Vendredi 18 janvier se tient, à la Tencha(tte), une soirée imaginée dans le cadre d’une campagne de financement participatif pour le long-métrage documentaire réalisé par Isabelle Solas, « Nos corps sont vos champs de bataille ». Le film est une immersion dans la lutte d’un collectif trans en Argentine. La campagne est en ligne sur Ulule depuis le 11 décembre et s’achèvera le 30 janvier.
La Soirée : Conférence de Sam Bourcier et Dj set d’ArtNormes
À partir de 20h30, Sam Bourcier donnera conférence avant de laisser place à une présentation du film par sa réalisatrice et à la diffusion de quelques séquences. Le collectif ArtNormes (qu’on aime d’amour pour toujours) prendra ensuite les commandes des boutons pour vous faire danser et vous dénuder en rythme (ou pas du tout).
Nos corps sont vos champs de bataille
Nos corps sont vos champs de bataille est un projet de long-métrage documentaire porté depuis presque 5 ans par sa réalisatrice, Isabelle Solas.
Voici l’histoire de ce grand projet (extrait de la campagne ulule) :
« Claudia, Violeta et leurs camarades disent d’eux même qu’ils sont travestis, préférant ce terme à celui de transgenre, pour ce qu’il amène de dissident et de flou. Ils vivent en Argentine, le premier pays au monde qui distingue le genre du sexe : la Loi de l’Identité de Genre promulguée en 2012 permet à chacun de choisir son genre sur ses papiers d’identité, indépendamment du sexe biologique.
Malgré cette loi révolutionnaire, la société argentine reste très conservatrice et les corps désobéissants des personnes trans sont sacrifiés à la violence patriarcale. La communauté subit en effet la persistance de discriminations, elle vit sous une menace permanente et compte ses morts toujours plus nombreux.
Tout au long du film, en revendiquant leur présence dans des espaces qui leur tournent le dos, les personnages du film nous proposent d’autres chemins que celui de la norme. D’autres manières de vivre une histoire d’amour, d’autres façons de penser une action collective. En compagnie de ses protagonistes, le film permet d’interroger la différence des sexes comme origine de nos sociétés, de questionner un certain ordre du monde, celui des pénétrants et des pénétrés, des dominants et des dominés.
A travers cette communauté en deuil et ces chemins individuels de lutte, le documentaire dresse le portrait d’un collectif qui ne lâche rien. Forcé de vivre au présent tout en se battant avec passion pour l’avenir, il crée de nouveaux modes de résistance. Tissant de manière très singulière des liens entre le désir intime et le politique, il redessine en permanence nos façons d’interagir à tous.
Nos corps sont vos champs de bataille se construit en ricochets entre les parcours parallèles et complémentaires de deux femmes trans, Violeta et Claudia, qui deviennent progressivement des figures de la communauté trans et travestie.
Violeta a 38 ans et vit dans la banlieue de Buenos Aires, dans la maison où elle a grandi.
Dès l’adolescence, elle commence à s’épanouir en tant que travestie, sans souffrir d’un rejet familial. Étudiante brillante en anthropologie, elle se lance ensuite dans l’activisme, considérant que la réflexion politique commence dans la sphère intime. Aujourd’hui, elle donne aussi des cours à l’université et travaille pour l’État argentin, dans un bureau d’aides sociales.
Violeta écrit, enseigne, et intervient dans des conférences, pour se situer dans le monde, vivre et aimer telle qu’elle est. Un monde qu’elle déstabilise avec douceur, par l’impact de sa pensée et de sa liberté.
Claudia a 43 ans, elle vit à La Plata, à une heure de Buenos Aires. Elle vient du Pérou, qu’elle quitte à l’âge de vingt ans pour étudier le journalisme en Argentine.
En créant l’association Otrans, Claudia s’est mise au service des filles de la rue, celles qui se prostituent, celles qui meurent sous les coups de leurs amants ou de la police. Elle est également professeure de communication, tout en militant au sein du parti péroniste de Cristina Kirchner, l’ancienne présidente qui avait fait passer la Loi de l’Identité de Genre.
Claudia s’est jetée dans la vie publique, portée par une rage mêlée d’enthousiasme. C’est une conquérante qui vit à cent à l’heure et qui intervient de plus en plus souvent dans des manifestations internationales. Tout en continuant inlassablement à protéger ses « compañeras », elle s’apprête à devenir une femme politique influente. Il y a quelques mois, un homme s’est introduit chez elle pour essayer de la tuer.
Face à la mort qui rode, Violeta a peur, alors que Claudia considère que la peur c’est pour les faibles. Leurs caractères sont très lointains, mais convergent dans un désir commun de transformer le monde.
Violeta et Claudia nous feront découvrir d’autres personnages, avec lesquels elles entretiennent des relations quasi filiales. Nous découvrons ainsi tout un groupe, des prostituées trans d’origine indigène, des théoriciennes qui inspirent les philosophes européennes ainsi que des artistes. Toutes sont mêlées dans un mouvement de lutte alliant survie et défi à la norme.
Lohana Berkins