Have we wet ? Rencontre avec un sacré Brain

Brain magazine, dans tous les kiosques numériques des jeunes loleurs qui se respectent. Maquette sur fond blanc, logo sobre et noir {typo arial #3A3A3A 13px;} pour sujets décalés, foutage de gueule, découvertes musicales, gif animés, reportages chez tes parents et surtout l’incontournable PAGE PUTE. Il parait que ce qu’on y lit ça s’appelle du gonzo, c’est à dire du vrai journalisme ultra-subjectif. Illustration : quel meilleur moyen pour comprendre les alcooliques que d’acheter une caisse de Jack ? Gonzo. Donc.

C’est moche, c’est beau, c’est cool, on s’en fout, on le dit, on rigole, on est Brain. (ceci n’est pas une citation)

A l’origine de cette réussite 2.0 Anaïs Carayon, bouclée, simple et souriante à l’air légèrement cynique. Il parait qu’elle fait partie de la Génération Y, le nouveau concept générationnel qui explique à nos parents pourquoi on est si différents avec tous nos claviers (La génération Y = ces jeunes nés entre 1980 et 1990 qui sont nés avec internet. En savoir plus ici) . Bref, à la une des Inrocks il n’y a pas si longtemps, elle a quand même accepté de nous rencontrer : elle n’a donc pas encore la grosse tête, YYYoupi !

Que penses-tu de la fameuse génération Y ?

Il y a eu cet article dans les Inrocks, oui, après ce bouquin est sorti, je ne l’ai pas lu. Je pense que c’est une théorie un peu fumeuse (elle a l’air désolée) ! Je ne me sens pas vraiment faire partie de la génération Y car je ne suis pas née avec un ordinateur entre les mains… Après effectivement je travaille sur Internet. Ce que j’en pense donc? C’est que ça n’a pas vraiment de sens, ça a permis de parler de Brain, et aux journalistes d’écrire des articles.

Certes, les jeunes nés entre 1980 et 1992 ont en commun internet, c’est vrai. On sait s’en servir comparé à nos parents qui ne savent pas toujours bien comment ça marche… est-ce que ça veut dire quelque chose de plus?

J’ai quand même remarqué que certains jeunes artistes sont plus débrouillards qu’avant grâce au net. Quand j’étais plus jeune j’étais assez amie avec des artistes de la French Touch et beaucoup ne savaient pas se vendre, monétiser leur musique. Ils étaient dans une logique de “faire de la musique pour faire de la musique”. Certains artistes de cette époque, pourtant talentueux, ont disparu de la scène musicale/DJ actuelle. Je pense à Ark par exemple, plus très connu de nos jours.. D’ailleurs, vous connaissez ?

Non (rires honteux)

Après recherches, Ark, c’est lui :

Des artistes comme Brodinski ont pris la suite et très bien compris l’importance de l’image, d’internet, et ils sont assez nombreux.

La génération numérique ce sont des “slasheurs” : tu es DJ mais tu montes ton label, tu sais comment te looker et parler aux gens parce que c’est important. C’est fini le mec qui vient derrière les platines ivre mort joue et s’en va..
Mais bon.. Y..? (ceci est une citation)

 

Sceptique donc. Raconte-nous plutôt une journée de la rédactrice en chef de Brain-Magazine.

(rire) Bon. une journée type.. ok .. Déjà, je me lève de plus en plus tôt. Je suis debout depuis 8h20 ce matin. Je me réveille, je regarde mon smartphone, je consulte mes mails, ensuite je vais sur mon ordi et je mets en ligne le premier article de la journée. Puis je “page-pute” : je fais la tournée des sites habituels. Parfois, la veille, j’ai pu mettre en ligne des pages putes, dans ces cas la c’est génial, moins de pression. Si je n’ai rien trouvé d’excitant je cherche, le but étant de publier deux ou trois pages putes dès le matin.

Je pars au bureau, je corrige des articles, j’ai des rendez-vous, monte des meubles Ikea. Aujourd’hui par exemple j’ai déposé des livres dans le 14ème pour livrer une commande de notre livre “Comment devenir un ninja gratuitement” (extraits par ici) chez L’Arbre à lettres. Mon stagiaire n’aime pas trop prendre le métro donc je le fais moi même.

