Cyclique #2 : La co-gynécologie, ou quand l’autre prend soin de toi

La co-gynécologie : Illustration par Chiliconcacahuete.
Illustration par Chiliconcacahuete.

Comme on les aime d’amour, on a décidé de mettre en place un partenariat avec les meufs de Cyclique / Clean Your Cup. L’objectif : donner toujours plus de visibilité à nos menstruations dans les règles de l’art. Pour ce deuxième Focus Cyclique :  « La co-gynécologie ».

Auteure de l’article : Doc Célio

 

Vendredi 11 mai 2018. Ce matin, ça me gratte, ça me pique, pas de miroir, panique ! « Amour, peux-tu m’ausculter s’il te plait ? J’ai une gêne sur la lèvre intérieure gauche. ». On vous a présenté l’auto-gynécologie et l’importance de s’observer l’intérieur, l’extérieur, sentir, toucher, décrypter… sa vulve et son vagin ! L’histoire raciste et meurtrière derrière la gynécologie moderne est aussi présentée dans cet articleSensible à ces questions depuis un certain temps, je pratique depuis plusieurs mois ce que je n’avais jamais envisagé avant : la co-gynécologie.

En septembre 2017, j’ai croisé maon partenaire en soirée un peu tard et un peu imbibée d’alcool. Iel m’est apparu·e comme une révélation : planté·e là, au milieu d’un salon triste et sale avec pour seul objet, un canapé vert en cuir délavé. Une belle personne danse quasi nu·e devant moi, sans me voir. Je quitte cette soirée sous un soleil résistant et rentre chez moi, avec cette image en tête et le sentiment que je devais lae revoir.

Trois semaines plus tard, le rendez-vous est fixé sur les quais de la Garonne : je prépare un pique-nique et passe chercher une bouteille de blanc sec de la région. Le dîner avalé, on décide d’aller à la « Foire aux plaisirs » (fête foraine locale) et de faire les chaises volantes : celles qui sont hautes et qui donnent la nausée et le vertige. Iel me plait, je le sais. Mais quelque chose me préoccupe bien plus : je me traîne une crise d’herpès génital depuis un mois, assortie de périodes de mycoses et je suis en fin de règles.

Comment expliquer le premier soir, à quelqu’un·e qui vous plait, que vous êtes inquiète car vous avez la vulve rouge et enflée, qui parfois vous démange, parfois vous procure une sensation de brûlure et que surtout, ça ne passe pas ?!

L’herpès génital, HPV2, est une infection sexuellement transmissible (ou IST). Moi j’ai beaucoup de chance : j’ai les deux formes d’herpès : labial et génital. Contrairement à ce que l’on peut croire, ces boutons en forme de chou-fleur suintant ne se déclarent pas forcément sur les parties génitales, mais sur toute la partie basse du corps (des fesses aux chevilles en somme).

Je reprends donc le fil de notre belle rencontre… Nous partons de la fête foraine, je ne peux pas conduire et ne veux surtout pas partir. Je lae vois hésitant·e et finit par me proposer d’aller me coucher chez ellui. Il est 4 heures du matin, nous sommes exténué·e·s. On se couche l’un·e à côté de l’autre, sans bouger, tout habillé·e·s.

Au réveil, les caresses commencent, bienveillantes et douces. Je ne peux me défaire de l’idée de cet herpès, ni de la sensation de brûlure. Je finis par lâcher le morceau. Balbutiante, cherchant mes mots, et n’étant pas vraiment sûre de ce que j’ai. Sa réaction est totalement inattendue : iel saisit le téléphone, active l’option lampe torche et me propose de regarder. J’accepte. Iel passe du temps à observer et s’applique surtout à décrire ce qu’iel voit. C’est à dire absolument tout. Les couleurs d’abord, puis les textures, les matières, les moindres écoulements, petits boutons, ondulations des petites lèvres et les inflammations. Sans jugement aucun, sans dégoût. Iel passe à l’observation intérieur. Au début, je me sens très gênée puis rassurée et comprise.

©Alice Does.

En me rendant chez ma gynéco peu de temps après (une docteure d’une bienveillance incroyable), je me sens plus à même de comprendre et de l’informer sur mes symptômes. Je me sens moins honteuse. Depuis, à chaque épisode d’herpès ou au moindre doute, on fait un diagnostic à deux, toujours avec la lampe torche du téléphone, mais avec une connaissance et des instruments d’auto gynécologie plus poussés : un miroir, un spéculum ou un kit d’auto gynécologie (trouvable en pharmacie).

Je vous encourage tou·te·s à en parler à votre ou vos partenaire(s). Il n’y a ni honte ni gêne à ressentir, prendre confiance en soi passe par l’acceptation et la connaissance de son corps mais aussi par la compréhension par l’autre.

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