Cirque Fier.e.s fait son retour au Consulat

Le 6 mai prochain, Cirque Fier.e.s revient au Consulat avec son cabaret « Oh wow ». Cirque Fier.e.s est un collectif LGBTQIA+ voué à la création d’espace safe autour de la pratique des arts du cirque. Nous avons voulu en savoir plus.

Est-ce que vous pouvez présenter votre collectif et son fonctionnement ?

Alexandre : Le Cirque Fier.e.s est un cirque au pluriel, un collectif LGBTQIA+ et féministe intersectionnel créé en 2020 qui réunit des professionnel.le.s et des amateur.ice.s, de mixité de niveaux, de pratiques, de mixité raciales et de classes, de genres, d’identités et de sexualités. Nous ne nous limitons pas à l’aspect purement circassien. Cirque Fier.e.s est une association composée par des membres qui, elleux, représentent une diversité.

Au sein de notre structure, nous mettons tout en œuvre pour créer un espace positif qui corresponde à nos valeurs communes, en échangeant constamment et en construisant ensemble le futur de notre collectif.

Nos missions s’articulent autour de trois piliers :

– Construire un espace safer de pratique du cirque, en mettant en place, autant que faire se peut, des entraînements auto-gérés.

– Donner une voix à toustes, en organisant et en participant à des scènes, petites ou grandes, pour donner la parole et des possibilités d’expression à toustes les artistes.

– Cultiver un espace social pour créer, déconstruire et partager, en questionnant les frontières de la “normalité”, en pensant le cirque avec de nouveaux points de vue.

Que signifie concrètement une pratique inclusive des arts du cirque ?

Merry : Sur les questions LGBTQIA+ et les autres discriminations, le milieu du cirque comme l’ensemble de la société n’est pas complètement renseigné et ouvert à la déconstruction. Quand on est concerné.e par une oppression systémique, il est parfois compliqué de s’y intégrer. Prendre des cours, trouver des espaces pour s’entraîner ou pour créer sont des chemins semés d’embûches. On peut subir des remarques sur notre orientation sexuelle/romantique ou sur notre physique, des violences de tout type et des agressions en tant que personne sexisé.e, du mégenrage, de l’indiscrétion en tant que personnes trans. Bien d’autres manifestations d’oppressions sont présentes dans les lieux où nous venons pour apprendre et expérimenter.

Alors, pour remédier au mieux à cela, lors de nos entraînements nous souhaitons créer un espace dans lequel l’intégrité de chacun.e est respectée et où ces oppressions n’ont pas leur place.

Cela consiste à créer un environnement où chacun.e peut participer, sans distinction d’âge, d’apparence, d’identité, d’expression, d’origine ou de niveau d’aptitude. Cela implique aussi d’essayer de le rendre plus accessible à toustes, quel que soit leur situation de mobilité, de neurodiversité ou de santé mentale. Nous tenons à favoriser un climat de confiance et de respect, prenant en compte et valorisant la diversité des personnes présentes et leur donnant les moyens d’être créatives et de s’exprimer telles qu’elles le souhaitent et non pas de la manière qui serait attendue d’elles. Il est important de créer un environnement physiquement et émotionnellement sécurisant pour toustes les participant.e.s, avec des attentes claires en termes de respect des valeurs, cultures, corps, limites personnelles et du consentement de chacun.e.

Le cirque a aussi cette particularité de la mise en avant très forte du corps des artistes. Avec le plus souvent une imagerie très genrée (le duo par excellence est un couple cis-hétéro dont l’homme grand et musclé porte sa partenaire gracieuse, légère et souple) mais aussi très mince, blanche et valide. Pour notre part, nous pratiquons le cirque en notre nom en tant que personnes queers, sexisé.e.s, racisé.e.s etc. sans envie de rentrer dans ces normes esthétiques binaires qui enferment et réduisent aussi l’imagination et les possibilités spectaculaires.

De la même manière, lors de nos spectacles, du simple fait que nous existons et créons, nous montrons cette facette là des arts du cirque.

Ainsi, toustes celleux qui créent en allant à l’encontre des stéréotypes, des limites imaginaires de la pensée, des carcans de la société, participent à cette pratique inclusive du cirque.

Dans quelle mesure le cirque peut-il renouer avec son histoire queer ? 

Philomène : De la même façon que pour la précédente question, on pourrait résumer cela en disant que : si le milieu circassien se donne les moyens d’être réellement inclusif, non pas pour cocher des cases dans une programmation ou se servir de nos communautés comme faire-valoir, alors ce sera déjà un grand pas en avant. Des lieux existent, ils sont peu nombreux aujourd’hui en France et sont souvent alternatifs et dotés de peu de moyens, ce qui est malheureux.

