[NO GENDER] x WARRIOR AMOR À MORT : Rencontre avec Rebeka Warrior et Angel Karel

Le 10 Juin prochain le collectif TFIF Events (THE FUTURE IS FEMALE), et WARRIORECORDS s’allient pour une soirée à l’occasion de la Pride de Lyon, dans un lieu tenu secret pour le moment. À l’occasion de cette [NO GENDER] X WARRIOR AMOR A MORT – PRIDE EDITION nous avons rencontré Rebeka Warrior et Angel Karel. Rencontre.

Est-ce que vous pouvez nous parler de cette collaboration ? Quelle en a été la genèse ? 

RBK : ANGEL et son collectif on d’abord invité Ha Kyoon de la Maison Warrior à venir jouer et il m’en a dit le plus grand bien. 

Ensuite je suis allée jouer à la première no gender XXL. J’étais avec mes ami.e.s Vimala Pons et Loup Gangloff de Danse Musique Rhône Alpes, tous les 2 aussi sur la Maison Warrior … (je fais de la réclame) et nous avons tous été « emballé.e.s » !!! 

Nous avons tout de suite acheté des harnais, des laisses et nous avons été nous balader dans  tous les recoins. J’ai adoré mixer pour cette soirée. Je retrouvais un peu des soirées Berlinoises ou Mexicaines ! Ahahaha on était partout sauf en France. Suite à ça nous avons eu envie de poursuivre notre collaboration et voir même d’aller plus loin en co-organisant une soirée. 

ANGEL : J’ai croisé Rebeka dans l’espace lors d’un décollage explosif de la fusée Warrior en direction de la planète féministe et queer : LIBERTE. Depuis, nous sommes en apesanteur, communiant sur nos valeurs et convictions communes avec un regard critique et constructif de la société actuelle, contestable en raison des discriminations et violences qui en résultent. Toutes deux, nous avons imaginé des soirées OVNI pour s’extirper des normes, casser les codes et rassembler les amoureux.ses militant.e.s de la vie, de la danse et de la musique. Une genèse sublimée par l’imaginaire mais d’une profonde vérité à mon sens. Je suivais les aventures de son collectif Warrior Records et j’ai invité Ha Kyoon, membre actif du label pour une [SCUM], un concept techno punk inspiré de l’ouvrage de Valérie Solanas. De cet incroyable rencontre, la team m’a proposé de produire un podcast sur leur label. J’avais l’envie de l’inviter sur Lyon et lorsque nous avons eu les clefs pour la première fois d’une belle salle de concert de 1800 personne, je n’ai pas hésité à parler de Rebeka à David (prog du Transbordeur) qui a lui-même affirmer la cohérence artistique de nos univers. Nous nous sommes rencontrées dans une salle de concert, là où les prémisses de cette aventure humaine à commencer à s’écrire, avec une première NG XXL astronomique et une date aux Subsistances à Lyon avec Amor A Mort qui a soudé nos collectifs. Il fallait sortir tout ce plaisir, la matière de cette centrifugeuse artistique qui n’a de sens que de le partager ensemble avec le public.

Angel Karel © Fabrice Catérini

La soirée [NO GENDER] x WARRIOR AMOR À MORT met en avant la liberté et la tolérance de l’univers underground. Pourquoi est-ce important ? 

RBK : On va pas se laisser contaminer par la morosité et les horreurs dans le monde !!! Il faut des soupapes, de l’espoir, de la beauté, de la liberté ! Il faut respirer, vivre et danser ensemble afin de ré créer de la cohésion et du partage. On ne peut pas se laisser abattre et renoncer à l’art, la musique, la poésie. C’est une philosophie de vie. 

ANGEL : Nous vivons dans une société en perpétuel mouvement, très codifiée et stéréotypée, souvent injustes et parfois individualistes qui questionnent sur le rapport à soi et à l’autre ou de son expressivité. J’aime à croire que la tolérance est un facteur vital d’interaction et d’intégration qui permet de faire cohabiter toute la diversité sans haine et sans jugement. Nos soirées sont une utopie d’un monde meilleur sans aucunes contraintes liées aux genres, à la sexualité. Par la musique, chacun.e devient un corps qui chantent son intime dénué de son identité sociale et sa charge mentale quotidienne pour fêter l’espace d’un instant une liberté communautaire

Que représente la Pride pour vous et vos collectifs respectifs ? Pensez-vous que la dimension festive de l’événement est indissociable de son côté revendicatif ? Et si oui, pour quelles raisons ? 

