Le Ladybug festival: des filles connectées près de chez toi?

PETITE CONVERSATION NUMÉRIQUE D’ELISA AVEC LE DOUBLE TERRESTRE DE GEMINI’S TEARS

Ladybug festival : des filles connectées près de chez toi ?
Ladybug festival : des filles connectées près de chez toi ?

Bonjour Julien, Julien Ribeiro. Tu es le concepteur du festival Ladybug, festival européen codirigé par Sophia Djitli et qui se tiendra en France courant 2019. On attend les lieux et les dates avec impatience. On met en lien à la fin de cet article le site qui nous les donnera en temps et en heure.

Alors d’abord la genèse de ce projet, Ladybug c’est quoi ?

Je veux dire tu constates que les femmes sont sous-représentées dans le domaine des arts numériques ok, qu’est-ce qui te pousse à en faire un festival ?

Ah et autre question directe : qui est Gemini et pourquoi Gemini pleure ?

Julien Ribeiro alias Gemini (c) Cortes
Julien Ribeiro alias Gemini (c) Cortes

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Julien —C’est un festival qui me tient à cœur parce que cette création faite par des artistes femmes actuelles invisibilisées a un impact sur le futur de la création ; car les futurEs artistEs ont moins de modèle qu’elles et ils le méritent.

Ahaha Gemini c’est moi et c’est mon double que je cherche sans cesse. C’est pour cela que pour chaque projet, je m’accompagne, d’un curateur, d’artistes, partenaires associéEs, afin d’élaborer ensemble un projet, afin de continuer d’apprendre, de se laisser surprendre. Et oui il pleure mais il déchire aussi (tears apart) il est dans un acte à la fois sensible et actif.

­­—Grüber disait « il faut que le théâtre passe à travers les larmes » qu’est-ce que Gemini, expert en larmes, pense de cette phrase ? Où sont les larmes dans l’art numérique ? Et quelles formes prennent-elles ?

­—Je crois qu’on a effectivement besoin d’expérience sensible collective, notre époque est un terrain fertile pour la colère (et certaines sont plus que justifiées) mais nos expériences doivent viser au vivre ensemble et au commun. Le terme « art numérique » ne représente pas grand-chose à part une famille créée par l’institutionnelle, elle y regroupe des artistes très variéEs. CertainEs ne sont intéresséEs que par projeter de belles formes sur des façades et d’autres, parfois même sans l’usage de technologie, cherchent à comprendre l’impact du numérique sur nos vies, nos affects, nos relations. S’il y a des larmes dans les arts numériques, elles seraient de ce côté-là. Et c’est cela qui m’intéresse.

(c) Lebreton

­—Il y a depuis maintenant quelques années, un courant de pensée qui alarme sur le pillage de nos imaginaires par la pollution visuelle dont nous sommes victimes, Annie Lebrun le théorise avec l’expression du « trop plein de réalité » qui ne laisse aucune place au négatif et à l’ombre pourtant essentielles à la construction de nos imaginaires, le numérique, les écrans véhicules de ce numérique semblent être des outils ‘lumineux’, comment se forme l’ombre sur l’écran ? Comment se passe la conquête de l’Ombre ?

­—C’est évidemment une conquête territoriale mais aussi et surtout une conquête structurelle qui va de l’institution et leurs programmations trop rarement paritaires jusqu’aux outils numériques (réseaux sociaux, wikipédia,…). L’impact du numérique est si fulgurant, si multi-facette qu’il nous laisse comme une biche prise dans les phares d’une voiture. Je reprendrais ici Stiegler, les technologies débarquent si vite que nous n’avons pas le temps de réfléchir à la meilleure manière (pour nous et pour la société dans son ensemble) de nous en emparer. En ce qui concerne les « trop plein de réalité » qui ne laissent pas de place à l’ombre et au négatif c’est une des raisons qui nous a poussées à travailler avec Lucille Calmel sur le technopaganisme.

La sorcière qu’elle soit numérique ou non est une figure indépendante qui ne craint pas l’obscurité, qui n’hésite pas à s’y fondre pour être au plus près des vérités et des savoirs.

Nous avons beaucoup à apprendre d’elle.

Tu as écrit une sorte de charte de ce festival, j’aimerais qu’on termine sur la lecture de celui-ci car plus qu’une mise en contexte, c’est un manifeste en 9 points pour la création :

CONTEXTE

1— Le premier programmeur de l’histoire était une femme : Ada Lovelace.

2—Le rapport Female Pressure pointe la rareté voire l’absence des artistes numériques femmes dans les festivals alors qu’elles n’ont jamais été aussi nombreuses.

3—La part des femmes dans les métiers du numérique n’est que de 30 % en Europe.

4—La première édition de LadyBug en 2014 a initié un débat sur la sous-représentation des artistes femmes dans le secteur des arts numériques qui nécessite constamment d’être réactualisé et approfondi. La promotion continue du travail des artistes numériques et des innovatrices technologiques est un de ses enjeux majeurs.

5—Aucun festival en Europe ne se consacre à cette question pourtant essentielle.

6—La sous-représentation des femmes dans les festivals numériques européens est plus qu’un enjeu d’égalité, il est également un vecteur des stéréotypes de genre, des représentations des métiers et des sentiments de compétence.

7—La sous-représentation des femmes dans les équipes de développement informatique dans les entreprises de technologie a des conséquences contre-productives et s’avère un frein à l’innovation.

8—Promouvoir des regards sur la création numérique d’artistes femmes et sur le travail des innovatrices est un outil indispensable contre les formes d’inégalité de genre en Europe.

9—Il est urgent de débattre sur les questions de la place des femmes dans les arts numériques et dans l’innovation au sein de l’Union européenne.

http://ladybug.geministears.fr/

https://geministears.com/

https://geministears.com/a-lorigine

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