Les bains douches, club mythique parisien fréquenté entre autres par Coluche, YSL, Ardisson et sur la fin par un certain David G, lieu de velours et de classe qui pourrait s’appeler Carmen de nos jours et dont nos nuits n’entendent plus parler depuis bien longtemps.
Fermé pour cause d’insalubrité en 2010, les bains ont pu vivre un second souffle artistique avant de devenir un hôtel de luxe. Jean-Pierre Marois, propriétaire des lieux, a confié à la Galerie Magda Danysz la commission de cette exposition vraiment hors du commun. Le résultat, 40 street-artistes invités dans 3000 m2 d’un immeuble haussmannien abandonné. Chacun a pris possession des lieux à sa façon pour un résultat grandiose et hors du temps.
Notre visite in situ commence au cinquième étage, dans la partie habitable de l’immeuble, des appartements abandonnés, avec frigo et machines à laver nous attendent, comme si hier encore un gentil couple y prenait une soupe. L’effet est garanti et accentué par le travail des artistes qui ont trouvé dans ces lieux un terrain de jeu propice et original.
Collectif de 13 artistes, 9ème concept a choisi l’un de ces appartements pour une œuvre psychédélique impressionnante.
Au fil des étages, des couloirs et des bureaux, s’égrainent les œuvres, pochoirs, graffitis, installations, peintures, gravures. On est particulièrement impressionné par la sphère en bois de parquet de Sambre, on sourit à la vue des animaux familiers de Mosko, on reconnait le travail collé de Ludo, toujours végétal et original. Au détour des couloirs, on admire les « women from another century » de l’artiste YZ, installées confortablement sur les anciennes cheminées. Ambiance :
Seth, la tête dans les couleurs
Et puis, le club, son hall familier, le restaurant, le danse-floor. Humide et frais, les murs sont usés, l’ambiance est underground (et pour cause), les artistes se sont adaptés. Des graffitis, une fresque gravée dans le plâtre, couleurs et pochoirs. Des œuvres anciennes et oubliées sont retrouvées : deux spaces invaders et une fresque de Futura : les artistes du passé des lieux côtoient les résidents en harmonie. Certains n’ont jamais pu entrer dans la boîte de nuit à l’époque de ces heures de gloire, c’est avec humour qu’ils le signifient aux gravas. « Je crois que ça va pas être possible », et pourtant…
Nasty et le mur de stupéfiants
Un livre sur l’exposition devrait bientôt voir le jour, la galerie éphémère immortalisée sur papier glacé nous fera vite oublier que toutes ces œuvres sont désormais livrées aux pioches et pinceaux d’ouvriers zélés.
Encore plus d’informations sur le site internet du projet :
http://www.lesbains-paris.com/
Toutes les photos qui illustrent cet article sont l’œuvre de Stephane Bisseuil et Jérôme Coton.