Clean Your Cup : des stickers pour localiser les espaces « cupsafe »

Chez les meufs, parfois, il y a des vagins, et dans ces vagins, parfois, il y a des coupes menstruelles. Parler de coupe menstruelle, c’est une des activités de Fanny Godebarge, à l’origine de l’initiative Clean Your Cup. Comme on aime autant les fluides corporels que les projets engagés et féministes, nous avons décidé d’en apprendre plus sur Clean Your Cup et de rencontrer Fanny Godebarge, sa créatrice.

La coupe menstruelle : un objet écologique, économique et féministe

Fanny Godebarge milite pour la coupe menstruelle. Elle en porte depuis 4 ans, elle en a vendu pendant un an et demi et c’est comme ça que lui est venue l’idée de créer Clean Your Cup. Tout est né de l’envie de démocratiser la coupe menstruelle. « Dans mon cercle d’ami.e.s proches, il y a une seule de mes amies qui porte la coupe menstruelle, et c’est tout, sur une dizaine de meufs. »

Le premier argument que cite Fanny en faveur de la coupe menstruelle, c’est la dynamique écologique. En effet, militer pour la cup, c’est prendre conscience de ce que représentent les protections périodiques en terme de déchets.

Mais il y a également un enjeu en terme de santé, les tampons sont remplis d’agents chimiques, de parfums etc. qui détériorent la flore vaginale… Au-delà de l’argument économique (puisqu’une coupe menstruelle ne coûte qu’une trentaine d’euros en moyenne) c’est sans doute cette question de la santé qui peut amener certain.e.s à choisir d’utiliser une cup. Comme le dirait Fanny, « il y a plein de meufs qui ont des problèmes de pertes, d’odeurs, de mycoses etc. qui sont liés à l’utilisation des tampons. Avec une cup, on a l’impression d’avoir une santé de chatte quand même meilleure ! »

 Il s’agit aussi de réhabiliter les fluides corporels, de se réapproprier son propre corps. : « Ta chatte, c’est ton corps aussi. Quand tu utilises une cup, tu te retrouves le nez dans tes menstrues et moi, je trouve ça bien. Les règles font partie de la corporalité, il ne faut pas en avoir peur. Les tampons donnent des odeurs etc., avec une cup, ça sent le sang, le fer, les règles, mais ça fait partie du game. » Utiliser une coupe menstruelle, c’est aussi, avoir une meilleure connaissance de son corps : « Derrière, il y a l’idée d’être transparente avec soi-même : tu connais la quantité, la couleur, la texture. C’est aussi un moyen de mieux se connaître. »

En discutant avec Fanny, nous apprenons que la première coupe menstruelle a été commercialisée en 1908 mais qu’elle a assez rapidement disparu… Cette longue disparition de la cup semble un indicateur de plus des enjeux politiques et économiques qui se cachent derrière les menstrues – on pensera par exemple à la fameuse « Taxe Tampon ». On ne peut que se réjouir alors de ce « boum » de la cup. Il existe de plus en plus de marques, des cups de couleurs différentes, signe d’une préoccupation grandissante. Fanny nous apprend d’ailleurs que désormais, il existe même des coupes rétractables !Il y a donc bien un nouveau marché, mais qui reste un marché de niche. On en parle de plus en plus, il y a vraiment une prise de parole et de pouvoir par certaines personnes. La cup n’est pas encore quelque chose de mainstream, mais le discours se répand. Peut-être aussi parce qu’on commence à parler de menstrues plus généralement. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir parler de la cup à tout le monde, aux ados, dans les écoles, la présenter comme une vraie alternative aux serviettes et aux tampons.