L’histoire du cirque a notamment abrité celle des freak shows, exhibitions de personnes jugées monstrueuses car ayant des particularités physiques peu communes. Le queer (la bizzarerie) et le freak (le monstrueux) ne sont qu’à un pas. Car il est simple de juger monstrueuxses celleux qui sont différent.e.s. Et si les sauvages et les femmes à barbe du XIXe étaient montré.e.s sans leur consentement ni leur droit de regard aux spectateurs, aujourd’hui une personne racisée, intersexe ou trans peut se réapproprier cette figure du monstrueux et se produire sur scène selon ses propres règles.
Nous sommes d’ailleurs au début de la création d’un spectacle sur les monstres, basé sur cette association qui est souvent faite entre l’identité queer et la monstruosité, sa création est prévue fin 2025. 

Parlez-nous de l’événement qui va avoir lieu au Consulat le 6 mai prochain. En quoi cela va-t-il consister ? 

Dany : Le Cirque Fier.e.s a toujours présenté des spectacles au format cabaret car il permet de montrer au mieux la diversité des personnalités qui composent notre collectif. C’est aussi un format qui nous permet de lever un maximum de barrières à la participation, car les artistes peuvent présenter leurs numéros individuels, avec leurs récits personnels, avec leur technique et niveau de pratique qui leur est propre, et sans devoir mêler leur agenda à celui des autres sur l’entièreté de la création.

On a travaillé d’arrache-pieds fin 2022, avec 8 artistes du collectif et d’autres membres du Cirque Fier.e.s, pour créer un nouveau cabaret nommé “Oh Wow !”. On a trouvé ce titre lors d’un repas toustes ensemble, c’est une sorte d’hommage à un gimmick qu’on utilise beaucoup entre nous. 

Pour ce spectacle, nous avons poussé l’idée du cabaret plus loin en ajoutant des temps de collectif qui viennent rappeler les liens qui nous unissent ensemble. Dans cette même démarche d’unicité, nous avons pour la première fois désigné un.e metteur.euse en piste qui permet d’assurer la cohésion des différents moments du spectacle.

Le Cabaret “Oh Wow!” s’est immédiatement voulu être le spectacle torride du Cirque Fier.e.s. Ainsi, nous avons rapidement dessiné une direction artistique commune aux artistes : la chaleur, le feu.

Cette thématique nous permet de nous réapproprier ensemble, mais aussi chacun.e à sa manière, les codes du sexy. Nous allons faire du sexy, mais à notre façon.

Nous avons organisé une première date le 22 décembre dernier au Consulat Voltaire, et c’était archi-complet, ça nous a fait chaud au coeur !
Face à l’engouement de toutes parts, de nous, du public, du lieu, nous avons décidé de  programmer une reprise.

À l’occasion de cette nouvelle date le 6 mai, on a prévu quelques surprises et des changements par rapport à la première édition, alors on a décidé de nommer ce cabaret “Oh Wow ! RETOUR DE FLAMME”.
Concrètement, c’est un spectacle de 2h avec 8 artistes sur scène, qui exploiteront des agrès et des disciplines différentes. 

Philomène sera notre maîtresse de cérémonie et c’est moi qui me charge de la mise en piste du spectacle.
Alia, également artiste sur le cabaret, fera un DJ set à la fin du spectacle et on prévoit un moment pour notre nouveau concept où le public pourra choisir des musiques sur lesquelles les artistes performeront, en impro totale ! Ça promet de belles surprises ! On a hâte !

Comment est-il possible de vous soutenir ?

Il y a pleins de façons différentes de soutenir Cirque Fier.e.s, d’abord ça peut être en venant nous voir le samedi 6 mai ! On ouvre les portes à 18h et le spectacle commence à 20h, on vous conseille de venir tôt pour avoir une bonne place.

Le lien de l’évènement : https://www.facebook.com/events/566148002163807
Le lien de la billetterie : https://my.weezevent.com/cirque-fieres-1

Plus généralement, vous pouvez simplement nous suivre sur les réseaux, pour qu’on se rencontre sur d’autres dates ou à d’autres occasions.
Notre instagram : https://www.instagram.com/cirquefier.e.s/

Aussi, on reste une petite association et il est difficile de proposer des spectacles qui nous ressemblent sans faire des sacrifices. Alors, pour celleux qui le peuvent, iels peuvent nous faire un don, cet argent permet d’alimenter une cagnotte solidaire, régler nos coûts fixes, proposer des entraînements à un prix libre/abordable, acheter du matériel et peut-être (un jour !) notre propre portique.
Ça se passe ici : https://www.helloasso.com/associations/cirque-fier-e-s/formulaires/2