Le label français Her Majesty’s Ship a 5 ans et pour l’occasion organise une jolie fête au Supersonic le 19 avril prochain. Nous tenions à célébrer cet anniversaire en rencontrant Charlotte Decroix. [ITW]
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Friction : Tout d’abord, Her Majesty’s Ship fête cette année ses 5 ans, peux-tu revenir un peu sur la genèse du label ?
Charlotte Decroix : Tout a commencé très simplement, David Shaw avait fini de réaliser son premier album, nous avions besoin de trouver une solution pour le sortir, tout en restant libres de nos choix. Après quelques rendez vous infructueux chez d’autres labels (manque d’expérience sans doute!) on a finalement sauté le pas et décidé de le faire nous même. Mais comme on voulait être pris au sérieux, on a tout de suite monté une vraie société et essayé de reproduire ce qu’on avait pu observer ailleurs. C’est ainsi que nous avons sorti « So It Goes », l’album de David Shaw and The Beat en octobre 2012. Quel stress quand j’y repense! On travaillait H24, mais sans vraiment savoir ce qu’il fallait faire.
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Pour un label français, c’est pas trop compliqué de porter un nom anglophone comme celui-ci ? Vous l’avez choisi, comment ce nom d’ailleurs ?
J’ai tout de suite adoré ce nom, qui était une proposition de David Shaw! C’est un nom qu’il avait donné à l’un de ses nombreux projets, un truc très punk et très anglais évidement (David est de Manchester). Mais au quotidien, je dois avouer que ce n’est pas un choix très facile. Personne ne le comprend / prononce correctement. Heureusement nous pouvons nous rabattre sur les initiales HMS, ce qui nous simplifie la vie.
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On trouve aussi bien de la techno que de la synth wave dans le répertoire de Her Majesty’s Ship… Qu’est-ce qui fait l’unité du label ?
Le côté humain probablement, c’est vraiment primordial pour nous. Les artistes partagent également de nombreuses influences musicales, même s’ils le retranscrivent très différemment : cela va du post punk à la techno, en passant par la new wave ou la pop psychédélique. Alors oui, ça peut avoir l’air brouillon comme ça, mais quand certaines personnes me disent « Ha, ça c’est très HMS! », je me dis que finalement, on a quand même réussi à trouver notre angle, aussi difficile à décrire soit-il.
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Comment est-ce qu’on choisit de signer tel-le ou tel-le artiste ?
Encore une fois, l’humain est déterminant car on passe beaucoup de temps avec les artistes alors mieux vaut avoir un minimum d’atomes crochus. Mais ce n’est pas pour cela qu’on signe des copains, sans quoi la direction artistique perdrait tout son sens. On choisit toujours ensemble avec David même si chacun a ses projets « chouchous ». L’idée c’est aussi que chacun ait sa personnalité, son créneau : si j’ai déjà La Mverte dans le style synth wave super dark par exemple, je vais éviter d’aller chercher un projet trop proche musicalement. Chacun doit trouver sa place.
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C’est comment de travailler pour un label tel que Her Majesty’s Ship ?
C’est passionnant et surtout très prenant. Bien sûr nous avons des périodes plus ou moins chargées (2017 est particulièrement intense), mais même quand c’est plus calme, on est toujours sur le qui-vive pour préparer la suite. C’est notre bébé donc on ne peut jamais totalement décrocher! Au bout de cinq ans, on apprend malgré tout à prendre plus de recul, c’est agréable aussi d’avoir cette expérience. Je me mets beaucoup la pression et je prends beaucoup de risques pour développer les projets, et pourtant j’ai l’impression qu’on n’est jamais assez bon. Parfois je rêve d’un travail qui me permettrait de finir à 17H, mais je sais que je m’ennuierais terriblement.
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Est-ce compliqué d’exister en tant que label indépendant en 2017 ? Est-ce qu’on est condamné à faire dans l’underground ou l’alternatif ?
Tout dépend des objectifs que tu te fixes. Si tu veux innonder les bacs de disques du monde entier, oui c’est compliqué. Si tu « juste » bien faire ton travail, sortir de la belle musique et faire en sorte que tes artistes puissent en vivre, c’est un challenge réaliste. On ne veut pas être underground, on est indépendant parce que c’est notre modèle économique, mais ce n’est pas un choix artistique. Si demain j’ai un single qui passe sur NRJ, je me frotterai les mains!
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Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de vos derniers coups de cœur ?
Franchement c’est la pire question pour moi car je suis toujours en retard sur les nouveautés. En plus je me suis inscrite à la playlist « Discover Weekly » de Spotify pour être dans le coup, et ça me sort David Bowie et Alan Vega! A part ça, j’attends impatiemment l’album de Calypso Valois, j’ai adoré le peu que j’ai entendu. Je suis aussi tombée sous le charme de Ala.ni quand je l’ai vue en live, c’était à tomber. Et pour balancer un scoop, le premier album de DBFC est un bijou, du type diamant 300 carats. Idem pour Yan Wagner mais ça arrive plus tard!
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On peut s’attendre à quoi pour votre soirée d’anniversaire ?
Une belle réunion de famille avec tous les artistes sauf Mijo notre correspondant mexicain préféré. Un showcase exclusif de DBFC en version duo, le tout premier concert de Rubin, mais aussi Paprika Kinski, Yan Wagner, La Mverte, Dombrance et David Shaw! Et pour l’occasion, Tsugi Radio vient au Supersonic pour faire une émission spéciale HMS avec des invités secrets.
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Quelques sons pour nous faire patienter jusque là ?
Rubin – Fils de Joie
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DBFC – Sinner
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HMS 5th Anniversary! Rubin, Paprika Kinski, HMS DJs, Tsugi Radio
Supersonic
18h30-02h
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