Arrête avec tes mensonges s’ouvre sur un cri : celui d’une reconnaissance qui est aussi une découverte. L’un des deux personnages principaux, Philippe Besson, croit reconnaître dans la salle Thomas, son amour adolescent, alors qu’il s’agit en réalité du fils de celui-ci. À partir de là se déploie une aventure où cohabitent les époques, les années 80-90 et 2016, et les modes narratifs.
Inspiré du roman de Philippe Besson du même titre, Arrête avec tes mensonges emporte les spectateur·trices dans une autofiction qui interroge les difficultés d’être soi dans certains contextes sociaux et familiaux. Deux histoires se construisent en parallèle, celle de l’auteur qui deviendra écrivain et assumera son homosexualité, et celle de Thomas qui niera l’évidence et vivra une vie de mensonges.
Dans Arrête avec tes mensonges les personnages tentent d’échapper à leur milieu ou à ce qu’ils sont. La pièce pose la nécessaire question de l’affirmation : comment être pleinement soi loin des grandes villes et sans modèles ? Comment se défaire des préjugés ? De l’ignorance ? Dans la lignée de Retour à Reims d’Éribon ou des autofictions d’Édouard Louis, il s’agit ici d’interroger la possibilité de s’extraire d’un déterminisme social qui étouffe l’individu.
Il en ressort une pièce touchante qui, dans ses superpositions, ses va-et-vient entre les époques, ses dialogues et monologues, fait vivre le regard que l’adulte porte sur ses fantasmes et rêves adolescents. Rythmée à la fois par la musique, les jeux de lumière et les vidéos, la pièce nous emporte au coeur des rapports de langue et de corps qui sont autant de rapports de classe. Il en ressort un spectacle émouvant qui questionne notre propre rapport au désir et à l’identité. Poignant.