Bref, j’en ai profité pour déjeuner chez mes parents. L’après-midi, j’enchaine les rdv, aujourd’hui j’ai rencontré Bertrand Burgalat, qui a monté le label Tricatel et qui voulait nous déposer un disque après plusieurs tentatives d’envois ratées par la poste. On s’est dit qu’on s’aimait beaucoup. Ikea est arrivé, nous avons monté des meubles.

Bon programme.. Et ta page pute préférée est?
J’aime bien me moquer des enfants. On avait fait un concours de “mini vieille conne” au début de Toddlers & Tiaras, une émission aux États-Unis qui présente des concours de mini-miss. Ça commence à être un peu connu. A l’époque j’avais découvert ces petites filles déguisées en vieilles dames. Des reines de beautés de 6 ans habillées en costume, je trouve ça monstrueux et en même temps… drôle. J’aime bien les enfants chanteurs aussi.

Faut savoir quand même que ce qui « marche » le plus, qui buzz, ce n’est pas ce qui me fait le plus rire personnellement. Mais je rigole assez souvent avec les pages putes !

Raconte-nous l’histoire de la page-pute

Alors, j’ai une dizaine de sites que je consulte chaque jour, chaque photo que je publie se trouve donc sur d’autres sites. Ce qui est important sur la page pute c’est l’éditorialisation qui l’accompagne. Le titre par exemple est très important.

Exemple “Oh trop mignon le chat!” c’est pas très drôle.

Il fut un temps ou je passais beaucoup de temps sur Doctissimo. Le déclic : les fans de mohairs. J’avais publié un article sur ces fans découverts sur un forum de Doctissimo : des gens habillés tout en mohairs avec des trous pour les “parties”. Il avait eu un grand succès, avait été repris sur Canal, etc.. C’était nous qui avions trouvé ce forum, un peu mon prix Albert Londres (qui récompense chaque année le meilleur « Grand Reporter de la presse écrite ») ! On a créé la Page pute car il nous manquait dans le site un espace pour publier des « conneries ». On l’a appelé “Page pute” pas pour “prostituée” mais pour « salope et racoleuse ». On avait envie de publier ce genre de chose sans qu’elles chassent les autres articles (plus intellos-sérieux).

En parlant de prix et de miss, quel était ton rêve de petite fille ?
Bergère et pompier. Un moment aussi je voulais faire de la trompette !

Tu as beaucoup de souffle ?
Non, j’ai jamais fait de trompette ! En fait, bon, j’ai voulu devenir journaliste en jouant au jeu Destin. Quand je tombais sur journaliste je trouvais ça hyper bien..

Un conseil pour les jeunes blogueurs/journalistes modernes qui décident de se lancer sur la toile ?
Fond sonore “l’important c’est d’aimer” – Hasard complet.

Alors nous on a toujours voulu être une équipe… venez écrire chez Brain c’est une très bonne école ! On propose des piges, je cherche toujours des nouvelles plumes. En plus beaucoup de gens s’en vont car il sont tellement brillants.. alors on recrute !

Sinon, chacun crée des choses à sa façon. Je leur conseille d’être intelligent, drôle, de cultiver un ton particulier! C’est un peu nul et bateau comme réponse, mais la question est un peu difficile.. je ne suis pas assez vieille pour donner des conseils.. si j’avais une rolex encore (rires).

Très, bien, à vos CVs ! Sinon, avez-vous des plans et perspectives de développement chez Brain ?

Toujours ! Déjà on a réussi à faire aboutir deux projets : le livre et l’exposition Cheese au Point Éphémère. En ce moment on travaille sur une version vidéo de Comment devenir un ninja, une boite de production nous a approché. On aimerait donc mener à bien un projet vidéo et aussi faire des choses en dehors de Paris. Éventuellement l’expo photo Cheese ou les soirées qu’on fait au Social.. 50% de notre audience est à Paris, le reste ne l’est pas. Le problème c’est que c’est assez vaste, la province ! Ce qui est sûr c’est que Brain n’est pas qu’un magazine parisien, je suis d’ailleurs l’une des rares parisiennes… Je dis ça parce qu’on nous reproche souvent d’être parisien, ça me fait un peu chier. Nos références sont plus américaines que parisiennes en fait. Bref, 50% de gens nous lisent en province, on aime ça et c’est très important pour moi.

