Je vous l’accorde, moi, prof de lettres et membre historique de la rédac’ de Friction, on ne m’imagine pas trop en train de lever les bras dans une foule compacte au milieu d’un beat trap. Et pourtant… Cette année, je prends la route de Dijon, en Côte-d’Or, pour trois jours de festival. Le Golden Coast s’installe du 5 au 7 septembre, et je n’ai que des bonnes raisons d’y aller .

C’est simple : il faut parfois s’arracher de Paris, de son confort, de ses habitudes, pour aller voir comment ça bouge ailleurs. La culture ne vit pas seulement dans les musées parisiens ni les librairies rive gauche, elle bat aussi au hasard, dans les festivals où le hip hop reprend ses droits.
On le répète souvent, mais il faut le rappeler : le rap est la bande-son de toute une génération. C’est le genre le plus écouté en France, celui qui explose les chiffres de streaming et qui s’exporte au-delà des frontières francophones. Mais plus que des statistiques, c’est une vitalité créative incroyable : chaque semaine, de nouveaux artistes émergent, chaque région a sa scène, chaque collectif invente ses propres codes. Le rap est devenu un terrain d’expérimentation musicale, mais aussi un lieu de narration, d’expression politique et de réinvention esthétique. C’est cette énergie-là, multiple et insaisissable, que Golden Coast veut célébrer.
Une affiche qui fait tourner la tête
Ce qui m’a convaincue, c’est aussi la programmation. Honnêtement, Golden Coast a réuni tous les poids lourds du moment et pas que.
- Le vendredi 5 septembre, on démarre avec SCH, IAM, Jok’Air, Alonzo, Oboy, Franglish, Hamza ou encore Zamdane. De quoi poser l’ambiance directe.
- Le samedi 6, ça enchaîne avec Gims, Gazo, Tayc, Rilès, Rim’K, Oxmo Puccino, Adèle Castillon, Caballero & JeanJass et DJ Kore. Rien que ça.
- Et le dimanche 7, bouquet final : Ninho & Niska, Bigflo & Oli, Vald, Kaaris, La Fouine, Lacrim, Mc Solaar, Ziak, ElGrandeToto… Je ne sais même pas comment je vais trouver l’énergie pour tout suivre.
Ce que j’aime dans cette affiche, c’est qu’elle mélange les générations et les styles : du rap légendaire avec IAM ou Mc Solaar, des patrons du game actuel comme Ninho, Gazo ou SCH, et des artistes qui déplacent les lignes comme Ziak ou ElGrandeToto. Un vrai panorama du hip hop francophone.

Plus qu’un festival
Mais Golden Coast, ce n’est pas juste une série de concerts. C’est tout un univers qui s’installe : les fripes et le vintage à chiner, les strass dentaires pour entamer septembre en brillant, les tattoos temporaires pour marquer le moment sans s’engager, et même des bornes d’arcade pour se défouler entre deux sets.
C’est cette idée de festival-monde qui me plaît : on ne vient pas seulement écouter, on vient vivre. On se laisse traverser par le son, mais aussi par l’énergie de la foule, l’ambiance, les rencontres. Ça dépasse le simple concert.

Pourquoi j’y vais vraiment
Parce qu’il y a une urgence à ne pas se couper de la culture hip hop. Parce que ce n’est pas une sous-culture, mais bien une matrice, une énergie qui irrigue tout le reste : la mode, la danse, la langue, les manières d’être ensemble. Et parce qu’il est grand temps de comprendre que tout ne se passe pas à Paris.
Aller à Dijon en septembre, c’est aussi reconnaître que la création existe partout, qu’elle s’invente loin des circuits saturés de la capitale. C’est se rappeler qu’un festival, c’est un lieu de respiration, un endroit où les frontières tombent, où on ne vient pas pour juger mais pour vibrer ensemble.
On vous embarque avec nous pour vous le festival de l’intérieur. Des chroniques, des impressions à chaud, des coups de cœur (et sûrement quelques coups de fatigue), des rencontres, et peut-être même un petit texte poétique griffonné entre deux concerts. Et si ça paraît paradoxal que l’on couvre ce festival, c’est justement ce paradoxe qui nous intéresse. Ne pas se couper de ce qui bouge. Se laisser surprendre. Être là où ça se vit. Alors rendez-vous à Dijon, début septembre. On se croise là-bas ?
