Alors que nous discutions un midi autour d’une soupe aux haricots, nous évoquions les sujets traités par Friction-Magazine avec des amis néophytes hétérosexuels & peu curieux de la chose gay. Des parisiens qui ne se posent pas de questions sur leur orientation sexuelle.
Notre conversation avec Jeanne et Vincent suivit ce chemin :
- « Notre webzine parle de culture, de son, de socio et de queer »
- « De cuir ? »
- « Oui de queer »
- « …. de cuir ? »
- « Oui, comme son T-Shirt » (un t-shirt multicolor…)
- « Ah bon c’est du cuir ?! »
- « Non queer : Q.U.E.E.R… un peu comme la culture LGBTQI*. »
- « …. elle quoi ? »
- « les homos et les lesbiennes »
- « Ah ok… non… queer je connais pas. »
Et oui, ils sont nombreux, ceux qui du queer ne connaissent que le cuir. Si toi aussi, tu ne comprends pas vraiment de quoi il s’agit, voici quelques éléments de réponse (pour les nuls).
Si on s’attache à l’origine du mot en anglais, Queer signifie « étrange » et/ou « peu commun ». Une traduction en français du terme existe (merci Québec) : « allosexuel » …. inutile de dire qu’il est encore moins courant que « Queer »… Bref, étrange, ou malin, les homosexuels revendiquent vite cette nouvelle étiquette.
Nous sommes étranges et peu communs et on aime ça.
Les stygmatiseurs se font entuber, il faudra trouver un autre terme pour les homophobes. Le terme queer se transforme en mouvement sociologique : les études du genre s’invitent à Sciences Po.
Le Queer et le genre
Le queer : il s’agit d’un mouvement subversif dont l’objectif est de reformuler les rapports homme/femme dans la société, non plus en fonction de leur identité masculine ou féminine, mais en fonction de leur volonté et de leurs désirs souverains. L’identité ne serait plus biologique, mais sociale. D’une certaine manière, la théorie Queer prolonge la théorie du Gender. Source : l’Alliance pour un Nouveau Féminisme Européen (ANFE)
« La sexualité mais aussi le genre social (masculin ou féminin) d’un individu n’est pas déterminé exclusivement par son sexe biologique (mâle ou femelle) mais également par tout un environnement socio-culturel et une histoire de vie. » Wikipedia.
Donc : le mouvement queer est un mouvement contre l’étiquetage systématique des sexualités en fonction de notre sexe biologique et pour une liberté des pratiques sexuelles et sociales.
« Mon genre, mon sexe biologique ne définit pas ma sexualité ».
Je suis un homme, une femme et j’aime qui je veux, comme tous les hommes/femmes. J’emmerde les conventions sociales qui veulent qu’un homme ne peut aimer que les femmes, et l’inverse. Je suis pour une libération sexuelle qui va plus loin que celle de 1968. Outre mon sexe biologique, des événements, une éducation particulière peut m’amener à avoir envie de faire l’amour avec quelqu’un quelque soit son sexe.
Mais le queer et le genre, en fait, c’est pareil ? Pour faire simple oui : le queer = les études du genre = gender studies. Les études du genre rentrent d’ailleurs dans les livres scolaires et font débat depuis la rentrée : Faut-il ajouter dans les programmes de nos charmantes têtes blondes des notions bien distinctes de genre social (faire l’amour avec des hommes/des femmes) et biologique (je suis né(e)avec un pénis/un vagin) ?
« Mais en fait, c’est juste un truc chelou d’homos ou de bi(sexuels) et c’est tout ? »
On peut en effet, en tant qu’hétérosexuel affirmé, penser que le queer n’a d’intérêt que pour les homosexuel(le)s, bisexuel(le)s et transsexuel(le)s de tous bords. Mais objectivement, avez-vous vraiment décidé de devenir hétérosexuel(le) ?
Queer et/ou hétéros et/ou bisexuels et/ou homosexuels et/ou transexuels : virez de bord, on vous aime.
* LGBTQI : Lesbiens, Gays, Bis, Trans, Queer, Intersexe.