Après Pénis de femme, les DeserTGirlZ débarquent avec leur premier album

Elles nous l’avait assuré lorsqu’on avait discuté de leur morceau phénomène sorti en avril, Pénis de femme n’était que le début pour les DeserTgirlZ. A l’époque, le trio parlait déjà d’un projet d’album déluré et punk, où elles s’imposeraient comme les « Charly’s Angels version meufs trans ». Pari réussi grâce à un excellent album intitulé Le meilleur des deux mondes qui vient mélanger dans un bordel parfait punchlines, interludes gauchistes et morceaux aussi touchants que libérateurs. Friction a donc posé toutes ses questions sur la fabrication d’une telle B.O.M.B.E musicale.

Cela fait huit mois que votre morceau Pénis de femme est sorti. Quoi de neuf depuis ? Vous avez fait vos premières scènes en tant que groupe, c’était comment ? 

Gazoline : Alors depuis on a fini d’enregistrer, de mixer et de masteriser notre premier album LE MEILLEUR DES DEUX MONDES qui sort le 11 décembre. Entretemps on a aussi bossé le live, avec de la mise en scène et des blagues et tout parce qu’en tant que personnes extrêmement anxieuses, ça fait moins peur de tout prévoir à l’avance, et puis on a tourné le clip de la chanson Hélicoptère de combat, qui est sorti au mois de novembre et qui fait son petit buzz tranquillou à notre échelle.

Nanette : Les premiers concerts c’était trop bien, on a préparé pleins de blagues qui grincent, des chorégraphies, du théâtre. Notre premier concert à Lyon il y a eu un pogo avec plein de meufs trans dedans, des gens qui connaissaient par cœur Pénis de Femme … Pfiou, c’était quelque chose !! J’ai que envie : qu’on joue encore et encore.

Diamora : C’était stressant de montrer ce qu’on a préparé depuis presque un an déjà mais les gens étaient trop à fond pendant les concerts, c’est excitant.

Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la façon dont vous avez conçu cet album, vous avez plusieurs chansons et entre, plusieurs instants interprétés par vous. Pourquoi cet équilibre entre les deux, qu’est ce qui vous plaisait là-dedans ? 

Gazoline : Oui en gros y a des interludes entre les morceaux, comme des petites pièces audio, qui servent un peu à contextualiser la chanson suivante et qui racontent la vie des DeserTGirlZ et du monde dans lequel elles vivent.

Nanette : En fait avant la première résidence d’écriture de chansons, on a écouté Stupeflip et ça nous a rappelé quand on avait 14 ans mais aussi ça nous a donné envie le côté “il y a un univers et on fait parler des personnages”. Ça nous a grave aidé dans l’écriture des chansons et pour trouver des ambiances. 

Diamora : Et du coup on a découvert qu’on adorait créer des audio-fictions 

Il y a un sujet que vous aviez déjà évoqué lors de notre précédente interview et qui revient plusieurs fois dans l’album qui est le doomscrolling. C’est quoi votre rapport à Internet et pourquoi c’est autant présent, notamment quant à votre rapport à la transphobie ? 

Gazoline : Notre rapport à internet il est intense, comme tout le monde et sûrement encore plus pour les meufs trans. Entre autres, y a un endroit d’Internet et notamment d’Instagram où des meufs trans font du shitpost intense, c’est à dire faire des memes et des posts en s’autorisant un peu à vider là dedans les parties les plus sombres et éclatées de leurs cerveaux, et souvent ça fait du bien. D’ailleurs y a une track bonus à la fin de l’album qui s’appelle SHITPOST et qui est l’équivalent musical de tout ça. Toutes les blagues qui méritaient pas une chanson complète mais qu’on trouvait assez drôles pour qu’elles existent quelque part.

Diamora : La vie serait si triste sans les comptes de shitpost des meuf trans.

Nanette : J’ai été obsédée par les fafs sur Internet mais je me soigne. C’est un peu une quête de trash comme regarder Jackass. Je crois qu’avant de transitionner j’ai regardé énormément de contenu transphobe sur internet pour être sûûûûûûûûre que je faisais pas une connerie. Mais bon, maintenant je crois que je dissocie moins dans la vie, alors, remater ça toute seule ça me fait plus de mal. Je suis contente de plus être au courant des dernières avancées dans la maison au Texas de Baptiste Marchais, ou du trip à l’ayahuasca de Dora Moutot. Après tout ça, ça me fait grave de bien de sortir Pénis de Femme et Hélicoptère de Combat avec les DTGZ, parce que à chaque fois on a pris les mots des transphobes en faisant des trucs mimis, et qui font du bien à notre commu. Même ça nous fait trop plaisir avec Gazoline de répondre aux transphobes sur Instagram. Quand on est pas toute seule, leur haine paraît un peu ridicule et ça donne envie de leur dire “chaton va toucher de l’herbe, la vraie vie c’est dehors”

Vous avez votre style bien à vous mais vous avez aussi tendance à jongler entre différentes inspirations musicales. On passe d’une gueulante type métal avec J’ATTENDS LA FIN suivi directement de B.O.M.B.E qui a des légers airs de girl group pop (étant donné que je suis une grosse tapette, c’est un de mes morceaux, évidemment). Pourquoi alterner ainsi ? 

Gazoline : Moi je chante j’attends la fin parce que je suis la plus en colère et la plus dépressive du groupe mais en fait figure toi que je suis également une immense tapette c’est pour ça que j’adore aussi faire les backs de B.O.M.B.E. C’est parce qu’on aime tout à la fois.

Diamora : moi je chante “crush” une chanson de loveuse parce que je sais pas trop être autrement, mais heureusement que je peux aussi crier ou danser comme une pétasse sur d’autres tracks.

Nanette : je crois qu’on a envie de tout être, Trans Pédé Gouine, productrice, ingé son, chanteuse, metalleuse, pop star …

CRUSH, c’est le petit moment romantique de l’album qui arrive en plein milieu. Vous pouvez nous parler un peu plus de ce morceau ? 

Nanette : C’est pas parce qu’on hurle sur les gens qu’on a pas aussi le droit d’être des fragiles avec des petits cœurs tous mous.

Diamora : C’est la chanson douceur pour les oreilles de celleux qui tombent amoureu·ses·x tout le temps de pleins de gens ! On se disait d’ailleurs l’autre jour qu’on connaissait pas trop d’autres chansons d’amour comme ça, qui parle d’aimer plusieurs personnes. Mais la chanson parle pas que de tomber vite amoureuse et souvent, mais aussi de pas réussir à rester seule !

Dernière question, si vous étiez en effet un hélicoptère de combat, comment vous pimperiez votre carrosserie ? 

Gazoline : Euh, t’es en train de remettre en doute notre identité là ou quoi ? On est vraiment des hélicoptères, option antifascisme et néons rose fluo.

Nanette : Mon hélicoptère totem il est rose aussi et il tire des emojis UwU et des missiles de 👉👈

Diamora : Oh my god, je vous adore, je monte direct.

Qu’est-ce qu’on doit souhaiter à Gazoline, Diamora et Nanette pour la nouvelle année ? 

La Palestine libre, de la mer au Jourdain.

L’album Le meilleur des deux mondes est sorti le 11 décembre. Filez le streamer !