RBK : Il y a encore beaucoup à faire en terme de visibilité, de sécurité, d’égalité pour les lesbiennes, les pd, les trans … notre communauté est régulièrement prise pour cible, c’est pourquoi il est important de nous rassembler régulièrement pour défendre nos droits et pour fédérer grâce à la fête 🙂  Le meilleur moyen de créer de la mixité reste de se rencontrer, danser, rire ensemble, dialoguer, c’est toujours mieux que de s’envoyer des casseroles à la gueule. 

Rebeka Warrior ©Nadine Fraczkowski

ANGEL : La Pride est un arc-en-ciel vivant, joyeux et festif où chacun.e sort dans la rue pour défiler fièrement ensemble et célébrer les différences, richesse de notre société. Elle représente un devoir de mémoire d’un combat de plus de 50 ans mené par des femmes, des hommes et personnes de la communauté LGBTQIA+ qui voulaient faire valoir leurs droits. Elle honore les discriminations passées et du chemin encore à parcourir pour les éradiquer. Malgré quelques avancées obtenues pour les droits des personnes LGBTQIA+ et d’une certaine « intégration/acceptation » les chiffres de la stigmatisation parlent d’eux-mêmes. Les agressions sont en augmentation à l’encontre de notre communauté, certaine provoquer par la banalisation d’une parole haineuse dans l’espace public quotidienne. Je suis admirative des personnes trans qui surmontent la multiplicité des difficultés pour leur combat. La fête est depuis la nuit des temps un acte militant pour briser les barrières sociales et éthiques, comme la techno underground qui fut à ces prémisses le symbole emblématique de la défense des minorités. Il était bien plus simple de se retrouver dans la société de nuit : danser pour se libérer des règles sociétales le temps d’une lune pour au final oublier les problèmes survenant le jour. La fête est pour nous un acte politique.

Vos deux collectifs interrogent les notions de genre. Est-ce que vous pouvez m’en dire plus ?

RBK : On ne les interroge plus ! On les accepte. Vive les notions. 

ANGEL : C’est le cœur de notre univers ! Nous nous retrouvons dans la musique mais aussi dans nos convictions humaines où la violence, les discrimination, le racisme ou tout autre jugement de valeurs qui attribueraient un avantages ou soumission quelconque, n’a pas sa place dans notre société et encore moins dans nos soirées. Nous défendons l’HUMAIN dans toute sa diversité. La valeur d’une personne et de sa liberté ne se résume pas sur le genre que chacun.e s’attribue, ni sur sa sexualité. Nous défendons une société où nous sommes tous.tes égaux/égales.

Dans quelle mesure la musique peut-elle être un vecteur pour casser les codes sociaux ? 

RBK : La musique est un vecteur pour casser les codes mais l’art en général en est un aussi, la mode, la littérature, la sculpture, le cinéma, les performances, … tout ce qui permet aux humains de partager des feelings, des idées ou simplement de se rouler des pelles. Casser les codes c’est ouvrir ces Chakras et embrasser le Cosmos. 

ANGEL : La musique est universelle, la musique rassemble, c’est notre mouvement sonore techno punk. Elle influence et remodèle la société.

TFIF se définit comme un collectif Techno Queer Punk. Est-ce que, Rebeka, ce sont des qualificatifs dans lesquels tu te reconnais ? 

RBK : Il faut toujours se ranger dans une case alors pourquoi pas celle ci.  Mais nous aimons aussi beaucoup la coldwave, l’EBM, le gabber, la musique expérimentale, la mélancolie, les lettres d’amour, regarder la lune, humer la nature, lécher du plâtre et s’envoyer en l’air.

[NO GENDER] x WARRIOR AMOR À MORT : Lyon, 10 juin 2023

Billetterie : ici