L’Etrange Festival revient pour sa 23ème édition du 6 au 17 septembre. Nous avons tenu à poser quelques questions à Alain Burosse, l’un des programmateurs du festival. Rencontre.
Friction : Étrange festival ou festival de l’étrange? Pouvez-nous nous expliquer en quoi l’Étrange Festival est un festival de cinéma à part. Sur quel cinéma ouvre-t-il?
Alain Burosse : On a souvent par le passé considéré que c’était un festival dédié uniquement au cinéma de genre (horreur, films d’action asiatiques, etc.) En réalité c’est un festival trans-genres (sans jeu de mots), ouvert à tous les possibles du cinéma. L’idée phare est de sortir des sentiers rebattus par le rouleau compresseur de l’industrie et du mainstream. On aime les chemins de traverse qui repoussent et dépassent les frontières, mais ça ne nous empêche pas parfois de rejoindre l’autoroute, jusqu’à la prochaine bifurcation qui va nous conduire à la surprise, à la découverte.
Pourquoi avoir placé cette édition sous le signe de la « fraternité » ?
Pour la première fois, le festival rend hommage et s’associe à d’autres collectifs avec lesquels nous partageons les mêmes affinités : le mythique festival catalan de cinéma fantastique de Sitges, qui fête ses 50 ans, l’émission de radio Mauvais Genres, 20 ans déjà sur France Culture, et Bits, le programme en ligne sur Arte.tv, 6 ans seulement (aaah jeunesse…). Par ces temps troublés bollorotrumpesques, l’union fait la force.
Il s’agit d’un festival de cinéma, certes, mais la programmation est également ouverte sur du spectacle vivant par exemple. Pourquoi ce choix d’ouvrir sur d’autres arts?
Festival de cinéma avant tout, certes, mais naturellement ouvert à d’autres formes artistiques : tous les ans nous sommes partenaires d’expositions (cette année avec Arts Factory, qui renvoie à un documentaire sur Anne van der Linden, et avec La Halle Saint Pierre : expo Caro/Jeunet en correspondance avec leur carte blanche au festival). Il y a eu un cinéconcert de Kenneth Anger, qui jouait du thérémine sur ses films, un autre cinéconcert fabuleux de Tuxedomoon sur Pink Narcissus. Et cette année ce sera donc Tom de Pékin, performance et film.
Pouvez-vous nous faire part de quelques coups de cœur? Quels seraient vos « immanquables » pour cette 23e édition?
J’ai adoré 30 years of Adonis, de Scud Cheng, Hong Kong: le sexe, l’amour, la mort, tout ça….avec de beaux garçons asiatiques, ça change! Et puis Fluido, de l’artiste Shu Lea Cheang, film d’anticipation érotique très queer . Et bien sûr Les Garçons sauvages de Mandico, un choc pour moi comme le livre du même nom de William Burroughs. Mais aussi Mise à mort du cerf sacré et la Lune de Jupiter.
Coup de coeur potentiel ? On m’a beaucoup parlé de Kuso, film américain superdestroy, que j’ai hâte de voir Samedi soir après le film de Tom de Pékin.
23 éditions justement, comment parvient-on à rester « étrange » après tant de temps? Quel est le secret d’une telle pérennité?
J’ai suivi toutes les éditions, en particulier au départ les compétitions courts-métrages que Canal + soutenait quand je m’ occupais des programmes courts, c’était au départ dans une petite salle, le Passage du Nord-Ouest. Après avoir été présidente du FFGLP, j’ai intégré l’ association de l’Etrange Festival en 2009. L’équipe de base, réduite, est soudée autour de son délégué général, Frédéric Temps, on se bouffe pas le nez pour des questions de pouvoir, d’égo ou d’argent (eh oui on est bénévoles dans le cadre de l’association), on reste indépendants des pressions et du bling bling, et pendant les 10 jours du festival l’équipe se démultiplie dans un grand maelström collectif à travers ce qui nous rassemble toutes et tous: la passion du cinéma.
Pour plus d’informations et la programmation complète : http://www.etrangefestival.com/2017