La Lune et les Abysses : « Mon cœur s’est fait envahir par des plantes sauvages… »

La Lune et les Abysses encapsule l’avant, le pendant et l’après d’une relation vouée à l’éphémère entre deux hommes. Premier amour tardif, et émotionnellement déséquilibré entre ces amants, chaque texte se veut être un souvenir, un pansement ou un hommage. 

(c) Zoé Maghamès Peters

Mon cœur s’est fait envahir par des plantes sauvages. Les ronces ont poussé tout autour de mon organe et les épines gênent ses battements. Au moindre mouvement, la membrane saigne, se déchire un instant. Ça forme une couronne ardente, semblable à celle du Christ, brûlée de sang. Mon cœur est endurant mais tout autant que les ronces. Elles poussent vite, s’emmêlent follement. Un chaos impénétrable où ne subsiste que les racines. Je pourrais les retirer, et pourtant je ne fais rien.

Car autour des barbelés ont poussé des fleurs. Des petites, ordinaires. Des grandes à pétales dorées, inarrachables. Des rangées désordonnées comme des maladresses. Des bourgeons comme des sentiments qui naissent. Des belles complexes qui ressemblent à des énigmes de la nature. D’autres éclatantes de simplicité, comme l’évidence de certains mots doux. Un bouquet là où il ne devrait pas y en avoir un ; sauvage, désordonné, coloré. Et mon cœur, comme un vase, délicieusement asséché. Il n’y a jamais de cœur paisible et je donne le mien à dévorer.

Ce poème est illustré par Zoé Maghamès Peters.

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