Un micro-club aux airs de salle des fêtes de Saint-Jean-de-Cuculles (oui oui, ce village existe), des sons hard trance revenus tout droit des 90s (mention spéciale à qui a joué Sanstrom de Darude lors de la dernière édition) et une ambiance de rave de province (dans le meilleur sens du terme) : la ParkingStone est devenue l’une des (petites) soirées incontournables de la fête alternative à Paris. Pour sa cinquième édition, elle revient le 7 octobre à Montreuil avec une programmation prometteuse. Afin d’en savoir plus, j’ai discuté avec Simon Thiébaut aka Drame Nature, à l’origine de l’évènement.
Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?
Après des études aux Beaux-Arts, je suis venu à Paris pour assister l’artiste ORLAN. J’ai multiplié les projets, photographiques entre autre, tout en travaillant au Palais de Tokyo. J’ai découvert la nuit parisienne où l’on m’a rapidement identifié, au même titre que certain(e)s de mes ami(e)s, notamment pour mon apparence transgenre. Aujourd’hui j’organise principalement des soirées, passe de la musique en tant que Drame Nature et suis modèle/acteur-actrice/figurant(e) en fonction de la demande. Pour la suite, j’envisage un fanzine trimestriel autogéré pour début 2017, et l’envie d’un lieu mêlant disciplines artistiques et évènementiel commence à se faire sentir. Je suis actuellement à la recherche d’une résidence afin de prolonger ma démarche plastique, point que je néglige beaucoup trop ces derniers temps. Beaucoup de plans sur la gommette.
Simon Thiébaut aka Drame Nature
Tu faisais partie du collectif Shemale Trouble. Qu’est-ce qui t’a incité à lancer ta propre soirée ?
Comme dit précédemment, je suis une personne de la nuit et sors beaucoup. J’ai lancé ma propre soirée alors que je travaillais déjà en club en tant que physionomiste. L’envie s’est concrétisée car il était pour moi évident de gérer et organiser un nouvel évènement par mes soins qui puisse s’inscrire sur une scène plus contemporaine tout en me permettant de produire des artistes que j’affectionne particulièrement. Que ce soit à l’échelle internationale ou non, concernant le domaine de la performance, du set design, de la musique ou autre. J’ai vraiment voulu lancer cette soirée tout en m’affranchissant de la connotation soirée/djing/club. Il s’agit donc d’un espace plutôt prothéiforme où tout est possible! La Thunderbreak, plus intimiste, est par ailleurs la seconde des deux soirées que je co-organise cette fois avec Laetitia Bech. La 3ème édition verra prochainement le jour. Atmosphère Gotho – Gamer – Campement militaire & Dojo ninjas futuriste – Mad Max post apo warriors – Neon ghetto squad – Nomades tuning. Quelque chose comme ça !
L’esthétique, les looks et les choix musicaux semblent très inspirés des raves des années 90, le tout saupoudré de punk. C’est un choix assumé ?
Je suis originaire du Nord de la France, j’ai grandi avec la fin des années 90. Plus qu’une nostalgie, mes ainés m’ont beaucoup inspiré l’esthétique de cette période aux labels belges florissant. Une rave party de 3000 personnes avait même lieu tous les ans à deux pas de mon village. Je me sens également plus proche de cette époque musicalement parlant (85-00 acide, speedcore /hardcore, techno). Je préfère les squats tenus par des associations devenant plateformes d’expressions diverses, résidences/ateliers d’artistes comme le Wonder, L’Amour, Le Dock, Le Péripate ou Le Collectif 23 plutôt que des clubs-institutions parisiennes pensant lucratif. Punk tout à fait, influence des sous-cultures queer aussi. Il s’agit donc d’un choix totalement assumé et qui regroupe tout ce que j’essaie d’instaurer dans mes soirées. Une tentative de retour à l’essentiel selon moi vers l’âge d’or de la fête et sans système de castes.
Le line up de la prochaine soirée a l’air très prometteur, avec notamment le groupe post-punk La Chatte ainsi que Rebeka Warrior des Sexy Sushi. Il y a d’autres artistes que tu souhaites particulièrement défendre ?
Enormément oui, mais je préfère taire les noms plutôt que de spoiler mes programmations futures ! Je pense plus a définir un nouvel espace de création en plusieurs actes qu’à des artistes musiciens en particulier désormais. Peut-être un évènement au format 24h bientôt, en deux parties. Pourquoi pas s’expatrier parfois aussi… Les futures line ups, quoi qu’il en soit, seront en adéquation/continuité avec les précédentes : Marcel Alcala-artiste/performeur (L.A), Bonnie Banane-chanteuse, Ylva Falk-performeuse/dj, Estrid Lutz & Emile Mold-artistes, Karma She-performeurs (Tel Aviv), Golgotha-designers, Regina Demina-artiste/performeuse, Victor Tricard-dj (Berlin), INDECORUM-dj (Cracovie), Raphael Moreira Gonçalves-artiste etc.
On se retrouve à nouveau au Chinois pour cette 5ème édition. C’est un lieu que tu affectionnes particulièrement ?
Je tenais à soutenir les associations à l’origine d’ouverture de nouveaux lieux. Je me devais de lancer cette soirée dans une structure alternative où on me laisse carte blanche sur toute la ligne aussi. Le Chinois n’est pas ce type d’espace pour lequel j’avais prévu la ParkingStone (initialement installée à la Jarry, à Vincennes) mais il a clairement le mérite d’avoir un staff super, il m’offre un large choix de manoeuvre, un bon soundsystem, des boissons pour le public plus qu’abordables. L’ambiance est toujours très détendue, sans jugement de valeur de qui que ce soit. Le Chinois accueille également I’ve Seen The Future depuis plus de deux ans désormais. Une superbe soirée ! Ou encore l’after vernissage Jeune Creation ayant eu lieu à la Galerie Thaddaeus Ropac Pantin l’année dernière. ParkingStone bougera certainement plus tard, rien n’est définitif. Pour le moment elle se sent très bien à Montreuil.
Tu passeras toi aussi des disques vendredi sous le nom de Drame Nature. Il y a un morceau que tu aimes toujours jouer en soirée ?
Oui, dans mes troubles obsessionnels compulsifs, il y a Outside World de Sunbeam par exemple. Mais promis plus pour la prochaine ParkingStone !
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ParkingStone5, le 7 octobre au Chinois
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Matthieu F. – Twitter : @Matthieufoucher