être clairEs sur le fait que notre soirée est open mais que c’est une soirée avant tout pour les trans.

Il y a donc tout ce qui se passe en amont mais aussi la façon dont la soirée se déroule: on fait en sorte d’avoir toujours une table de prévention et de réduction de risques, on a une attitude à la fois bienveillante mais ferme (on prend soin des gentes mais on ne laisse pas passer n’importe quoi)…

Bref, on essaie d’offrir un espace où les personnes qui pourraient être sur leurs gardes dans d’autres soirées, se sentent à l’aise. Enfin, on pratique des tarifs abordables notre but n’étant pas de s’enrichir sur le dos d’une communauté encore, hélas, bien trop précaire.

SHEMALE TROUBLE #9, crédit photo Gaëlle Matata

Deux ans après, quel bilan tirez-vous ?

On est contentEs: la soirée a trouvé son public, on parvient à réunir des gentes de 17 à 77 ans d’horizons différents. On est aussi ravies d’avoir pu booker de supers artistes comme Kiddy Smile, Maud Geffray, Léonie Pernet mais aussi de laisser la place aux copines qui débutent.

Quel est votre meilleur souvenir de la Shemale Trouble ?

Quand une personne trans t’envoie un mail pour s’assurer que la soirée ne sera pas annulée car elle traverse la France en TGV pour venir s’amuser.

SHEMALE TROUBLE #9, crédit photo Gaëlle Matata

Avez-vous des regrets ou des craintes ?

On regrette de ne pas pouvoir accueillir tout le monde à cause de la taille restreinte du club. On aime l’idée de se retrouver dans un lieu à taille humaine, mais en contrepartie, cela comporte aussi des contraintes en terme de budget.

Quels sont vos projets ou envies pour la suite ?

Dans un avenir proche, on passe du son au festival Loud & Proud le 8 juillet. On prépare également une énorme surprise à l’occasion de l’Existrans, avec des têtes d’affiches de renommée internationale. Pour l’occasion, on investira un lieu qui réunira, on l’espère, environ 1000 personnes !

SHEMALE TROUBLE #9, crédit photo Gaëlle Matata

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