J’ai eu la chance de faire partie des personnes qui ont testé la nouvelle formule de l’application AT PrEP en avance. Facile à prendre en main, utile grâce à toutes ses options diverses et variées, j’étais ravi de changer de système de rappels pour quelque chose qui me semblait plus proche de mes besoins en tant qu’homme gay, là où les autres applis de santé sont souvent plus généralistes. Pour comprendre un peu mieux le développement d’un tel outil, j’ai eu envie de discuter avec Raphaël Jacquinot, chargé de mission information thérapeutique chez Action Traitements.
Bonjour Raph, comment est née l’application AT PrEP, dans quel but ? Peux-tu nous présenter l’association Actions Traitements, par la même occasion ?
Bonjour Maxime, alors, Actions Traitements est une association de lutte contre le VIH et/ ou co-infections qui a été fondée en 1991. Notre mission est d’informer, accompagner, soutenir et défendre les personnes séropositives dans leur vie quotidienne. Ça passe par des ateliers collectifs, un accompagnement individuel, des outils d’information thérapeutique mais aussi par des actions de plaidoyer auprès des institutions et des actions de prévention.
AT PrEP n’est pas une nouvelle application, elle a été développée en 2017 et elle avait bien marché car c’était un peu la seule application qui existait. Donc c’est une très grosse mise à jour qu’on effectue. L’idée de base c’est d’avoir un outil d’aide pour les prepeurs et prepeuses pour éviter d’oublier leur PrEP. Parce que la PrEP ça fonctionne parfaitement pour se protéger du VIH mais pour ça il faut bien suivre son traitement. En plus du suivi PrEP il y a d’intégré un outil de vérification des interactions médicamenteuses. Le but est vraiment de permettre aux utilisateur·ices d’avoir toutes les informations sur leur traitement et les contre-indications potentielles avec d’autres médicaments. Pour cette refonte de l’application, on a souhaité aller plus loin que juste ces deux fonctionnalités et permettre à chacun·e d’avoir un outil adaptable à sa situation.
Il y a de plus en plus d’applications dédiées à la santé et aux suivis de prises de médicaments, qu’est-ce que ça veut dire pour vous de créer une application de suivi en tant qu’association par rapport à une même app développée par une entreprise ?
L’association a une expertise reconnue dans le domaine, que ce soit par les outils qu’on édite (disponibles gratuitement dans toute la France) ou par les différents projets, webinaires, colloques, tout est construit en lien avec des professionnel·les de santé mais aussi d’autres associations et surtout avec des personnes concernées. C’est primordial pour la véracité scientifique de ce qu’on écrit mais surtout que ça soit cohérent et utile aux personnes concernées. On travaille avant tout pour l’accès à l’information.
En plus de ça, on ne récolte aucune donnée. Tout ce qui va être inscrit dans l’application l’est uniquement dans le téléphone.
En plus du suivi Prep, vous avez ajouté une option pour noter les jours où il y a eu des rapports sexuels mais aussi son humeur du jour, l’application a un léger côté “suivi de santé mentale”. Pourquoi ?
Je ne pense pas que ce soit un côté “santé mentale” mais plus un côté « santé sexuelle ». On a cherché à intégrer des fonctionnalités qui nous paraissent en lien avec la prise de PrEP et la sexualité. Donc forcément on peut y renseigner ses rapports sexuels et ses rendez-vous médicaux pour ne pas oublier de faire ses analyses et de récupérer sa prochaine boite par exemple. Mais il y a aussi des évènements, des humeurs et son cycle menstruel. Chaque suivi est accompagné d’une ligne de commentaire, l’idée est que tout le monde puisse se l’approprier. Pour les humeurs c’est lié au cycle menstruel à la base : pouvoir renseigner comment on se sent et si on a des douleurs en plus d’indiquer ses jours de règles. Pouvoir noter comment on va en plus de tout le reste permet aussi de voir s’il y a des comportements qui découlent directement de nos humeurs.
On ne prodigue aucun conseil par contre c’est un outil propre à chacun. On informe sur ce qu’est la PrEP, les interactions et on renvoie vers d’autres outils, notamment notre ligne d’écoute ou nos infocartes.
Vous êtes également une des rares applications de suivi vraiment dédié à la Prep et qui permet de suivre son cycle menstruel ou qui s’adapte à la diversité des corps, le suivi n’est pas uniquement pensé pour les hommes cis, comme c’est souvent le cas… Peux-tu nous parler de cette approche ?
Oui effectivement ! Dès le début, on voulait qu’AT PrEP soit accessible pour toutes et tous. Aujourd’hui en France la PrEP est surtout connue et utilisée par les HSH principalement cis et les femmes ne représentent que 3% des utilisatrices de PrEP alors que dans le monde les femmes représentent 54% des personnes qui vivent avec le VIH. La condition principale pour avoir accès à la PrEP c’est si on se sent à risque du VIH, que ce soit du fait d’un travail, de pratiques ou du nombre de partenaires et absolument pas du genre. Ça nous semblait évident et même nécessaire de pouvoir parler au plus grand nombre.
L’application AT PrEP est disponible dès aujourd’hui sur Google Play et l’App Store