J’ai envie de rendre les coups

J’ai envie de rendre les coups.

J’ai envie d’imposer ma grâce de garçon trop sensible dans ta gueule. J’ai envie de voler tes armes et de les manier avec le moindre de mes gestes légers, pour que tu voies que les mouvements de poignets font bien plus mal que les virilités incontrôlées. J’ai envie de rendre les coups.

J’ai envie de taper dans les murs. J’ai envie de mettre ça sur mon alcoolémie, sur mon mal-être de pédale, sur le fait que je suis frustré parce que je baise trop et qu’on m’a appris depuis tout petit à me défendre pour montrer ma supériorité. J’ai envie de glisser un mot qui te décrive comme une insulte au milieu d’une phrase badine et te voir sursauter. J’ai envie que l’ensemble de ma culture soit dans tous les bars et que quand tu passes la porte, tu te sentes comme une erreur. J’ai envie de te dévisager avec dégoût et que tu endures cette question glaçante « Est-ce qu’il me hait sans raison ? ». J’ai envie que ton corps te donne l’impression de ne pas être assez bien, que tu te demandes ce qui ne va pas avec ta voix trop grave, avec tes mouvements patauds et tes vêtements informes. J’ai envie que tu ne parviennes à te sentir bien que dans ton entre-soi et que j’arrive avec un air d’impératrice pour te dire « pousse-toi, fais-moi une place ».

Car il y a des jours où mes regards noirs-roses ne suffisent plus. Où lever le menton face aux conneries brise la nuque. Où empoisonner l’humour gras par des piques imbibées de venin pédé n’apporte pas entière satisfaction. J’ai utilisé tous les maléfices et sortilèges à ma disposition mais j’ai envie de manier l’épée, parfois. Pour voir ce que ça fait, pour que tu voies ce que ça fait.

Car il y a encore des nuits où j’enfonce mes ongles colorés dans mes poches, où je ne me laisse pas emporter par la musique de folle qui hurle dans mes oreilles et dans mon corps. J’ai construit tant d’artifices pour arriver à marcher en zig-zag dans la rue et rire aigu. Mes craintes gueulent comme des défaites et je m’en tiens responsable : « n’aie pas peur de crever, de te faire tabasser, du commentaire désobligeant. Tu mérites mieux que ça, tu mérites d’être bouffie de ta fierté 7 jour sur 7, 24h sur 24. » Mais j’ai peur, j’ai peur de crever, parfois. Et c’est de ta faute, pas la mienne.

Bordel, ce que j’ai envie de rendre les coups. Mais tout autant voire bien davantage, j’ai envie de rendre les caresses à ceux que tu as meurtris.

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