Un texte écrit suite à l’Existransinter 2019 et appelant à l’auto-organisation face au corps médical.
Lors de l’Existrans du samedi 19 octobre à Paris, les banques, agences immobilières, centres d’intérim ont été tagués tout le long du parcours, mais, plus inhabituel, les pharmacies, centres d’analyse, centres médicaux ont, aussi, été visés. Nous pouvions lire entre autre « Ni patron, Ni médecin », « Bayer nike tes mort.e.s », « Bayer vend des tumeurs ». Nous souhaitons, ainsi, attaquer la médecine hégémonique telle qu’elle est enseignée et pratiquée en Occident. Nous la refusons dans sa globalité, et pas seulement ses praticien.ne.s majoritairement des mecs cishet blancs bourgeois qui meurtrissent, violentent nos corps pour enrichir le cartel des laboratoires. Nous nous attaquons à la médecine dans son ensemble comme système de contrôle des corps, comme système carcéral nécessaire et inhérent au capitalisme patriarcal.
Les fondements mêmes de la médecine moderne sont douteux. Ils trouvent leurs logiques au coeur du dualisme cartésien, une pensée binaire qui sépare matière inerte et matière pensante. Nos émotions et perceptions sont ainsi considérées comme différenciées du corps qui les émet. Cette vision désincarnée du corps traverse la médecine moderne jusqu’à aujourd’hui et explique la prescription de médicaments efficaces corporellement mais dont les médecins nient les effets psychologiques et psychiques. L’androcur, par exemple, un anti-androgène puissant largement prescrit pour féminiser les meufs trans — mais aussi pour éviter la masculinisation des personnes afab produisant soi disant “trop” de testostérone — a des effets particulièrement néfastes sur le moral des patient.e.s, causant de sévères dépressions, pouvant mener au suicide. Les endoc continuent, s’obstinent à en prescrire car la féminisation est selon eux effectives mais refusent, nient les effets sur l’esprit des patient.e.s. Leur seul but est de maintenir et renforcer la répression patriarcale via son ingénierie techno-scientifique.
Aussi, le rationalisme et l’objectivité deviennent des dogmes, nous imposant une vérité générale partagée par tou.te.s, première négation de l’individu.e et de ses spécificités afin de dessiner de grandes classes et de leur y attribuer des rôles sociaux (reproductifs, productifs, de soumission, de domination, etc…). La création de cette intelligence désincarnée à laquelle accède un petit groupe de connaisseurs, de savants qui ordonnent le monde, et nous ordonnent selon une logique qu’ils ont créée et nommée « science ». Celle appliquée au corps est la médecine, c’est entre autre celle-là que le patriarcat-capitalisme utilise pour nous contrôler, modeler, réprimer.
Nous retrouvons ces pratiques chez les endocrinologues, les psychiatres, les médecins en général qui s’obstinent avec les catégories, prolongeant le système identitaire de l’État. Ainsi, iels analysent nos corps avec des échelles de Tanner (échelle de mesure de la puberté, de la majorité corporelle créée par un mec cis blanc en 1962) pour noter, modeler et donc créer de bons corps valides cis blancs dyadiques selon « le bon ordre des choses naturelles » qui n’est rien d’autre que le produit du fantasme patriarcal. Ou, encore de nous psychiatriser afin de nous faire rentrer dans la catégorie psychophobe des fou.olle.s, et nous exclure socialement.
Les violences et mutilations servent à nous faire rentrer quoi qu’il en coûte dans les catégories de genre, que nous essayons de quitter à tout prix afin d’échapper à un système, au cis-tème. Ainsi, nous sommes re-catégorisé.e.s pour être de bons hommes, de bonnes femmes et ne pas altérer, enrayer le fonctionnement des systèmes de production capitalistes basés et répartis entre ces fictions genrées mutuellement opposées. La SOFECT et ses sbires sont notre MEDEF, elle nous force à correspondre aux rôles et identités du système patriarcal-capitaliste pour que le patronat s’enrichisse sur notre dos, sur notre genre, sur nos transition (dont la direction est dictée). Ainsi, osons parler de grève du genre, car nos transitions sont un travail non-rémunéré de production de données servant le maintien du régime médical actuel, le genre est un travail, le genre est un corpus de pratiques capitalistes, patriarcales que nous refusons, nous ne voulons plus de leurs obligations, de leurs tâches sociales qui nous oppriment. Alors grève générale illimitée, abolition du travail, le genre tombera et le patriarcat-capitaliste avec !
Nous ne voulons plus traiter avec eux comme nous ne traiterons pas avec le patronat, car toute leur logique nous oppresse. Nous voulons notre autonomie totale et complète car nous seul.e.s connaissons nos corps et savons les gérer, ils ne sont en rien au dessus de nous, comme les rentiers nous font croire que nous avons besoin d’eux mais nous avons notre propre savoir qu’ils nient. Organisons-nous, ne leur demandons plus rien, nous en appelons à une entente large, une autonomie trans et meufs, car les un.e.s comme les autres, nous subissons la violence médicale. Auto-organisons-nous, échangeons nos hormones, nos connaissances, attaquons les labos, les médecins, cette flicaille des corps. De la transition à la PMA, nous n’avons pas besoin des médecins, nous avons nos savoirs, nous sommes autosuffisant.e.s en savoir et en ressource.
Brûlons les labos, brûlons les prisons. Autonomie trans et meufs contre leur cis-tème capitaliste, tomberont les usines, tombera le genre.
Des meufs trans démédicalisées.