Thx4Crying : la nostalgie du skyblog émo qui nous manquait sans qu’on le sache

Merci d’avoir accepté cette interview. Dans un premier temps, peux-tu nous rappeler  l’origine de ton pseudonyme ?  

Thx4Crying, c’est une référence à mon adolescence, quand j’étais emo avec une grande mèche  et que je passais tout mon temps sur skyblog et msn. 

© Florian Salabert

 Le pseudonymat, c’est ce qui permet d’ « être quelqu’un d’autre » ?  

Dans ma chanson « montagne d’émeraudes », je parle du fait de ne pas être libre d’être soi même  dans la vie réelle, et de se réfugier dans des mondes virtuels pour s’accomplir différemment. Ça fait écho encore une fois à des moments difficiles de mon adolescence, et à une partie de ma  vie de jeune adulte. A des histoires d’amitié, d’amour, de musique, qui n’ont eu lieu que  virtuellement, mais qui n’était pas moins importantes pour moi.  

Créer un pseudonyme, je ne pense pas que ça me serve à être quelqu’un d’autre, ce n’est pas  forcément mon envie. Au contraire, je vois plutôt ce pseudonyme comme une façon de recoller  les morceaux, de réunir le moi d’internet et le moi réel qui écris des chansons et va les chanter  sur scène.  

 Tu mets en avant l’esthétique emo de ton projet : qui sont les emos aujourd’hui ?  

Il y’a plein d’artistes que j’aime beaucoup et qui pourraient être considéré.es comme emo,  dans le sens où ce sont des artistes qui partagent je crois certaines références communes, et qui  n’ont pas peur d’exprimer leur tristesse et l’intensité de leurs émotions.  

 Parmis elleux il y’a notamment Théa (qui vient de sortir son premier album <3 ), Lësterr (qui  prépare aussi un superbe album), Thanas (une artiste maxi talentueuse et sûrement la plus  productive que je connaisse, qui a notamment réalisé un remix sur mon EP), Bromaz, dont j’ai  beaucoup écouté le dernier ep Disaster <3 … 

 On peut presque reconnaître des influences d’Indochine ou de Mylène Farmer. Peux-tu  nous parler de ce qui t’inspires musicalement ?  

Mes inspirations musicales sont assez diverses. Je suis fan simultanément de Britney Spears et de Evanescence depuis mes 9 ou 10 ans environ, puis j’ai en effet pas mal écouté des groupes  comme Indochine ou Superbus quand j’étais au collège, mais aussi beaucoup de musique  indienne, du jazz, puis j’étais fan de Owl City, de My Chemical Romance, Paramore, Lana Del Rey  et j’en passe.. Plus tard j’ai découvert Sophie, l’hyperpop, Hannah Diamond, les mouvements de musique queer qui m’ont montré que c’était possible d’être libre de faire ce que j’aime, et que  plein de gens comprendraient où je veux en venir !  

© Florian Salabert

Pour ce qui est de Mylène Farmer, j’aime beaucoup sa musique que je découvre un peu plus chaque jour, mais je ne connaissais pas très bien avant que des personnes ne fassent le parallèle avec certaines de mes premières chansons.  

Je pense que son influence a été tellement importante que c’est possible d’être inspirée par sa  musique sans même la connaitre vraiment ! Notamment grâce au grand nombre d’artistes qui ont  été influencé-es par elle depuis longtemps.  

 Certain·es artistes ouvertement queer ont subi des vagues de harcèlement très violentes  ces derniers temps, justement du fait de leur queerness. Est-ce que c’est important  d’assumer voire de revendiquer cette identité ? Pourquoi ?  

Je pense qu’on ne revendique pas une identité, on est, et qu’on soit une femme / queer /  racisé.e / gros.se / handi… on se fait déjà harceler, qu’on prenne la parole ou non. 

Par ailleurs je trouve ça très beau que des artistes notamment queers utilisent leur plateforme  pour prendre la parole par rapport à leur identité, et c’est important parce que ça crée de la  visibilité, et surtout ça permet que des personnes puisse sentir moins seul.es.  J’aurais aimé en tout cas que des artistes que j’aime le fassent quand j’étais petit.e. 

 « Je guette au creux du monde des émotions immortelles » : quelles sont-elles ces  émotions immortelles qui nourrissent ta musique ?  

L’espoir, l’amour, la colère, la tristesse  

 C’est Louise BSX qui produit l’EP, peux-tu nous parler de ta collaboration avec elle ?  

J’ai rencontré Louise par hasard en 2019, on s’est très vite bien entendu.es et comme on habitait  proche l’une de l’autre on s’est vu.es assez souvent.  

Elle jouait dans un groupe à l’époque et j’aimais beaucoup la chanson qu’iels venaient de sortir.  On avait parlé quelque fois de faire de la musique ensemble mais c’est au moment du covid que  l’on a vraiment commencé à travailler sur la prod de mes chansons.  

D’abord « Soleil Sans Amour » puis « Alors je descends plus bas », ok <3, des reprises… et finalement  tout mon ep !  

La plupart du temps j’écris des chansons sur mon ordinateur en faisant des pré-prod, puis une  fois que je les aime bien je vais chez Louise pour qu’elle retravaille dessus et y apporte sa magie ! 

Entre temps elle a commencé à sortir également sa propre musique, que je conseille à chaque  personne que je croise car c’est une des artistes les plus talentueuses que je connaisse ! 

 Et enfin : le remix de « alors je descends plus bas » est un sacré banger : tu nous en  parles ? 

« Alors je descends plus bas » c’est une chanson spéciale pour moi, dans laquelle j’ai mis un peu de  toutes mes ruptures. C’est aussi ma chanson la plus écoutée jusqu’à présent. Quand on travaille sur mes chansons avec Louise, on cherche toujours les bonnes idées qui nous  conviennent à toustes les deux, c’est pour ça que, après avoir passé beaucoup de temps sur  mon ep, je voulais lui proposer de faire un remix, qu’elle puisse faire en toute liberté ce qu’elle  veut de la chanson, et j’adore sa version !!!