Faites l’amour, pas la guerre : « Les Oiseaux du Temps » d’Amal El-Mohtar et Max Gladstone

My, my
The way you write, write
Blows my mind, mind
Way you write

What a brilliant line
Can we spend the night?

(Paroles de Way you write de Michelle Gurevich)

C’est une histoire de mots et d’amour écrite à quatre mains, Les Oiseaux du Temps d’Amal El-Mohtar et Max Gladstone, roman récompensé par les prix Hugo, Locus et Nebula vient de sortir dans sa traduction française.

Rouge et Bleu sont deux combattantes ennemies s’affrontant dans une guerre temporelle ; à chaque nouvelle mission, elles voyagent dans les couches du temps pour modifier, par petites touches, le cours de l’Histoire. Le sens de cette guerre absurde nous échappe, et au fond peu importe car une bataille plus grande se joue : elles devront lutter ensemble pour protéger un amour secret donc dangereux (ou l’inverse). Cet amour naît et s’épanouit au cœur des lettres clandestines qu’elles s’adressent ; celles-ci ne peuvent être lues qu’une seule fois et prennent la forme de feuilles de thé au fond d’une tasse, de stries dans un rondin de bois, ou de graines de sumac, qui révèlent leur contenu et leur saveur une fois croquées par leur destinataire.

« Dis-moi quelque chose de vrai, ou ne me dis rien du tout »

Passés les premiers moments de défiance, Rouge et Bleu s’abandonnent dans le plaisir du jeu de séduction, alors le désir monte et l’attente devient insoutenable. Car une relation épistolaire est aussi affaire de patience, et ça tombe bien car le temps, c’est leur domaine : elles savent prendre le temps, et le tordre aussi. Entre leurs mains, il devient une matière aussi plastique et fluide que la langue qu’elle utilisent pour se livrer l’une à l’autre.

Ce roman se lit comme on lit une lettre de l’être aimé : d’une traite et avec passion, avant de relire des morceaux choisis puis de la replier soigneusement et la ranger dans un tiroir à portée de main pour s’y replonger de temps en temps.

PS : Ne me dites pas que cet article est fleur bleue ou je verrai rouge.

Les Oiseaux du Temps, d’Amal El-Mohtar et Max Gladstone, (traduction : Julien Bétan), Mnémos Editions

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