1995 : une des pires années de l’épidémie de VIH-sida. C’est à ce moment que Philippe Joanny situe son roman.
On y voit se déployer le « privilège pédé » des années 90 du début à la fin : mourir. J’avoue, je ne m’attendais pas à ce que j’ai appris dans ce roman autobiographique qui mêle histoire de la santé communautaire pédé, anecdotes personnelles, portrait d’une époque, d’un Paris qu’on ne connaît plus, le tout avec un brio littéraire festif rare.
Poignant sans tomber dans le pathos, grave sans déprimer, très visuel, Philippe Joanny Madesclaire nous plonge dans l’une des années les plus mortelle du SIDA.
Le film 120 battements par minute avait mis les projecteurs sur les militant·e·s d’Act-up, l’auteur de 1995 choisit de conter la vie du quidam. De cette bande de potes que tu vois souvent traîner aux Souffleurs, que tu croises à la Flèche ou aux Mots à la bouche. Tu les salues, tu les fantasmes, les baises, personne n’a 30 ans. Fleur de l’âge. Et la drogue pour tenir.
Une histoire qu’il faudrait lire à l’école car elle n’a pas été enregistrée, elle n’est pas assez honorée, amende honorable n’a pas été assez faite par les institutions qui ont brillé par leur inaptitude à gérer. Une histoire qu’il ne faut pas oublier car elle fait partie des fondements de la santé communautaire (que je connaîs assez mal).
Pour honorer les survivants, les morts, les militants, les vieilles pédales et leurs blessures lisez 95 sans oublier que le VIH tue encore même si, grâce à la PrEP et aux traitements récents, la mort imminente reste loin de nos vies. L’épidémie n’est pas finie.
Et si l’avis de Friction ne suffit pas, alors je vous invite à lire les chroniques publiées dans Liberation, Le monde des livres ou encore Telerama !