Comme lorsque l’on doit prendre de nouvelles habitudes, il y a toujours un petit temps d’adaptation. Et l’objet peut être effrayant aussi. Fanny explique : « Quand j’en vendais, je mettais l’objet dans les mains de mes clientes, c’est un objet finalement assez souple, il en existe de différentes tailles. C’est un peu comme un premier date, t’as une appréhension, et c’est normal. Mais tu peux commencer par la porter en étant chez toi, l’insérer sous la douche… il y a plein de petits trucs pour rendre le passage à la cup moins effrayant. »

Identifier les espaces cupsafe pour démocratiser la coupe menstruelle

L’une des raisons d’être de Clean Your Cup, c’est bien de démocratiser la coupe menstruelle. Pour cela, Fanny a confié l’identité visuelle et graphique à Clémentine Laronze car elle voulait quelque chose de propre, simple, de blanc et rouge. Il en résulte des visuels immédiatement accessibles et compréhensibles, loin de l’image un peu effrayante que pourrait avoir la coupe menstruelle pour certain.e.s.

Clean your cup ? « C’est une plateforme qui référence les espaces cupsafe à travers le monde ». OK. Mais, c’est quoi un espace cupsafe ? « Ce sont tous les endroits publics qui offrent à leurs usagers et usagères un toilette avec un robinet à l’intérieur. C’est-à-dire un endroit où tu peux rincer ta coupe menstruelle pour la réinsérer proprement. »

L’idée, c’est avant tout de créer un projet participatif pour engager qui veut à identifier ces espaces.

Le projet n’implique en rien les ambassadeurs et ambassadrices de Clean Your Cup. « Si tu veux devenir ambassadrice de Clean Your Cup, c’est très simple : tu m’écris, tu m’indiques ton adresse postale et moi je fais une petite enveloppe avec des stickers, ceux que tu peux voir sur Instagram, et si tu te retrouves dans un espace cupsafe, tu stickes, tu peux prendre une photo aussi. Il s’agit d’inviter les personnes à identifier ces lieux. »

Quand elle a lancé le site, début janvier, Fanny était toute seule. Depuis, beaucoup de personnes lui ont écrit pour rejoindre l’aventure et devenir ambassadeur ou ambassadrice de Clean Your Cup. Ainsi, Clean Your Cup ressence des endroits cupsafe à Montréal, Denver, Bogota, Lepizig, Lyon et bien d’autres villes encore. « Je suis hyper émue de cet enthousiasme. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’on me contacte de Denver ou Bogota… Ces gens qui me contactent, je ne les connais ni d’Eve ni d’Adam. » Evidemment, les lieux peuvent aussi contacter Clean Your Cup pour prendre part au projet. Ces toilettes cupsafe sont ensuite référencés sur une carte accessible sur le site internet de Clean Your Cup.

Le but est d’interpeller les gens, en voyant le logo, certain.e.s identifient immédiatement une coupe menstruelle, mais le sticker permet aussi de susciter l’intérêt de personnes qui ne connaîtraient pas la cup. Les gens qui participent aiment aussi l’idée de recevoir des stickers et de pouvoir faire partie d’une aventure collective. Il y a quelque chose de ludique dans la démarche, mais Clean Your Cup permet aussi de libérer la parole sur la cup et plus généralement sur les menstrues. On est « loin du secret de meufs ». La coupe menstruelle se montre dans les toilettes, fière et décomplexée. En véritable ambassadrice de la coupe menstruelle, Fanny a mis de nombreuses informations sur le site de Clean Your Cup et se tient à disposition des utilisatrices qui auraient des questions.

Quand on lui parle du financement, Fanny avoue avoir été surprise par l’engouement suscité par l’intiative. « Je ne sais pas trop comment fonctionner encore. Je n’ai pas envie de demander de l’argent aux personnes qui s’impliquent dans la démarche. Pour l’instant, le projet est entièrement autofinancé. Il n’y a pas de modèle économique pour le moment. Si une marque – de cup éventuellement – voulait s’impliquer et soutenir le projet, il n’y a pas besoin de grand chose pour fonctionner et faire une grosse impression de stickers. Pour faire 300 stickers avec des enveloppes, il n’y a pas besoin d’un énorme financement. » Pourquoi ne pas mettre en place des sponsors, des partenariats, etc. ? Fanny est bien décidée à se pencher sur la question dans les jours qui viennent.

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