D’autres chiffres ? Combien de collaborateurs par exemple ?

Sur la page contact de Brain on est une trentaine sachant que sur cette page ceux qui sont tout en haut travaillent quotidiennement, comme moi ou Josselin Bordat, Anthony notre chef de pub, Olivier Laude notre DA, ect… des gens qui écrivent plus ou moins régulièrement.

  • le magazine a été créé en 2007.
  • Environ 16.000 fans sur facebook (17.422 exactement lorsque nous publions cet article).
  • Age moyen : les chefs ont un peu plus de 30 ans, le plus jeune, Etienne, à 19 ans. Je n’hésite pas à faire travailler des gens très jeunes, contrairement à certains magazines. Pour certains reportages la bouteille est importante, mais les jeunes ont d’autres talents, pour les interviews par exemple..
  • Heures de travail par jour : 10/11h, sauf quand j’ai la gueule de bois.
  • Nombre de visites par mois : 800.000 visiteurs pour 2,5 millions de pages vues.

Ta formation ?

J’ai une maitrise d’histoire que j’ai faite à NYC. Je suis devenue bilingue grâce à ça (rires), j’ai tenté des concours de journalisme et j’en ai eu à l’écrit mais à l’oral pas du tout. Bref, ensuite j’ai trouvé un job dans un magazine de Rap.

Comment est né Brain-Magazine ?

Il y a eu une existence papier de Brain magazine, créé avec un éditeur. Le magazine s’est arrêté après deux numéros malgré de bonnes ventes. On s’est donc tourné sur internet, sachant que ce n’était pas un média qui nous intéressait plus que ça… déjà qu’en 2012 ce n’est pas très bien considéré.. en 2007 c’était vraiment le média du blog. Un troisième numéro avait déjà été préparé qui n’allait pas être publié, par respect pour les collaborateurs du magazine on a décidé de créer un site. Petit à petit le ton s’est développé, nous sommes des gens qui aimons bien rire, le ton humoristique s’est assez vite imposé, développé au fur et à mesure. on était pas du tout un magazine humoristique au début, juste un magazine genre « cool ».

Cool..? Qu’est ce que ça veut dire selon toi ?

Cool.. chacun était et est le cool ou le pas cool d’un autre. Je dis ça parce que par exemple  on parlait de Diplo avant qu’il soit connu, ou qu’on a interviewé Santigold avant que les gens ne la connaissent. En fait on existait beaucoup grâce à Myspace, par exemple on a pu interviewer Crystal Castles. On s’est créé une certaine cooolitude comme ça, en suivant les groupes. Et puis de très très « musique », on est devenu plus « société », et de plus en plus humoristiques. On a recruté des rédacteurs comme Titiou Lecoq qui m’avait contacté sur Virb, un concurrent de Myspace qui a existé 6 mois… Vous connaissez pas ?

Non. (mince)

Bref, elle m’avait contacté pour me proposer un article sur les “meufs de rocker” suite à un article qu’elle avait lu sur Brain : « meuf de DJ« , qu’elle avait trouvé cool. Elle a par la suite contribué à développer notre ton, puis est devenue une des grandes plumes de Brain. Beaucoup de gens, piliers du magazine, avaient un certain humour, des gens qui savaient écrire mais gardaient un certain recul sur eux même, qui étaient drôles, je trouve. On est juste des gens ouverts qui aiment rire, faire rire et qui écoutent une certaine musique, taxée de cool, underground.. mais je serai ravie qu’on interview Lady Gaga ! On s’intéresse quand même plus à des groupes électro, rap, hip-hop mais qui passent pas forcément sur NRJ. D’où notre étiquette de magazine « branché »… Mais pour moi on ne l’est pas forcément, et ce n’est pas mon but.

Donc, finalement, comment définirais-tu Brain ?

Un magazine inteLOL !

Très bonne réponse ! Future tagline !

Fin.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.